jeudi 12 septembre 2024

Algérie : le Hirak silencieux

En Algérie, la réélection surréaliste du président Abdelmadjid Tebboune avec un score babylonien de 94,65% des voix, pourrait être un des derniers clous plantés dans le cercueil d’un « Système » gérontocratico-militaire aux abois.
En effet, regardons de plus près le résultat de cette élection-farce dans une Algérie dirigée depuis l’indépendance par l’alliance des coffres-forts et des baïonnettes:
 
1) Selon les chiffres officiels, il y eut 48% de votants sur un total de 24 millions d’inscrits, ce qui donne donc plus ou moins 11 millions de suffrages exprimés.
 
2) Comme le président sortant a, toujours selon les chiffres officiels, obtenu quasiment 95% des suffrages, cela veut donc dire qu’environ 5 millions d’Algériens auraient donc voté pour sa réélection.
 
3) Ses deux concurrents ayant, encore selon les chiffres officiels, totalisé à eux deux environ 5% des votes, cela signifie donc que plus de 5 millions de suffrages  se sont soit volatilisés, ou bien que 5 millions d’électeurs auraient voté blanc, ce qui n’apparaît pas dans les résultats officiels...
 
En réalité, les dociles agents du pouvoir qui ont en charge la « gestion » des élections, se sont pris les babouches dans le tapis de leurs manipulations.
N’osant pas donner le vrai chiffre de la participation qui tourne au maximum autour de 20% du corps électoral, paniqués face au colossal camouflet que le pays réel algérien venait d’administrer à la gérontocratie dirigeante, terrorisés enfin face à ce Hirak silencieux dans lequel 80% des Algériens venaient de montrer qu’à leurs yeux le « Système » était illégitime… ils en ont oublié la mathématique…D’autant plus que dans certaines willayas le pourcentage des votants n’atteint pas les 5%, et qu’en Kabylie, la participation fut quasiment nulle…
 
Hier, le Hirak a été écrasé et même maté par le « Système ». Aujourd’hui, toute opposition conduit à la prison et toute pensée critique entraîne une féroce répression, mais ces élections ont montré que la population n’est pas dupe.
Le feu couve désormais en Algérie, prêt à se rallumer tôt ou tard, à la moindre faiblesse d’un pouvoir condamné de ce fait à la fuite en avant. D’autant plus qu’il ne bénéficiera pas deux fois de la « divine surprise » du covid19 qui mit un terme à la déferlante des manifestations de tout un peuple.
 
Aujourd’hui, le « Système » est nu, avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête : sa dépendance totale aux hydrocarbures (pétrole et gaz) et donc à la variabilité de leurs cours.
Un « Système » cleptocratique qui pompe avec constance la substance d’un pays  dont le taux d’inflation  est de 6% au second trimestre 2024, d’un pays qui ne produit rien et qui doit donc  consacrer le quart de ses recettes en hydrocarbures -ses seules recettes -, à l’importation de produits alimentaires de base dont il était pourtant exportateur avant 1962… du temps des Français… D’un pays  dont les filières stratégiques pour la sécurité alimentaire, comme les céréales, les laitages, les viandes, les sucres et les graines oléagineuses sont en faillite et entre les mains  des prédateurs de la nomenklatura étatique.
Une nomenklatura prédatrice qui ne survit plus que par la répression intérieure, par la mobilisation du dernier carré de ses associations mémorielles dont la tâche est facilitée par les « chapons » qui gouvernent la France, et par la dénonciation quasi obsessionnelle du Maroc dont la réussite la rend férocement jalouse…
 
Sur les mensonges algériens on lira mon livre Algériel’Histoire à l’endroit

vendredi 6 septembre 2024

Inondations au Sahel et au Sahara. Les lois de la nature face à l’idéologie « climato-correcte »

Le Sahel et le Sahara connaissent actuellement un très fort épisode pluvieux accompagné d’inondations. Surpris, butors, idéologues et cuistres veulent une fois encore nous faire prendre des vessies pour des lanternes en parlant de « dérèglement climatique dû à des causes humaines ». Or, nous sommes en présence d’un phénomène cyclique bien décrit par les vrais spécialistes du monde intertropical (voir notamment Marcel Leroux, 1994 et 2000).

