vendredi 1 décembre 2023

L'Afrique Réelle N° 168 - Décembre 2023

Sommaire

Analyse
Aux sources du « Mal algérien »
Dossier : Réflexions sur la question sahélienne
- Les Touareg vont-ils disparaître ?
- Mali : la cécité des décideurs français
- Ne pas oublier le « jihad business »
Histoire
Heia Safari : la Première guerre mondiale en Afrique orientale


Editorial de Bernard Lugan

La question du Sahel s’observe à travers la fragilité de ses Etats, l’action du jihadisme et l’omniprésence de la criminalité. Faute d’avoir inscrit ce constat d’aujourd’hui dans la longue histoire régionale, les décideurs politiques  occidentaux ont additionné les erreurs d’analyse.

Les clés de compréhension de la problématique sahélienne peuvent être  articulées autour de dix grandes questions :

1) Espace de contact et de transition, mais également rift racial entre l'Afrique « blanche » et l'Afrique « noire », le Sahel met en relation la civilisation méridionale des greniers ou Bilad el-Sudan (pays des Noirs), et celle du nomadisme septentrional, le Bilad el-Beidan (le pays des Blancs). 

2) Milieu naturellement ouvert, le Sahel est aujourd’hui cloisonné par des frontières artificielles, véritables pièges à peuples, dont le tracé ne tient pas compte des grandes zones de transhumance autour desquelles s’est écrite  son  histoire.

3) Les immensités sahéliennes sont le domaine du temps long dans lesquelles l’affirmation d’une constante islamique radicale est d’abord l’alibi de l’expansionnisme de certains peuples (Berbères almoravides au XIe siècle, Peul aux XVIIIe et XIXe siècles). 

4) A partir du Xe siècle, et durant plus d’un demi-millénaire, du fleuve Sénégal au lac Tchad, se succédèrent royaumes et empires (Ghana, Mali et Songhay), qui contrôlaient les voies méridionales d’un commerce transsaharien. Sur ces grands axes s’articulent les trafics d’aujourd’hui.

5) A partir du XVIIe siècle, les populations sédentaires furent  prises dans la  tenaille prédatrice des Touareg au nord et des Peul au sud.

6) A la fin du XIXe siècle, la conquête coloniale bloqua l’expansion de ces entités nomades et offrit la paix aux sédentaires. 

7) La colonisation libéra certes les sudistes de la prédation nordiste, mais, en même temps, elle rassembla razzieurs et razziés dans les limites administratives de l'AOF (Afrique occidentale française). 

8) Avec les indépendances, les délimitations administratives internes à l’AOF devinrent des frontières d'Etats à l'intérieur desquelles, comme ils sont les plus nombreux, les sudistes l’emportent sur les nordistes selon les lois de l’ethno-mathématique électorale.

9) La conséquence de cette situation fut qu’au Mali, au Niger et au Tchad, dès la décennie 1960, les Touareg et les Toubou qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. 

10) Dans tout le Sahel, prospérèrent ensuite les trafiquants. Puis, à partir des années 2000, les islamo-jihadistes s’immiscèrent avec opportunisme dans le jeu politique local, y provoquant la surinfection de la plaie ethno-raciale ouverte depuis la nuit des temps. Cette dernière est d’autant plus difficile à refermer que la région est une terre à prendre en raison de ses matières premières et de son rôle de plaque tournante de nombreux trafics. Avec, en arrière-plan, la suicidaire explosion démographique.

lundi 20 novembre 2023

dimanche 12 novembre 2023

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Nos bureaux seront fermés à partir du 18 décembre. Aucune commande ne sera donc envoyée après cette date.

mercredi 1 novembre 2023

L'Afrique Réelle N°167 - Novembre 2023

Sommaire

Actualité
Soudan : genèse de la guerre civile
Dossier
Pourquoi l’Afrique rejette-t-elle la démocratie ?
Histoire
- Quand l’Algérie était une colonie ottomane
- L’ Egypte et ses « Neuf arcs »


Editorial de Bernard Lugan

Pourquoi l’Afrique francophone rejette la démocratie
 
L’Afrique francophone rejette la démocratie car elle ne lui a apporté ni développement économique, ni stabilité politique et encore moins sécurité. 

