Sommaire :
Actualité :
Le Sahel plaque tournante du trafic de
cocaïne
Débat :
Colonisation : la bataille des
mémoires
Dossier : La Tunisie deux ans après la
« révolution du jasmin »
- Habib Bourguiba et la tentative
d’occidentalisation de la
Tunisie (1956-1987)
- Ben Ali et la mutation de la Tunisie
(1987-2011)
- Bilan économique de la « révolution du
jasmin »
- Le retour en force de
l’islamisme
Editorial de Bernard Lugan :
En Tunisie comme en Egypte, l’islam politique proposé par les Frères musulmans s’est brisé sur la réalité. Dans les deux pays, l’influence de la confrérie est actuellement sur le recul, d’où le durcissement de ses partisans qui sentent que la situation leur échappe.
Le dossier central de ce premier numéro de l’année 2013 est consacré à la Tunisie où, deux ans après l’euphorie révolutionnaire la désillusion l’emporte désormais. Un peu plus d’un an après le départ du président Ben Ali, un sondage nous apprenait ainsi que 64,6% des Tunisiens qualifiaient la situation de mauvaise (36,3% ou de très mauvaise 28,3%), contre 35,4% qui la considéraient comme bonne, près de 42% des Tunisiens estimant qu’ils vivaient mieux sous Ben Ali (Jeune Afrique 25 mars 2012). La situation sociale ne cesse en effet d’empirer et l’anarchie s’installe. Le 17 décembre le chef de l’Etat, le président Moncef Marzouki et le président du Parlement, Mustapha Ben Jaafar furent conspués à Sidi Bouzid alors qu’ils étaient venus y commémorer le deuxième anniversaire du début de la révolution. Leur cortège ayant reçu des jets de pierre, les deux hommes durent être évacués par les forces de l’ordre. Quant aux islamistes, clairement montrés du doigt pour leur incompétence politique, tous leurs efforts portent désormais sur le projet de constitution qu’ils veulent faire adopter pour changer en profondeur la société tunisienne. Dans les mois qui viennent, les deux camps vont se mobiliser, d’où d’inévitables incidents à attendre.
Le même phénomène se déroule en Egypte où la nouvelle constitution islamique adoptée par 64% des votants, mais avec 67,1% d’abstention (!!!), montre là encore la désaffection pour les Frères musulmans. Les élections législatives qui se tiendront en 2013 permettront de voir si cette tendance se confirme. Dans l’immédiat, les islamistes veulent profiter de leur toute petite victoire pour museler l’opposition, des poursuites pour complot ayant été demandées par le nouveau procureur général lié à la confrérie islamiste.
Au Mali, l’expédition militaire de la CEDEAO est constamment repoussée mais son voyage à Alger aura permis à François Hollande de comprendre que ceux qui le pressent de soutenir les Touareg ne sont pas des nostalgiques de la colonisation puisque les Algériens défendent la même politique...
Durant les mois qui viennent, la déstabilisation sahélienne va s’étendre vers l’est, à la région nigéro-tchadienne où de très graves évènements sont à la veille de se produire et sur lesquels je reviendrai dans un prochain numéro.
Le Tchad va ainsi se trouver menacé sur toutes ses frontières. C’est notamment pour cette raison qu’il importe de suivre avec attention la situation en Centrafrique (voir mes communiqués du 26 décembre et du 1er janvier).
Dans son discours d’Alger, François Hollande est allé très loin sur le chemin de l’auto-flagellation, ne reconnaissant de torts qu’à la France et passant sous silence le sort des pieds-noirs et des Harkis. Avant d’aller à Canossa, il lui aurait été utile de méditer cette forte phrase du maréchal Lyautey :
« Il n’y a pas de pire erreur que de s’imaginer, parce qu’on hurlera avec les loups et bêlera avec les moutons, qu’on satisfera l’opinion et se rendra populaire » (Hubert Lyautey, Paroles d’action, 1927.)