Le politiquement correct frappe également en Allemagne où l’équivalent du « massacre des Algériens » le 17 octobre 1961, est la guerre des Herero, ce conflit qui ensanglanta le Sud-Ouest africain, l’actuelle Namibie, au tout début du XX° siècle.
Le 11 janvier 2004, pour le centenaire du début de la guerre, M. Wolfgang Massing, ambassadeur d’Allemagne à Windhoek, exprima ses regrets « pour la conduite de l’armée allemande à l’égard du peuple herero ». Depuis, tous les superlatifs ont été employés, certains allant jusqu’à parler de « génocide ».
Or, dans cette affaire, l’acte d’accusation contre l’Allemagne est un montage datant de la Première guerre mondiale quand Français et Britanniques qui avaient besoin d’arguments « moraux » pour s’emparer de ses colonies, accusèrent l’Allemagne d’avoir failli à son « devoir de civilisation » en prenant pour exemple la manière avec laquelle elle avait réduit la révolte des Herero.
Le dossier passait totalement sous silence les actes atroces commis par les révoltés: familles de colons massacrées, torturées, les femmes violées puis dépecées vivantes sous les yeux de leurs enfants, les hommes émasculés puis éventrés... Le « traitement » que les Herero réservèrent à certaines femmes allemandes tombées vivantes entre leurs mains mérite d’être décrit : suspendues par les pieds à un arbre, jambes écartées, elles furent éventrées et éviscérées, comme des bêtes de boucherie… Ensuite, à ces mêmes arbres, les Allemands pendirent ceux qui s’étaient rendus coupables de ces meurtres abominables. Alors que nous n’avons que des témoignages concernant les premiers crimes, les exécutions judiciaires furent quant à elles photographiées et les clichés ensuite utilisés par la propagande alliée pour « démontrer » la « culpabilité coloniale allemande » (die koloniale Schuldluge).
Pour la gauche allemande et pour les Eglises qui soutiennent son combat, tous les militaires qui participèrent, de près ou de loin, à la guerre des Herero sont par définition des criminels. Y compris Paul Emil von Lettow-Vorbeck (1870-1964), légendaire officier colonial qui devrait pourtant figurer au Panthéon des gloires allemandes.
En 1904, il servait comme capitaine au Sud-Ouest africain quand il fut blessé au visage lors d'un engagement contre les Herero. Commandant les forces d’Afrique orientale durant le premier conflit mondial, il résista jusqu’après l’Armistice de 1918. Au mois de mars 1919, il rentra en Allemagne où il fut accueilli en héros, paradant triomphalement sous la Porte de Brandebourg. Il reçut ensuite le commandement d’une division de la Reichwehr avec laquelle il intervint à Hambourg en soutien du corps franc du capitaine de corvette Hermann Ehrhardt et contre l’insurrection communiste. Là est peut-être la vraie raison de la haine que lui portent aujourd’hui les héritiers des spartakistes.
Impliqué dans le putsch de Kapp, il fut mis à la retraite sans pension. Elu député du Parti National allemand en 1929, il siégea au Reichstag jusqu'en 1930, puis il écrivit ses Mémoires, voyagea en Europe et fut chaleureusement reçu en Grande-Bretagne. En 1935, il refusa le poste d'ambassadeur à Londres qu'Hitler lui proposait.
La Seconde Guerre mondiale terminée, il subit une épuration aussi injuste qu’infondée. Privé une nouvelle fois de sa retraite, il fut contraint de s’employer comme jardinier. Quand il apprit le sort indigne qui était réservé à son ancien valeureux adversaire durant la campagne d’Afrique orientale, le maréchal Smuts, organisa une souscription à laquelle participèrent nombre d’officiers britanniques et sud-africains qui firent publiquement part de leur méprisante indignation aux autorités allemandes.
En 1953, à l’invitation du Colonial Office, Paul von Lettow Vorbeck entreprit un voyage dans l'ancienne Afrique Orientale allemande. A Dar es Salam, lorsqu’il se présenta à la coupée du navire, la fanfare des King’s African Rifles joua en son honneur la marche de la Schutztruppe, le fameux Heia Safari, pendant que plusieurs centaines de ses anciens askari ayant revêtu leur tenue militaire lui faisaient une ovation. Il mourut à Hambourg le 9 mars 1964, à l'âge de 94 ans.
Aujourd’hui, en Allemagne, les quatre casernes de la Bundeswehr qui portaient le nom de Paul Emil von Lettow Vorbeck, à Brême, à Bad Segaberg, à Hambourg-Jenfeld et à Leer ont été débaptisées, de même que plusieurs rues. Des ouvrages indigents et d’une rare malhonnêteté intellectuelle ont été publiés afin de salir sa mémoire.
Mais que pèsent la petitesse et la bêtise face au mythe ? Le Heia Safari résonne en effet encore du Kilimandjaro à la Rufidji, portant les échos d’une Europe simplement endormie et dont le réveil sera douloureux pour les hypnotiseurs vicieux qui pensent la tenir définitivement en leur pouvoir.
Bernard Lugan
Bernard Lugan
28/02/2012