Rappel : en juin 1990, lors de la Conférence franco-africaine de La Baule, François Mitterrand conditionna l’aide de la France à l’introduction du multipartisme. Résultat, toute l’Afrique francophone connut une cascade de crises et de guerres, le multipartisme y exacerbant l’ethnisme et le tribalisme jusque-là canalisés dans le parti unique. 

Ce fut alors le triomphe de l’ethno-mathématique électorale, les ethnies les plus nombreuses l’emportant dans les urnes sur les moins nombreuses. D’où une déstabilisation générale.
 
Comment avait-on pu croire qu’il était possible de transposer la démocratie parlementaire en Afrique alors que l’idée de Nation n’y est pas la même qu’en Europe ? Dans un cas l’ordre social repose en effet sur des individus, dans l’autre, sur des groupes. 

Si la démocratie électorale a échoué à régler les conflits africains, c’est bien en raison de l’inadéquation entre des réalités socio-politiques communautaires enracinées et un système politique importé à base individualiste. 
 
Plus encore, et nous sommes là en présence d’un tragique paradoxe puisque, à l’issue de certaines de ces guerres, les principes démocratiques au nom desquels elles furent déclenchées, se retrouvèrent bafoués. 
 
Le diktat démocratique ayant donc largement échoué, voilà pourquoi certains pays comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Tchad, la Centrafrique ou encore le Niger se tournent désormais vers des pouvoirs autoritaires, régulièrement militaires. Ils abandonnent ainsi l’impératif de la « bonne gouvernance » tout en cherchant des modèles et des soutiens ailleurs que parmi les démocraties occidentales. Nous assistons donc là, à la fois à la fin d’un cycle et à un changement de paradigme. 
 
Un grand basculement est donc en cours en Afrique. Face à lui, les dirigeants européens, mais surtout français ont le choix entre deux options :
 
- Soit ne pas dévier de la ligne idéologique officielle et continuer à camper sur le préalable démocratique, ce qui relèverait d’une forme d’autisme politique et serait perçu en Afrique comme un véritable impérialisme idéologique.
 
- Soit prendre en compte avec réalisme les nouvelles orientations et aspirations du continent, ce qui passe par la fin de leur prétention à l’universalisme démocratique et sociétal.

vendredi 27 octobre 2023

dimanche 15 octobre 2023

lundi 2 octobre 2023

L'Afrique Réelle n°166 - Octobre 2023

Sommaire

Actualité
- Propositions pour une nouvelle politique africaine de la France
- Maroc : Tinmel rayée de la carte 
Dossier : Gabon
- Aux origines du Gabon
- Le Gabon indépendant
- La fin du clan Bongo ?
- Les Fang du Gabon
- Le Gabon et l’après pétrole
- La forêt au Gabon

Editorial de Bernard Lugan

La nouvelle politique africaine de la France devra passer par la prise en compte de trois réalités :

1) Les problèmes de l’Afrique sont démographiques, climatiques, économiques et ethno-politiques. La France n’est pas en mesure de les régler.

2) La lutte contre le terrorisme en Europe ne se livre pas au Sahel car les groupes terroristes sont étroitement sahélo-centrés et aucun attentat en France n’a été commis par eux. Quant à l’immigration, comme il est illusoire de penser qu’il est possible de la traiter dans des intérieurs africains en totale anarchie, c’est en Méditerranée qu’il faudra agir, et très vigoureusement.

3) L’Afrique ne compte pas pour l’économie française : moins de 5% du commerce extérieur français dont la moitié avec le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. L’Afrique sud saharienne n’est pas un réservoir de matières premières pour la France car, dans sa totalité elle représente à peine 1,5% de toutes ces importations, pétrole, gaz, fer, uranium etc., compris. 
Quant à la zone CFA elle représente 0,79% de tout le commerce extérieur français. 

Pour la France, aujourd’hui comme hier durant la période coloniale (voir mon livre Pour répondre aux décoloniaux et aux terroristes de la repentance, l’Afrique n’est donc ni un débouché, ni un fournisseur « significatif ». Elle n’y a donc pas d’intérêts économiques nationaux à y défendre.

Ceci étant quatre grandes orientations devront être données à la nouvelle politique française :

1) Abandon de notre prétention à l’universalisme démocratique et sociétal. En effet, trois décennies après l’injonction faite à l’Afrique par François Mitterrand lors de son « discours de La Baule » le 20 juin 1990, la démocratie qu’il postulait être le remède aux maux du continent n’y a apporté ni développement économique, ni stabilité politique, et encore moins sécurité.

