SOMMAIRE :
Actualité : L'année 2012 en Afrique
Dossier : Les Etats-Unis et l'Afrique
- La nouvelle politique africaine des Etats-Unis
- L'AGOA et ses limites
- La fragilité des partenaires privilégiés
- La politique militaire des Etats-Unis en Afrique
Repentance européenne : La révolte des Mau-Mau
Editorial de Bernard Lugan : Mali, le dessous des cartes
Compte tenu de l’état de l’armée malienne et des difficultés rencontrées dans la constitution du contingent promis par la Cedeao, la reconquête du nord Mali ne semble pas pouvoir être programmée avant la fin de la prochaine saison des pluies, donc pas avant les mois de septembre-octobre 2013. D’ici là, les formateurs étrangers, notamment français, auront la lourde tâche de créer en quelques mois une force de 2600 combattants maliens.
En attendant, les négociations qui vont bon train et qui se déroulent en coulisses à Ouagadougou sont peut-être en passe de rebattre les cartes.
Ces pourparlers qui se font à deux niveaux concernent d’une part les Touareg du MNLA et ceux d’Ansar Eddine, d’autre part ces deux mouvements et les « autorités » de Bamako avec pour objectif d’isoler les islamistes.
Les signes de l’évolution du dossier sont de plus en plus nets.
Le 16 novembre 2012, les autorités burkinabe déclarèrent ainsi que le MNLA et Ansar Eddine étaient disposés à négocier avec Bamako. Certains responsables d’Ansar Eddine allèrent alors jusqu’à affirmer qu’ils se joindront à l’entreprise qui visera à libérer le nord du Mali des « groupes étrangers » - lire islamistes -, qui l’occupent.
En retour, le 18 novembre, les autorités maliennes, par la voix du Premier ministre Modibo Diarra répondirent favorablement à cette ouverture en soulignant que le MNLA et Ansar Eddine étant composés de Maliens, rien n’interdisait donc de négocier avec eux.
Parallèlement la reprise du dialogue entre les factions Touareg et Bamako, le rapprochement inter-Touareg est engagé.
Ses trois principales composantes sont :
1) Le MNLA qui n’a plus de position hégémonique depuis qu’il a été écrasé par les islamistes.
2) Ansar Eddine dont le chef, l'Ifora Iyad Ag Ghali n’a jamais véritablement coupé les ponts avec les autres Touareg et qui a, semble t-il, réussi à ramener à lui la plupart de ceux qui avaient rejoint Aqmi. Son jeu est complexe car après s’être aligné sur les positions extrémistes des fondamentalistes islamistes, aujourd’hui, il est prêt à leur faire la guerre.
3) Les forces du colonel Ag Gamou, un Imghad replié au Niger et qui pense pouvoir engerber des combattants issus des diverses populations du nord Mali comme les Songhay, les Peul, les Arabes et certains touareg. Le colonel Ag Gamou est soutenu par l’Algérie.
De leur côté, les islamistes n’ignorent pas qu’ils risquent de devoir combattre sur plusieurs fronts à la fois. Comme ils n’ont jamais fait du Mali leur objectif prioritaire, lorsque le danger se précisera, ils abandonneront donc leurs positions de Tombouctou et de Gao pour se diluer dans le désert afin de se porter sur le sud de la Libye. Les conditions régionales y sont idéales pour la constitution d’un « Sahélistan » aux confins du Tchad et du Darfour, cependant qu’un continuum fondamentaliste pourra être établi avec les islamistes de Boko Haram du nord Nigeria.