En 1992, dans une publication datant d’avant l’apparition de la notion postulée et idéologique de « réchauffement climatique global dû à l’homme », deux des plus grands climatologues tropicalistes mondiaux, les Français Yves Tardy et Jean-Luc Probst expliquaient en quelques lignes lumineuses que la raison de l’alternance des cycles sécheresse-pluies au Sahel est due aux variations du « front intertropical » :
 
« Le climat en Afrique suit la position du FIT (Front Intertropical) ou ITCZ (Intertropical Convergence Zone). On peut distinguer deux scénarios :
 
1) Lorsque le FIT est maintenu en position méridionale, soit parce que les polaires mobiles, originaires du Pôle Sud, sont moins actifs que de coutume, soit parce que leurs homologues septentrionaux venus du Pôle Nord sont au contraire plus longtemps et plus fortement actifs, le déficit pluviométrique est généralisé sur le Sahel d’Afrique de l’Ouest (…) C’est le cas des années 1942,1944,1948,1970,1971,1972 et 1973. Cette situation se lit très bien sur la courbe de fluctuations des fleuves Sénégal et Niger (…).
 
2) Lorsque le FIT remonte haut vers le Nord sous la poussée des anticyclones mobiles originaires du Pôle Sud, on enregistre un excédent pluviométrique sur l’Afrique sahélienne de l’Ouest (…).
 
Ainsi, avec les mouvements du FIT qui sont sous l’influence de la montée vers le Nord des masses d’air polaire venant du Pôle Sud ou de la descente vers le Sud des masses d’air polaire venant du Pôle Nord, on saisit aisément la relation qui peut exister entre les fluctuations de température et celles de l’humidité, ainsi que l’effet de compétition entre Hémisphère Nord et Hémisphère Sud » (Tardy et Probst, 1992 :26).
 
Les recherches actuelles ont intégré les variations du FIT dans la longue histoire des cycles climatiques saharo-sahéliens, ce qui permet de disposer d’un éclairage sur plus de deux millions d’années ainsi que  le démontre Mathieu Dalibard (2011) dans sa thèse consacrée aux changements climatiques africains.
 
Selon Dalibard, le climat africain varie selon trois grands cycles :
 
1) Les cycles dépendant de la variation de l’orbite terrestre ou « cycles de l’excentricité » fluctueraient entre 400 000 et 100 000 ans.
2) Les cycles dépendant de l’inclinaison de l’axe terrestre ou « cycles de l’obliquité » fluctueraient entre 54 000 et 41 000 ans.
3) Les cycles dépendant de la variation de l’axe de rotation de la Terre ou « cycles de précession » fluctueraient entre 23 000 et 19 000 ans.
 
Cette succession de cycles par définition indépendants de toute activité humaine, permet de comprendre pourquoi, Il y a plusieurs centaines de millions d’années, le Sahara et le Sahel furent recouverts par un glacier, puis par l’océan. Pourquoi, il y a cent millions d’années, ce fut une immense forêt équatoriale humide parcourue par des dinosaures avant de lentement se transformer en une forêt tropicale, puis en une savane arborée.
 
Plus près de nous, ce mouvement climatique de longue durée tendant depuis 5000 ans vers l’assèchement, fut entrecoupé de rémissions ayant donné naissance à une succession d’épisodes secs et humides à travers lesquels se fit la mise en place des populations.
 
Encore plus près de nous, le XXe siècle a connu quatre grandes sécheresses entre 1909 et 1913, entre 1940 et 1944, entre 1969 et 1973, et entre 1983 et 1985 (Retaille, 1984 ; Ozer et alii, 2010 ; Maley et Vernet, 2013). Au cours des années 1960, période « chaude » la pluviométrie en augmentation fit brièvement remonter la zone sahélienne vers le nord, ce qui se traduisit par un recul du désert. Et pourtant, nous étions alors au pic de l’industrialisation mondiale et des pollutions qui en découlent.
Ensuite, à partir des années 1970, la pluviométrie décroissant, le désert s’étendit donc de nouveau et le Sahel se rétracta, les isohyètes moyennes descendant de 100 à 150 kilomètres vers le Sud. Les conséquences de ce nouveau cycle sont actuellement aggravées, mais non causées, par la pression démographique sahélienne.
 
L’analyse de ces phénomènes naturels contradictoires est d’une extrême complexité. Elle ne supporte ni les raccourcis, ni les idées-reçues. Leur compréhension ne passe ni par les anathèmes, ni par les slogans, mais par l’étude de la longue et même de la très longue durée. Si ces dernières étaient prises en compte, cela pourrait utilement mettre de l’ordre dans nombre de cervelles de colibri pour lesquelles l’immédiateté sert à la fois de passé, de présent et d’horizon…
 
Pour l’étude détaillée de ces épisodes climatiques saharo-sahéliens mouvants, on se reportera à mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.
 