2) Comment imaginer pouvoir « développer » un continent qui, dans les années 2050 aura une population comprise entre 2 et 3 milliards d’individus (dont 90% au sud du Sahara), puis de plus de 4 milliards en 2100, soit 1/3 de la population mondiale ?

3) Ouverture de nouveaux partenariats avec les pays africains anglophones, là où nos relations ne sont pas « polluées » par la « culpabilisation » coloniale.

4) Abandon du Sahel et des zones africaines enclavées. En revanche, établissement ou renforcement de très sérieux et très solides partenariats avec l’Afrique du Nord et l’Afrique sud saharienne littorale.

En définitive, renouer avec la tradition maritime du XVIIIe siècle, en faisant des littoraux nos bases d’action et en laissant à ceux qui ne se sont pas encore « brûlé les ailes », la découverte des « subtilités » des intérieurs du « Continent mystérieux »…

mardi 26 septembre 2023

Au Niger, Monsieur le Président de la République, ce n’est pas Trafalgar, mais Fachoda plus la Bérézina. Une fois encore bravo à ceux qui vous conseillent !!!

Je dois  reconnaître une erreur. Dans mon communiqué en date du 15 août  dernier concernant le fiasco  de l’Elysée au Niger, j’écrivais « aujourd’hui Trafalgar, demain Fachoda ». La réalité est autre puisqu’il s’agit en réalité de « Fachoda plus Bérézina ».

Fachoda en  effet car nos très bons alliés et fidèles amis séculaires Etats-Uniens se sont une fois de plus totalement désolidarisés de la France. Et, comme toujours en pareil cas avec nos fiables et indéfectibles partenaires anglo-saxons, ces derniers ont « joué perso ». Ils ont ainsi négocié dans le dos de Paris avec la junte nigérienne afin de pouvoir conserver leur base d’Agadès !!! Résultat, nous partons sous les crachats, mais  eux restent avec leurs dollars !!!

Bérézina également car l’arrogance, la suffisance, la naïveté et d’abord l’incompétence des danseurs à claquettes qui conseillent l’Elysée, ont placé le contingent français du Niger dans une telle situation que le désengagement va automatiquement prendre la forme d’une retraite. Or, le Niger étant un pays enclavé, deux options sont possibles qui s’apparentent effectivement à une nouvelle Bérézina… mais sans le corps des Pontonniers… :

1) Vers le Tchad. Cela impliquerait de longs et lourds convois progressant à travers tout le Niger sous les attaques de civils poussés sur nos convois afin d’obliger nos forces à ouvrir le feu avec toutes les conséquences médiatiques que l’on peut imaginer…A moins naturellement de verser à la junte une très forte rançon…Sans compter que le Tchad est un cul-de-sac où, de plus, se posent les mêmes  problèmes de fond qu’au Niger et au Mali…et alors, quand ce pays explosera, car il va finir par exploser, par où évacuer nos forces ? La lecture d’une carte est à ce sujet instructive…

2) Vers le Bénin et la mer. Fort heureusement, le Bénin a, avec le Niger une frontière de 266 kilomètres à une distance relativement courte de nos bases de la région de Niamey. Mais, encore, faudrait-il que Cotonou accepte le transit, ce qui sera probablement le cas moyennant une fois encore « espèces sonnantes et trébuchantes », ainsi qu’avantages divers…

Dans tous les cas, le prestige de la France n’existant plus, il va donc falloir penser à redéfinir une politique africaine, question qui constituera d’ailleurs le  dossier principal du numéro du mois d’octobre de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er octobre.

Mais, d’ores et déjà, le réel impose que nos futures orientations stratégiques en Afrique passent par un dégagement du Sahel où il n’y a que des coups à prendre - et où la France n’a pas d’intérêts comme cela est démontré toujours dans le même numéro d’octobre de l’Afrique Réelle-, et par un retour à la tradition maritime du XVIIIe siècle, c’est-à-dire en faisant des littoraux nos bases d’action.
Et surtout, en laissant à ceux qui ne s’y sont pas encore « brûlé les ailes », la découverte des subtilités politiques, économiques, ethniques et démographiques des intérieurs d’un continent que Stanley qualifiait de « mystérieux »…