samedi 27 février 2021
L'Afrique Réelle n°135 - Mars 2020
mardi 9 février 2021
Deux ans après le début du hirak, le Titanic algérien fonce droit vers un iceberg politique, économique et social…
Sid Ahmed Ghozali avait vu juste car la leçon des crises des années 1986,1990 et 1994 n’ayant pas été retenue, l’économie algérienne n’avait pas été diversifiée, le pays continuant à vivre sur la rente des seuls hydrocarbures. Voilà qui explique l’impasse actuelle due à la fois, certes à l’effondrement conjoncturel des cours, mais, bien plus grave, à l’épuisement des réserves. D’où une baisse de la production entamée en 2008, baisse un temps camouflée par l’envolée des cours. Aujourd’hui, les gisements en activité s’épuisent et aucune découverte majeure n’a été faite susceptible de redresser le volume de la production.
Ils ont d’ailleurs commencé à le faire mardi 9 février quand M. Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien et ministre de la communication a réclamé (lire exigé) que la France reconnaisse ses « crimes coloniaux ». Quelques jours auparavant, lors d’un entretien donné au quotidien El Massa, le même ministre avait osé parler de la France en des termes qui, en d’autres temps, auraient, au moins entraîné une réaction diplomatique: « Le criminel (lire la France) fait généralement l’impossible pour éviter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer ».
vendredi 5 février 2021
Sahel : derrière les apparences…
Selon la DGSE, lors de cette
réunion, Abdelmalek Droukdel aurait décidé d’étendre les opérations d’Aqmi à la
Côte d’Ivoire, au Ghana et à l’Europe.
Si cette menace est
naturellement à prendre au sérieux, la liquidation d’Abdelmalek Droukdel a
cependant changé le contexte régional sur trois points essentiels :
1) Iyad Ag Ghali et Ahmadou
Koufa sont désormais autonomes et, semble-t-il, ils n’ont pas les mêmes
objectifs que ceux qui avaient été définis par Abdelmalek Droukdel.
2) Al-Qaïda dans la BSS n’est
plus dirigé par un étranger, en l’occurrence un Algérien, mais par deux Maliens,
le Touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa.
3) Derrière les slogans faisant
référence au califat universel, Iyad Ag Ghali et dans une moindre mesure
Ahmadou Koufa, ont une approche politique « nationale ». L’islam est
en effet pour eux, et à des degrés différents, le paravent de revendications
ethno-politiques résurgentes enracinées dans leurs peuples (voir à ce sujet mon
livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours).
Après la mort d’Abdelmalek Droukdel, j’ai formulé une hypothèse selon laquelle ses ordres qui étaient d’élargir la zone d’opérations d’Aqmi, non seulement ne seraient pas exécutés par Iyad Ag-Ghali, mais, et tout au contraire, qu’ils seraient remplacés par une volonté de règlement du conflit. Du moins pour la partie nord du Mali, là où la guerre régionale a démarré en 2011.
Depuis, quatre éléments sont venus à l’appui de mon hypothèse qui ouvrent sur plusieurs scénarios :
La suite de cette analyse (77%) est réservée aux abonnés à l’Afrique Réelle
dimanche 31 janvier 2021
L'Afrique Réelle n°134 - Février 2021
- La situation actuelle
- La réalité tribale
- Les singularités du Fezzan
Histoire :
Dossier : Turquie et Libye, cinq siècles d’histoire commune
- La confrontation Turquie-Italie en Libye (1911-1917)
- Les dessous du grand retour de la Turquie
Editorial de Bernard Lugan
La France entra ensuite dans un conflit dans lequel ses intérêts n’étaient aucunement en jeu. Le 19 mars, elle obtint de l’ONU l’autorisation d’emploi de l’aviation afin de « protéger les civils », en réalité, les milices islamistes de Cyrénaïque et les Frères musulmans de Misrata…
Le but officiel de la guerre décidée par Nicolas Sarkozy était l'établissement d'un Etat de droit. Son résultat fut que les structures étatiques libyennes disparurent, cédant la place à des affrontements de milices islamo-mafieuses. Quant au vide libyen, il eut des conséquences sur toute la zone tchado-nigériane et sur une partie de la BSS. Sans parler de la création d’une pompe aspirante migratoire.
Cette intervention fit éclater les alliances tribales sur lesquelles reposait la stabilité politique de la Libye. Le régime du colonel Kadhafi avait en effet réussi à faire cohabiter centre et périphérie, en articulant les pouvoirs et la rente des hydrocarbures sur les réalités locales.