Bibliographie
- Carré, M et alii., (2018) « Modern drought conditions in Western Sahel unprecedented in the past 1600 years ». En ligne.
- Dalibard, M., (2011) Changements climatologiques en zone intertropicale africaine durant les derniers 165.000 ans. Thèse de paléontologie climatique, Université Claude Bernard, Lyon 1.
- Leroux, M., (1994) « Interprétation météorologique des changements climatiques observés en Afrique depuis 18000 ans. ». Geo-Eco-Trop, 1994,16, (1-4), pp.207-258.
 - Leroux, M., (2000) La dynamique du temps et du climat. Paris.
- Maley, J et Vernet, R., (2013) « Peuples et évolutions climatiques en Afrique nord-tropicale, de la fin du Néolithique à l’aube de l’époque moderne ». Afriques, débats, méthodes et terrains d’histoire, vol 4.
- Ozer, P et alii., (2010) « Désertification au Sahel : historique et perspectives ». BSGLg, 2010, 54, pp 69-84.
- Retaille, D., (1984) La sécheresse et les sécheresses au sahel, L’Information géographique, 1984, 48, pp 137 à 144.
- Tardy, Y et Probst, J-L., (1992) « Sécheresses, crises climatiques et oscillations télé connectées du climat depuis cent ans ». Sécheresse, 1992 ; 3 : 25-36. 

dimanche 1 septembre 2024

L'Afrique Réelle n°177 - Septembre 2024

Sommaire

Actualité
- La doxa écologiste face aux réalités africaines
- L’Afrique ne compte pas pour l’économie française

Dossier : La relation franco-algérienne après la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental
- La question du Sahara dit « occidental » est un problème créé par l’Algérie 
- Que penser des menaces de « représailles » algériennes contre la France ?
- Incapable de nourrir sa population, l’Algérie menace la France de « représailles »…

Histoire
Rwanda : un génocide qui pouvait être évité


Editorial de Bernard Lugan

Depuis les indépendances, porteuse du mirage du « développement » et du mythe de la « bonne gouvernance », la France laboure l’océan africain. Un double objectif qui, en plus de lui avoir fait engloutir en pure perte des sommes considérables, a fini par dresser contre elle des Africains lassés de son néo-colonialisme « gentil ».
Et si la politique française d’aide a l’Afrique  a échoué, c’est parce qu'elle ne s’est pas attaquée aux causes profondes du mal. Les principales crises africaines sont en effet structurelles et elles ont une origine historique, politique et culturelle. Tout au contraire, la France a postulé qu’elles découlaient d’un déficit de démocratie et d’un sous-développement économique. Elles n’avaient donc  aucune chance d’être traitées. 

Face au mur de l’échec, la France s’est obstinée dans une politique d’aide dont les résultats sont nuls, l’Afrique engloutissant année après année, des sommes colossales versées au titre de l'APD (Aide pour le Développement). D’ailleurs, comme la croissance économique africaine est inférieure à la croissance démographique, comment prétendre raisonnablement « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ?
En raison de son échec évident, toute la politique africaine de la France est donc à revoir, mais à la seule lumière du réel : comme la France n’est pas mesure de résoudre les problèmes de l’Afrique, elle doit donc cesser de se croire obligée de le faire.
D’autant plus qu’aucune des productions actuelles ou identifiées en Afrique, n’est vitale pour son économie. Quant aux matières premières africaines, à de très rares exceptions, elles se trouvent en abondance, ailleurs dans le monde dans des régions où ne se posent pas de problèmes sécuritaires, matériels et politiques, et où le racket du « développement » ne s’exerce pas davantage que la rente victimaire. 
La France n’a donc pas d’intérêts économiques prioritaires à défendre en Afrique. Néanmoins, si elle veut tout de même y manifester une présence, sa priorité sera de concentrer ses efforts sur les littoraux. C’est en effet de là que partent toutes les pénétrantes continentales, et où, en retour, aboutissent toutes les productions de l’intérieur. Comme je l’ai déjà dit dans un précédent éditorial, pour le moment,  laissons donc les intérieurs, là où il n’y a que des coups à prendre, à ceux qui, comme les Russes au Mali, commencent à s’y brûler les ailes…
Quant à la question de l’immigration, ce n’est pas avec les chimères du développement qu’elle pourra être traitée. D’autant plus que ce ne sont pas les Africains de la brousse qui émigrent, mais très exactement ceux qui se sont frottés à notre politique de « développement » et qui disposent des moyens de payer les réseaux de passeurs…
Enfin, comme la France n’a aucune prise sur les zones continentales d’où partent ces migrants, elle devra, là encore, s’intéresser à celles de leurs points d’arrivée, à savoir les rives africaines de la Méditerranée. D’où la nécessité de réorienter la politique française vers l’Afrique du Nord afin d’y nouer de forts partenariats, notamment sécuritaires, avec des pays qui sont désormais en première ligne face au phénomène migratoire africain sud-saharien.

