La débâcle de sa diplomatie ajoutée
à la profonde crise politique, économique, sociale et ethnique que connaît l’Algérie,
illustre la crise profonde qui menace le pouvoir des héritiers des auteurs du
coup d’Etat de 1962 qui vit l’armée des frontières s’emparer du pouvoir. Signe de
l’ampleur de cette crise, les clans militaires algériens se livrent actuellement
une guerre féroce illustrée par les allers-retours dans la prison militaire de Blida de dix généraux-majors, soixante généraux
et quatre-vingt-cinq colonels…
Diplomatiquement, l’Algérie
n’en finit plus de porter le boulet du Polisario. D’autant plus que, conscient que son combat pour la création d’un « Etat » saharaoui
est perdu, le proxy algérien a en effet entrepris de « diversifier »
ses activités en se spécialisant dans les trafics de toutes sortes. Cette évolution
du Polisario est la conséquence de l’échec diplomatique algérien dans la
question du Sahara occidental puisque la reconnaissance internationale de sa Marocanité
est quasiment acquise. D’autant plus qu’il est désormais clair aux yeux du
monde que ce conflit artificiel a permis à l’Algérie d’écarter le processus de
décolonisation qu’elle aurait dû mener chez elle, en 1962, au sujet des
territoires marocains directement passés de la colonisation française à la
colonisation algérienne, à savoir Béchar, Tindouf, Tabelbala, la Saoura, le
Touat, le Gourara et le Tidikelt. Il est également devenu évident pour tous qu’à
travers cet artificiel conflit, l’Algérie cherchait le moyen de briser son
enclavement continental en tentant de s’ouvrir, via un pseudo « Etat »
saharaoui, une fenêtre sur l’océan atlantique.
Régionalement, l’Algérie s’est
brouillée avec le Mali et le Niger qui lui reprochent ses liens avec les
« séparatistes » touareg. Encore plus grave pour elle, ses intérêts au
Sahel se trouvent désormais opposés à ceux de son allié historique, la Russie,
pays qui soutient la junte au pouvoir à Bamako, tout en fournissant à l’Algérie
la quasi-totalité de son armement. En Libye
également, la politique d’Alger se heurte à celle de la Russie. L’Algérie
soutient en effet Tripoli quand Moscou est aux côtés du maréchal Haftar qui
contrôle Benghazi. Enfin, en
emprisonnant Boualem Sansal, l’Algérie a grandement écorné son image internationale,
notamment devant le Parlement européen où ses lobbystes n’ont pas réussi à
empêcher un vote à l‘unanimité exigeant la libération de l’écrivain.
Le bilan diplomatique algérien est donc désastreux car, en plus de s’être brouillé
avec ses voisins, le pays a perdu le soutien de ses deux derniers alliés, la
Syrie d’Assad et le Hezbollah libanais. Et elle est en passe de perdre celui du
régime iranien qui lutte actuellement pour sa propre survie...
Pour
en savoir plus, on se reportera à mon livre « Histoire des Algéries des origines à nos jours »