Politiquement, la Libye se caractérise en effet par la faiblesse du pouvoir central par rapport aux permanences tribales. Véritables « fendeurs d'horizons », les tribus les plus fortes contrôlent ces couloirs de nomadisation reliant la Méditerranée à la région tchadienne à travers lesquels se font les trafics d'aujourd'hui (drogue et migrants) et s'ancrent les solidarités jihadistes.
Faute d'avoir pris en compte ces données, ceux qui, au nom de l'illusion démocratique, déclenchèrent la calamiteuse intervention de 2011, sont les responsables de l'actuel chaos. En effet, les deux clés de la vie politique libyenne sont le tribalisme et le fédéralisme.
1) La Libye est naturellement multi centrée et le renversement du colonel Kadhafi a amplifié cette réalité en donnant naissance à de multiples lieux de pouvoir indépendants et à des rivalités de légitimités nées de la guerre. Stabiliser la Libye ne peut donc se faire qu’en prenant en compte son archéologie tribale[1]. L’échec de l’Etat islamique aurait pourtant pu servir de leçon. Ce fut en effet la définition tribale du pays qui fut l’obstacle au califat universel prôné par l’EI, les fortes identités tribales ayant rendu impossible la greffe d’un mouvement composé majoritairement d’étrangers. Comment donc prétendre vouloir mettre un terme au conflit actuel quand les tribus, pourtant les seules vraies forces politiques du pays sont écartées des négociations ?
2) La Libye n’a pas de centre unificateur. Les trois provinces la composant n'ont aucun point de soudure et sont séparées par une masse saharienne vide à 95%, alors que plus de 80% de la population est concentrée sur une étroite bande côtière.
La solution passe donc par deux impératifs :
1) La reconstitution des alliances tribales forgées par le colonel Kadhafi.
2) Un vrai fédéralisme, car la Cyrénaïque n’acceptera jamais la fiction d’un Etat libyen dominé par la Tripolitaine… et vice-versa.
samedi 23 janvier 2021
Rapport Stora : comment prétendre sérieusement vouloir « pacifier » les mémoires quand celle de l’Algérie repose sur une histoire fondée sur le ressentiment anti-français ?
Pacifier les mémoires, certes, mais à condition :
1) Que cela ne soit pas une fois de plus à sens unique… Or, les principales mesures préconisées par le Rapport Stora incombent à la partie française alors que du côté algérien il est simplement demandé des vœux pieux…
2) Que la mémoire algérienne ne repose plus sur une artificielle construction idéologique car, comme l’a joliment écrit l’historien Mohammed Harbi, « L’histoire est l’enfer et le paradis des Algériens ».
Enfer
parce que les dirigeants algériens savent bien qu’à la différence du Maroc
millénaire, l’Algérie n’a jamais existé en tant qu’Etat et qu’elle est
directement passée de la colonisation turque à la colonisation française. (Voir
à ce sujet mon livre Algérie l’histoire à l’endroit).
Paradis
parce que, pour oublier cet « enfer », arc-boutés sur un nationalisme
pointilleux, les dirigeants algériens vivent dans une fausse histoire « authentifiée »
par une certaine intelligentsia française…dont Benjamin Stora fait précisément partie….
Voilà donc pourquoi, dans
l’état actuel des choses, la « réconciliation » des mémoires est
impossible. Voilà aussi pourquoi toutes les concessions successives, toutes les
déclarations de contrition que fera la France, seront sans effet tant que l’Algérie
n’aura pas réglé son propre non-dit existentiel. Et cela, les « préconisations »
du Rapport Stora sont
incapables de l’obtenir, puisque, pour l’Algérie, la rente-alibi victimaire
obtenue de la France, notamment par les visas, est un pilier, non seulement de
sa propre histoire, mais de sa philosophie politique…
Un peu de culture historique
permettant de comprendre pourquoi, il est donc singulier de devoir constater que
l’historien Benjamin Stora a fait l’impasse sur cette question qui constitue
pourtant le cœur du non-dit algérien. Au moment de l’indépendance, la priorité
des nouveaux maîtres de l’Algérie fut en effet d’éviter la dislocation. Pour
cela, ils plaquèrent une cohérence historique artificielle sur les différents
ensembles composant le pays. Ce volontarisme unitaire se fit à travers deux axes
principaux :
1) Un nationalisme
arabo-musulman niant la composante berbère du pays. Résultat, les Berbères
furent certes « libérés » de la colonisation française qui avait duré
132 ans, mais pour retomber aussitôt dans une « colonisation
arabo-musulmane » qu’ils subissaient depuis plus de dix siècles…
2) Le mythe de l’unité de la
population levée comme un bloc contre le colonisateur français, à l’exception
d’une petite minorité de « collaborateurs », les Harkis. Or, la
réalité est très différente puisqu’en 1961, 250.000 Algériens servaient dans
l’armée française, alors qu’à la même date, environ 60.000 avaient rejoint les
rangs des indépendantistes[1].