vendredi 2 août 2024

Comprendre la question du Sahara occidental



En reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, le président Macron a déchainé la colère d’une Algérie qui, perdant tout sens de la mesure, menace désormais la France de représailles…
Quelles représailles d’ailleurs ?
1) Le gaz algérien représente en moyenne 8% de la consommation française.
2) Le pétrole algérien représente en moyenne 9% de la consommation française.
3) Le commerce  de la France avec l’Algérie, est en moyenne de 12 milliards d’euros pour un commerce extérieur français global de 770 milliards d’euros, toujours en moyenne…
Pour la France,  économiquement parlant, l’Algérie n’existe donc pas et, si « représailles » il devait y avoir, ce serait dans l’autre sens qu’elles pourraient s’exercer.
Notamment en ce qui concerne :

1) Les exorbitantes facilités de circulation offertes aux Algériens désirant venir en France, souvent pour s’y faire soigner.
2) Les colossaux libres transferts de fonds des Algériens vivant en France vers leur pays d’origine, soit par les canaux officiels, soit à travers les canaux « informels ».
3) Les IDE (Investissements directs étrangers) français en Algérie qui s’élèvent en moyenne à 2,4 milliards d’euros sur un total de 6 milliards d’euros, plaçant ainsi la France au troisième rang derrière les Etats-Unis et l’Italie, mais au premier rang hors hydrocarbures.
 
Plusieurs questions doivent donc être posées :
- Pourquoi la réaction épidermique et quasi hystérique d’une Algérie qui, depuis 1975 affirme pourtant contre l’évidence qu’elle n’est pas partie prenante dans la question du Sahara occidental, alors qu’elle fait tout pour empêcher le Maroc de récupérer une région immémorialement marocaine détachée par la colonisation ?
- Pourquoi la question du Sahara occidental est-elle « l’Alsace-Lorraine des Marocains » ?
- Pourquoi, après les Etats-Unis, l’Espagne et l’Allemagne, la France, comme une centaine d’autres pays, vient-elle de reconnaître la marocanité du Sahara occidental ?

Pour comprendre cette question, on lira mon livre Le Sahara occidental en 10 questions
 
Prix du livre :
- France métropolitaine :  32 euros port colissimo compris
- UE  : 36 euros port compris
- Reste du monde : 50 euros port compris

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jeudi 1 août 2024

L'Afrique Réelle N°176 - Août 2024

Sommaire

Actualité
Le gaz algérien
Dossier : Russie et Afrique, l’heure des choix  
- Le grand retour de la Russie
- Entre l’Algérie et le Mali, la Russie va devoir choisir
- Soudan : la Russie contrainte de changer de camp 
Histoire
La prise d’Alger en juillet 1830 : Quand une créance privée devient une affaire d’Etat


Editorial de Bernard Lugan
 
La Russie dans le piège malien

En plus d’indisposer son partenaire algérien en appuyant la junte de Bamako dans sa tentative de mise au pas des Touareg maliens, la Russie vient de découvrir tragiquement la « complexité » de la question sahélienne. 
Une découverte qui s’est faite dans le sang, entre le jeudi 25 et le samedi 27 juillet, dans la région de Tinzawaten, à proximité de la frontière algéro-malienne, où une colonne de l’armée malienne encadrée de mercenaires russes a été anéantie par les combattants touareg. Encerclés, les russo-maliens n’ont pas pu être secourus, ce qui en dit long sur leur niveau opérationnel.

Il était clair qu’après l’humiliation de la chute de leur bastion de Kidal en novembre dernier, les combattants du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), le nouveau nom de la coalition armée touareg et maure, allaient contre-attaquer.

