lundi 5 avril 2010

A propos du meurtre d’Eugène Ney Terreblanche

Eugène Ney Terreblanche est le 1148 ème fermier assassiné en Afrique du Sud depuis l’accession au pouvoir de l’ANC au mois d’avril 1994. A titre de comparaison :

- Dans les années 1950, au Kenya pendant la guerre des Mau-Mau, une douzaine de fermiers blancs furent tués.
- Pendant la guerre de Rhodésie, en 15 ans, 270 fermiers blancs furent assassinés.
- En Afrique du Sud, entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l’ANC était « en guerre » contre le régime blanc, une soixantaine de fermiers blancs furent tués.

Ces 1148 meurtres commis dans un pays officiellement en paix traduisent les profondes tensions raciales caractérisant l’Afrique du Sud et que ne parvient plus à gommer l’image d’Epinal de la « Nation arc-en ciel ».
La rupture de la tectonique raciale sud-africaine a bien été illustrée par l'ancien leader du groupe parlementaire ANC, M.Tony Yengeni qui déclarait en 2001 : "Chaque chose que les Blancs possèdent, ils l'ont volée aux Noirs". Au mois de décembre 2002, la commission sud-africaine des Droits de l'Homme, organisme officiel, affirmait pour sa part que le slogan "Kill the Boer, kill the Farmer" n'était pas un discours de haine mais "un discours indésirable n'incitant pas à la violence et à la guerre ". Forte de cet assentiment, la Youth League de l’ANC a fait de « Kill the Boer » son chant de ralliement. Il semblerait que ses militants l’aient entendu.

La violence ne touche cependant pas que les Blancs. Depuis 1994, la « Nouvelle Afrique du Sud » est ainsi livrée à la loi de la jungle et plus de cinquante meurtres y sont commis quotidiennement.

Bernard Lugan
05/04/2010

dimanche 4 avril 2010

L'Afrique Réelle N°4 - Avril 2010


























Numéro spécial : Génocide de Rwanda, nouveaux éclairages

SOMMAIRE :

Actualité :
- Kagamé : le temps des dissidences

Historiographie :
- Des connaissances en mouvement
- Le jugement du colonel Bagosora ou l'acte de décès de l'histoire officielle du génocide du Rwanda
- Le jugement Zigiranyirazo ou la fin du mythe de l'Akazu

Les montages de Kigali :
- Le rapport Mucyo
- Le rapport Mutsinzi
- Le rapport des experts britanniques

Le fonctionnement du TPIR :
- Les curieuses méthodes du procureur
- Chroniques d'audience
 

EDITORIAL :

Les relations diplomatiques ont été rétablies entre Paris et Kigali alors que le général Kagame n'a pas retiré ses graves accusations diffamatoires portées contre la France : « Quant aux Français, leur rôle dans ce qui s’est passé au Rwanda est l’évidence même. Ils ont sciemment entraîné et armé les troupes gouvernementales et les milices qui allaient commettre le génocide. Et ils savaient qu’ils allaient commettre un génocide. »
Parlant des soldats français qui participèrent à l’opération Turquoise il ajouta, sans grande nuance : « Ils ont ouvert des routes pour permettre aux auteurs du génocide de fuir (…) Ils ont sauvé ceux qui tuaient, pas ceux qui étaient tués ».

En France même, certains ont adopté sans la moindre distanciation la thèse officielle de Kigali qui est que la France est complice du génocide du Rwanda. Les raisons avancées par le régime de Kigali sont au nombre de trois :
- La France aurait formé les tueurs.
- Elle savait que le génocide allait avoir lieu.
- Elle aurait laissé faire.

Ces accusations sont scandaleuses et il est pour le moins regrettable que l’Etat français, pourtant parfaitement renseigné sur le dossier, n’ait pas répondu dans des termes qu'elles méritaient. En effet :

- Primo, les tueurs furent des paysans armés de machettes et de gourdins. Dans ces conditions on voit mal en quoi la coopération militaire française qui a d’abord porté sur l’artillerie et le pilotage des hélicoptères aurait pu les former…
- Secundo, parce que le génocide n’ayant pas été programmé, comme cela a été clairement établi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (Jugement du 18 décembre 2008 dans l’affaire Bagosora et consorts, TPIR-98-41-T), la France ne pouvait donc savoir qu’il allait avoir lieu.
- Tertio parce que les forces françaises avaient quitté le Rwanda en décembre 1993, soit six mois avant le 6 avril 1994, date du déclenchement du génocide, et à la demande expresse des actuels maîtres de Kigali. Ces derniers savent d’ailleurs bien que si l’armée française était demeurée sur place, jamais le génocide n’aurait eu lieu car, à la différence des hommes de l’ONU qui les avaient remplacés, les Français s'y seraient opposés.

En réalité, ces attaques constituent une manœuvre servant à masquer les véritables responsabilités dans le génocide. N’oublions pas en effet que c’est l’attentat du 6 avril 1994, qui coûta la vie à deux présidents en exercice, celui du Rwanda et celui du Burundi, qui en fut l’élément déclencheur. Le régime de Kigali est inquiet ; le moment approche en effet qui verra éclater la vérité qui est que c’est en utilisant l’apocalypse du génocide qu’il a pris le pouvoir et qu’il a été accepté par la « communauté internationale ». Sa légitimité étant fondée sur le mensonge, il veille donc avec un soin jaloux à ce que l’histoire « officielle » qu’il a réussi à imposer aux médias ne soit pas contestée. Le juge Bruguière l’ayant fait voler en éclats, il exerce donc un chantage sur la France afin que l’exécution des mandats d’arrêt internationaux lancés contre ceux que la justice française considère comme les auteurs ou les commanditaires de l’attentat du 6 avril 1994 soit enterrée.

Le plus insolite est que, dans cette entreprise, il bénéficie de l’aide d’alliés influents au sein de l'Etat français et notamment de la plus haute hiérarchie du ministère des Affaires étrangères…

Bernard Lugan