Or, cette fausse histoire constitue
le socle du « Système » algérien, lequel se maintient contre le
peuple, appuyé sur une clientèle régimiste achetée par les subventions et les
passe-droits. Ce même « Système » qui, à chaque fois qu’il est en difficulté
intérieure, lance des attaques contre la France.
N’en déplaise à Benjamin Stora,
voilà qui n’autorise pas à croire à sa volonté
d’apaisement mémoriel.
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle.
Pour vous abonner, cliquer ici
[1] Soit 15.200 réguliers et auxiliaires selon le 2° Bureau français et 35.000 pour Benyoucef Benkheda, président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). En plus de ces combattants de l’intérieur, 32000 servaient dans l’ALN, l’armée des frontières, dont 22.000 en Tunisie et 10.000 au Maroc. Le détail de ces chiffres est également donné dans mon livre Algérie l’histoire à l’endroit.
dimanche 3 janvier 2021
Mali : allons-nous continuer encore longtemps à faire tuer nos soldats parce que les décideurs français ignorent ou refusent de prendre en compte les réalités ethno-politiques locales ?
A la différence de la mort de nos trois hommes du 1° Régiment de Chasseurs de Thierville survenue le lundi 28 décembre, au sud de Gao, l’explosion qui a provoqué celle des deux Hussards s’est produite plus au nord, dans une région qui était devenue « calme », les décideurs français semblant avoir enfin compris qu’ici, nous ne sommes pas face au même jihadisme que plus au sud. Comme je ne cesse de le dire depuis des années, et comme je le montre dans mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours, ici, le conflit n’est en effet pas à racine islamiste puisqu'il s’agit d’une fracture inscrite dans la nuit des temps, d’une résurgence ethno-historico-économico-politique touareg conjoncturellement abritée derrière le paravent islamiste.
Pour bien comprendre la situation, il nous faut revenir en arrière, au mois de juin 2020 avec la mort de l’Algérien Abdelmalek Droukdal, le chef d’Al-Quaïda pour toute l’Afrique du Nord et pour la bande sahélienne, abattu par l’armée française sur renseignement algérien. Cette liquidation qui libérait le Touareg Iyad ag Ghali de toute sujétion à l’Arabe Abdelmalek Droukdal, s’inscrivait dans le cadre d’un conflit ouvert qui avait éclaté entre les deux branches du jihadisme régional. L’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara), rattaché à Daech prône en effet la disparition des ethnies et des Etats et leur fusion dans le califat universel. Tout au contraire, le groupe d’Al-Qaïda, dirigé par Iyad ag Ghali « associé » aux services algériens privilégie l’ethnie touareg et ne demande pas la disparition du Mali.
Le coup d’Etat qui s’est produit au Mali au mois d’août 2020, a ensuite permis de donner toute liberté à la négociation entre Bamako et la branche locale d’Aqmi, avec pour but de régler le conflit du nord Mali. Pour la France, l’opération était entièrement profitable car cela permettait de fermer le front du nord.
Même si nous avons perdu ce « doigté » qui était une de nos spécialités à l’époque des « Affaires indigènes » et ensuite des emprises militaires permanentes, dans la durée, avec des unités dont c’était la culture, il allait donc être possible, avec un minimum d’intelligence tactique, et en jouant sur cette opposition entre jihadistes, de laisser se régler toute seule la question du nord Mali. Et cela, afin de commencer à nous désengager après avoir concentré tous nos moyens sur la région des « 3 frontières », donc sur l’EIGS, et également sur certains groupes peul jouant sur plusieurs tableaux à la fois[1].
Or, le 10 novembre 2020, une insolite opération française menée près de Ménaka, donc en zone touareg, s’est soldée par la mort de Ba Ag Moussa, un des principaux adjoints de Iyad ag Ghali. Les Touareg ayant pris cette action comme une provocation, il était donc clair qu’ils allaient mener des représailles.