Si un bilan définitif est difficile à annoncer, les vidéos qui circulent largement permettent d’estimer les morts à peut-être une douzaine de Russes parmi lesquels le commandant du secteur nord, ainsi que plusieurs dizaines de soldats maliens. Toujours grâce aux vidéos, il est possible d’affirmer qu’au moins deux Russes ont été faits prisonniers.

Après une arrivée triomphale uniquement permise par l’addition des erreurs politiques de la France, les Russes ont choisi la pire des options, à savoir aider le Mali du sud à conquérir le Mali du nord, donc, en revenir à la situation antérieure à 2011, c’est-à-dire au début de la guerre. Or, une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg ne ferait que reporter le problème tout en l’amplifiant. 
La Russie vient donc de découvrir qu’au Sahel, tout règlement en profondeur passe par la prise en compte des réalités locales… ce que la France a refusé de faire et qui explique son échec. 

Le fond du problème dont j’explique la genèse dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours est en effet que s’obstiner à vouloir faire vivre dans un même Etat les agriculteurs noirs sédentaires du Sud et les nomades berbères ou arabes du Nord est une utopie crisogène puisque l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence les Noirs sudistes, ce que les nordistes ne peuvent accepter.

Nouvelle venue dans la région, la Russie n’a pas compris que la seule option de sortie de crise est celle de la reconnaissance d’une réalité qui explique tout, à savoir que le Mali « unitaire » n’a jamais existé -, et qu’il est donc urgent de penser à une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale. Toute autre approche est vouée à l’échec et aboutira finalement à une coagulation ethnique à travers un califat islamique régional… comme à la fin du XIXe siècle… jusqu’à ce que la colonisation vienne en libérer les populations…

dimanche 28 juillet 2024

Argumentaire contre le wokisme, l’islamo-gauchisme et le courant décolonial

Derrière le vocable « décolonial », le « wokisme » et l’ « islamo-gauchisme », s’abritent plusieurs concepts, « théorie postcoloniale », « mouvance décoloniale », « colonialité », « indigénisme ».
Leur point commun est la mise en accusation de l’homme blanc accusé de maintenir sa domination sur les descendants des populations colonisées, sur les groupes marginalisés et sur toutes les « minorités », notamment sexuelles.
Dans une insolite alliance artificielle avec  les tenants du « Genre », les LGBT et certaines fractions féministes, ce courant a en effet  élargi la notion de domination blanche aux minorités sexuelles. Pour ses membres, les femmes et les homosexuels sont ainsi les éternelles victimes du patriarcat blanc hétérosexuel, comme les Noirs, les Arabes et les immigrés le sont de ces mêmes blancs colonisateurs.
Quant à l’écriture traditionnelle comme elle est le symbole de cette domination, et comme son vecteur en est la langue, produit de la culture patriarcale, il faut donc la détruire en la remplaçant par l’écriture inclusive.
 
La synthèse de ces trois courants se résume à une idée maîtresse : l’histoire de l’Europe est une infamie esclavagiste-coloniale et l’homme blanc en est par essence et éternellement coupable. Dans cet avatar modernisé du marxisme, la lutte des races a remplacé la lutte des classes.
 
Le but de cette coalition idéologique et politique est de déconstruire la France, ce que ses membres font méthodiquement au moyen d’un terrorisme politico-médiatique de plus en plus oppressant.
Son but n’est pas de se « séparer » de la France à laquelle ils trouvent en effet beaucoup d’avantages... Ils ne veulent pas faire sécession d’elle, mais lui imposer leurs normes raciales, philosophiques, sociales, politiques et religieuses. En un mot, ils veulent la soumettre, justifiant leur conquête territoriale d’une phrase traduisant clairement leur volonté de revanche ou même de vengeance historique : « Si nous sommes ici, c’est que vous étiez là-bas ».

En France, c’est clairement sur le porte-greffe de l’immigration que cette idéologie a pris. Résultat, nous sommes désormais en présence de deux « pays réels », l’un, composé des Français de « souche », l’autre des nouveaux venus. Or, ce qui reste du « pays légal » exerce un pouvoir répressif de plus en plus liberticide sur le vieux « pays réel », celui des autochtones, laissant tout au contraire le nouveau « pays réel », celui dont le parti LFI se veut l’avant-garde, se développer afin d’affaiblir davantage encore toute future résistance enracinée dans l’identité française.
 
