(Ce communiqué peut être repris à condition d'en citer la source)
En 2017, la
Libye et l'Algérie sont passées sous le contrôle de Daesh qui en a fait le Califat
du Ponant. Profitant du désarmement moral des Européens, les islamistes
décident de l'envoi, par vagues successives, de 4 millions de migrants vers
l’Europe et plus spécifiquement vers la France, nouveau dâr al-harb[1]. A bord de certaines
embarcations, ont pris place des kamikazes chargés de couler les navires
portant secours aux forceurs de frontières et cela, afin de déstabiliser encore
davantage l'ennemi. L'opération est baptisée Prophète des mers.
Face à cette
guerre navale asymétrique, les rares frégates ultra-sophistiquées de la marine
française, taillées pour la lutte de haute mer, sont débordées. A l’inverse les
navires garde-côtes qui auraient dû être construits depuis longtemps afin de
sécuriser les frontières maritimes, manquent cruellement. Faute de prise en
compte par les autorités politiques des enjeux stratégiques vitaux que
constitue la frontière maritime méditerranéenne, la marine française est
impuissante.
Au sud,
harcelé le long d'un front ouvert depuis la Mauritanie à l'ouest jusqu'au
Soudan à l'est, le dispositif Barkhane
s'est replié sur le Burkina Faso afin de protéger la Côte d'Ivoire. Quant aux
dernières réserves opérationnelles françaises disponibles après des années de
déflation des effectifs, elles ont été positionnées autour de N'Djamena afin de
couvrir le Cameroun. Boko Haram, un
moment affaibli, a en effet refait ses forces grâce à des cadres venus de
Libye, d'Algérie mais aussi de Syrie.
En France
même, alors que se déroule la campagne présidentielle, plusieurs banlieues se
sont soulevées à la suite de contrôles d'identité ayant dégénéré. En raison de
la dissolution de plusieurs escadrons de gendarmes mobiles opérée sous la
présidence de Nicolas Sarkozy, les forces de l'ordre qui n'ont pas les
effectifs suffisants pour intervenir doivent se contenter de boucler les
périmètres insurgés. Les associations d'aide aux migrants dénoncent l'
"amalgame" et leurs mots
d'ordre sont abondamment relayés par les médias. Vingt cinq mille réservistes
de la gendarmerie sont rappelés cependant qu’ un peu partout, face à la
passivité de l'Etat, se constituent clandestinement des groupes de résistants
prêts à passer à l'action. La France est au bord de la guerre civile.
Comment en
est-on arrivé là ? Entre 2011 et 2017, conduite au chaos par l'intervention franco-otanienne, la Libye est
passée de la plus totale anarchie au califat, Daesh ayant réussi à y engerber les milices. Quant au général
Haftar, sur lequel la "communauté internationale" comptait pour
constituer une troisième force, il n'a pas pesé lourd face aux jihadistes. Impuissante, l'Egypte s'est illusoirement
retranchée derrière un mur électronique cependant que, quotidiennement, des
attentats y entretiennent un climat de guerre civile. Quant à la Tunisie, une
artificielle quiétude y règne car les jihadistes
qui ont besoin d'un pays-relais, se gardent de trop y tendre la situation, se
contentant d'y maintenir une pression calculée. Après plus d'un demi-siècle de
gabegie, de détournements de fonds publics, de népotisme et de récriminations à
l'égard de l'ancienne puissance coloniale, l'Algérie, cible principale des
islamistes de toutes obédiences depuis la décennie 1990, a, quant à elle,
basculé dans l'islamisme à la suite d'émeutes urbaines déclenchées par
l'effondrement de la rente pétrolière.
Tel est le
scénario auquel nous pourrions nous attendre à la veille de l'élection présidentielle
française. Avec une Marine sans moyens, mais en première ligne face à la
déferlante venue du sud, une Armée de terre aux effectifs rognés et isolée sur
le rideau défensif sahélien et une Gendarmerie démotivée en raison de son
alignement sur le modèle policier.
Bernard Lugan
07/08/2015
[1] Pays des infidèles contre lequel les musulmans sont en guerre jusqu'à la conversion de ces derniers.
[1] Pays des infidèles contre lequel les musulmans sont en guerre jusqu'à la conversion de ces derniers.