Par devoir de réserve, je n’ai alors pas commenté cette opération sur mon blog, mais j’ai prévenu « qui de droit » que les Touareg allaient, d’une manière ou d’une autre, venger la mort de Ba Ag Moussa et qu’il allait falloir être vigilants dans la région de Ménaka. D’autant plus que, alors que, depuis plusieurs mois, les opérations françaises avaient évité la zone touareg, les derniers temps, elles y avaient repris. Comme si un changement de stratégie avait été décidé à Paris, un peu « à l’américaine », c’est-à-dire en « tapant » indistinctement tous les GAT (Groupes armées terroristes) péremptoirement qualifiés de « jihadistes », et peut-être pour pouvoir « aligner du bilan ». Une stratégie sans issue reposant sur une totale méconnaissance des réalités ethno-politiques locales, et dont nos soldats viennent de payer le prix sur le terrain.
Le signal donné par les Touareg étant donc clair, aux autorités françaises d’en tirer maintenant les leçons. Veulent-elles oui ou non ré-ouvrir à Barkhane un deuxième front au nord ?
En ce jour de tristesse, j’ai une pensée particulière pour le sergent Yvonne Huynh, avec lequel, à la veille de son deuxième séjour au Mali, j’avais longuement échangé sur les causes profondes du conflit, et je tiens, à travers ce communiqué, à faire part de mes sincères condoléances aux « Frères bruns », ses camarades de Chamborant hussards.
[1] L’on pourra à ce sujet se reporter à mon communiqué en date du 24 octobre 2020 intitulé « Mali : le changement de paradigme s’impose ».
samedi 2 janvier 2021
L'Afrique Réelle n°133 - Janvier 2021
- L’Afrique du Nord dix ans après le désastre des « printemps arabes »
- Une économie africaine sinistrée
- Le Sahel : entre jihadisme « universaliste » et jihadisme « ethnique »
- Du trou noir du bassin du Congo à la Corne de l’Afrique et au naufrage sud-africain
- La Turquie et l’Afrique
Anniversaire :
La tragique et sanglante illusion des « printemps arabes »
dimanche 27 décembre 2020
Certains seraient-ils à ce point masochistes qu’ils ne viendraient en France que pour s’y faire discriminer… ?
Madame le ministre en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes », vient donc de faire un constat qui avait jusque-là échappé à l’esprit humain. A savoir que la population qui a créé un pays depuis des siècles ou même des millénaires, celle des indigènes, des primo-occupants, de ceux qui, par définition, sont de « souche », est naturellement davantage chez elle que les pérégrins. Un « privilège » universel qui est « jaune » au Japon ou en Chine, « noir » en Afrique et arabe en Arabie…
Question incidente à Madame le ministre français en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes »: au Cap-Vert, et plus généralement en Afrique, y-a-t-il beaucoup de présentateurs blancs, d’hommes politiques blancs et pourquoi pas de femmes blanches ministres en charge de « l’Egalité entre les femmes et les hommes »?
Plutôt que ces incessantes et arrogantes jérémiades quasi quotidiennement assénées par certains néo-Français semblant être à ce point masochistes qu’ils paraissent n’être venus en France que pour s’y faire « discriminer », ne serait-il pas plus juste et honnête de leur part de dire :
« D'être venu vivre chez vous m’a privilégié car j’ai pu avoir accès à un statut que je n’aurais pas eu chez moi. J’ai en effet pu profiter des infrastructures nées du labeur et des sacrifices de vos générations passées. Celles de ces paysans blancs qui ont défriché et bonifié votre terre, celles de ces mineurs de fond blancs qui mouraient de maladie avant 40 ans, celles de ces centaines de milliers d’ouvrier blancs qui ouvrirent vos routes, vos canaux et vos voies de chemin de fer à la pioche, celles de ces millions d’hommes blancs morts pour défendre la terre de leurs ancêtres, et dont les descendants ont aujourd'hui pour dernier « privilège » celui de devoir payer des impôts pour financer la CMU et pour loger, nourrir, éduquer, soigner, habiller, un nombre indéterminé de « citoyens du monde » venus, tels des coucous, profiter de nids qu’ils n’ont pas bâtis.... »
Mais il y a aussi un « privilège noir ». C’est celui de pouvoir cracher sur un footballeur blanc sans que cela provoque de réel émoi… Imaginons l’inverse !!! Ou de pouvoir, comme Madame Afsa Aksar, vice-présidente de l’UNEF dire :
- « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) cette sous race.
- « Tout ce que j’ai à dire c’est les blancs (sic) arrêtez de vous reproduire ».
- « Non à la mixité avec les blancs (sic)»
- « Je suis une extrémiste anti-blanc »
- « Le monde serait bien mieux sans les blancs (sic) » etc.,
L’église pourra alors être remise au centre du village…