Refusant obstinément de voir la réalité en face, acculé dans une impasse idéologique et sociétale, le « pays légal » certes résiduel, mais encore policièrement et judiciairement puissant, continue à s’agripper aux « droits de l’homme », à la laïcité et à l’incantation aux « valeurs de la République ». Cela n’empêchera pas sa noyade car le nouveau « pays réel » voit dans ces trois fragiles bouées de sauvetage la preuve de la permanence du fait colonial, la « colonialité », le néo-impérialisme blanc reposant sur des « valeurs » européo-centrées postulées universelles…
 
Pour les « indigènes », c’est-à-dire pour la « population première », en d’autres termes pour les « Français de souche », le choix est désormais clair :

1) Soit la « soumission » prophétisée par Michel Houellebecq, c’est à dire l’entrée en dhimmitude.

2) Soit la remise en question de la philosophie et des impératifs moraux qui ont permis la victoire intellectuelle des « décoloniaux », du wokisme et des islamo-gauchistes. Donc, le basculement dans un paradigme de survie identitaire qui répudiera les vieilles lunes idéologiques universelles.

C’est parce que ce combat existentiel passe par le réarmement doctrinal des forces créatrices, que j’ai écrit « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance ».

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lundi 1 juillet 2024

L'Afrique Réelle N°175 - Juillet 2024

Sommaire

Actualité
- La Chine ne veut pas renoncer à sa dette africaine
- Algérie : nouveau règlement de comptes au sein de l’odjak des janissaires

Dossier : Les élections en Afrique du Sud ou le mythe de la « nation arc-en-ciel »
- L’évolution du corps électoral depuis 1994
- Afrique du Sud : la grande stabilité du corps électoral
- Quelle coalition pour diriger un pays en crise ?

Histoire
Lyautey et le Maroc


Editorial de Bernard Lugan

Ce numéro de l’Afrique Réelle comporte quatre thèmes.

1) A la différence des « Occidentaux » qui, périodiquement, rongés par une auto-culpabilisation relevant du masochisme, acceptent de rééchelonner ou d’annuler la dette africaine, les Chinois, eux, ne prêtent pas pour perdre de l’argent. Voilà pourquoi ils refusent tout rééchelonnement global.

2) En Algérie, il faudra bientôt compter les généraux qui ne sont pas passés par la case prison… Ce pays ravagé par la guerre des clans militaires est le digne héritier de la régence turque durant laquelle, et cela pendant trois siècles, les règlements de comptes se sont faits au sein de l’odjak des janissaires dont les militaires algériens semblent être les successeurs. 

3) En Afrique du Sud où, à l’issue des dernières élections, l’ANC a perdu la majorité absolue, un gouvernement de coalition a donc été constitué. Mais, paradoxe, alors que les programmes politiques de l’ANC, de l’Umkhonto we Sizwe et des EFF sont quasiment identiques, les haines personnelles entre leurs trois dirigeants, Cyril Ramaphosa, Jacob Zuma et Julius Malema, ont fait que c’est finalement une alliance quasi surréaliste qui s’est constituée. La nouvelle majorité associe en effet l’ANC et la DA (Democratic Alliance). 
Vont ainsi gouverner ensemble un parti qui veut amplifier l’Affrmative Action, qui demande qu’Israël soit condamné pour génocide, dont tous les députés ont voté pour la saisie des fermes blanches, et un parti blanc qui combat l’Affirmative Action, qui soutient Israël et qui s’oppose à la saisie des fermes appartenant aux Blancs… 

Résultat, l’EFF et Umkhonto we Sizwe parlent de trahison des idéaux de l’ANC, de combine destinée à sauvegarder les postes et les prébendes des caciques de l’ANC, et appellent tous les Noirs à les rejoindre… Une situation à suivre…

4) Dans le contexte universaliste et assimilateur dans lequel baignait alors la colonisation française, Hubert Lyautey constitue une exception car il ne fut pas un colonisateur au sens « classique » du terme. Son action procéda en effet d’une grande constante qu’il eut toujours à l’esprit : le Protectorat français sur le Maroc n’était qu’un état transitoire, provisoire même, devant inéluctablement aboutir à l’indépendance du pays. 
Tout le contraire de la politique appliquée en Algérie après 1870 quand le régime civil républicain succédant au régime militaire exerça des ravages et provoqua un traumatisme insurmontable.