mardi 24 mai 2022

Nouveau livre de Bernard Lugan : Mai 68 vu d'en face, quand les rebelles n'étaient pas ceux qu'on croit






















Présentation


Dans notre pays où est sacralisé le souvenir de la « révolution » de Mai 68, véritable rite de passage pour toute une génération, il n’y a guère de place dans les récits officiels pour la mémoire des réprouvés qui se sont tenus, bien inférieurs en nombre, de l’autre côté de la barricade. C’est dans cet improbable corps franc que se sont regroupés les mousquetaires, les soudards, les irrévérencieux, les vrais rebelles de leur temps – dont l’auteur de cet ouvrage fut l’un des membres les plus éminents. En chroniqueur espiègle de cette formidable épopée militante, Bernard Lugan nous entraîne au milieu des souvenirs de sa folle jeunesse avec une insolence dont il ne s’est jamais départi. Une aventure à la hussarde qui fleure bon les coups de trique, les bistrots parisiens, les femmes légères et les chants coloniaux.

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samedi 21 mai 2022

Pap Ndiaye ministre de l’Education nationale, ou comment Emmanuel Macron livre la jeunesse de France à l’idéologie indigéniste et décoloniale…

Jules Ferry et Charles Péguy qui, à travers l’Ecole, louaient à des titres différents la valorisation des valeurs patriotiques et citoyennes, doivent se retourner dans leurs tombes. Après l’acceptation de la subversion islamo-gauchiste, voilà maintenant qu’à la tête de la malheureuse éducation dite « nationale », est nommé le représentant d’une idéologie révolutionnaire  née sur les campus américains où lui-même a été formé avant d’y enseigner, et pour qui « Il existe bien un racisme structurel en France ».

Plus que de longs développements, je m’en tiendrai à deux grandes déclarations de notre nouveau « hussard de la République » qui vont constituer la toile de fond de sa politique éducationnelle :

1) La France « c’est le plus grand pays d’immigration d’Europe (mais) il n’y a pas de statue de la Liberté en France pour accueillir les migrants. C’est d’ailleurs une ambiguïté de notre pays ; les questions d’immigrations n’ont pas leur place dans le récit national. Or c’est pourtant essentiel si l’on veut comprendre notre histoire ».

Traduction : les futurs programmes seront fondés sur la déconstruction de notre histoire nationale afin d’y intégrer les nuées venues des Etats-Unis car, comme l’a fort bien exprimé Houria Bouteldja: « Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) » (Houria Bouteldja).

2) « Le terme islamo-gauchisme ne désigne aucune réalité à l’université (…) c’est une manière de stigmatiser des courants de recherche » ( France-Inter 20 mai 2021)

Traduction : les islamo-gauchistes vont encore davantage pouvoir prendre possession des universités françaises dont ils font peu-à-peu leurs places-fortes.

Avec la nouvelle victoire  de cette idéologie dont le but avoué est la destruction de notre héritage historique, les dernières digues illusoires des « droits de l’homme », du « vivre ensemble », du « pas d’amalgame » et de la « laïcité », viennent d’être emportées.
Le temps de la résistance intellectuelle et morale est donc bien venu. Mais, pour combattre, encore faut-il des armes. Voilà pourquoi j’ai écrit « Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance ».

mercredi 18 mai 2022

Comment, au nom de nuées morales, la France se coupe méthodiquement de ses derniers amis africains

La France est arrivée au bout de son capital sympathie africain. Pour deux grandes raisons :

1) Le diktat démocratique qu’elle cherche à imposer à ses anciennes colonies et qui ne correspond que de très loin aux conceptions politiques locales.

2) Son ingérence dans les questions sociétales. C’est ainsi que le mariage homosexuel et la théorie du genre promus dans ses centres culturels révulsent littéralement les Africains.

Parmi toutes les ingérences de Paris, celle dite des « biens mal acquis » cristallise ce sentiment anti-Français qui monte dans toute l’Afrique francophone. Les biens dits « mal acquis » sont les possessions immobilières et mobilières de dirigeants d’Etats africains que certaines ONG classées à la gauche de la gauche, postulent avoir été achetées grâce à des détournements de fonds. Or, et il est essentiel de bien le préciser, qu’ils soient réels ou non, ces « détournements » postulés n’ont pas été faits en France, aux dépens de la société française, mais dans les pays d’origine.

Or, pour les Africains, le fait que la justice française s’immisce dans la manière dont leurs dirigeants gèrent leurs pays respectifs, est vu comme une insupportable ingérence. Mais aussi comme une forme de paternalisme puisque la France se met à la place des peuples postulés victimes, afin de rendre en leur nom une justice qu’ils seraient incapables de demander. Nous voilà donc de nouveau dans l’esprit de la colonisation philanthropique promue par la gauche française à la fin du XIXe siècle quand, pour elle, coloniser allait permettre de libérer les populations des tyrans qui les asservissaient (Voir à ce sujet mon livre Colonisation, l’histoire à l’endroit).

De plus, suprême humiliation, lors des procès qui se tiennent en France, les médias mettent sur la place publique la vie privée des dirigeants africains. Or, en Afrique, où la définition du pouvoir n’est pas celle de nos sociétés exhibitionnistes, il existe une profonde pudeur sur ces questions.

La justice française fait également peser une véritable épée de Damoclès sur la tête de ceux des responsables politiques africains qui ont eu la maladresse d’investir en France. Il suffit en effet que tel ou tel groupe d’opposition décidé à  les déstabiliser  prenne langue avec les ONG françaises autorisées à mettre en branle l’appareil judiciaire, pour que des poursuites soient quasi automatiquement engagées.

Localement en position difficile, les représentants diplomatiques français tentent d’expliquer à leurs interlocuteurs qu’en France, l’on vit dans un système de séparation des pouvoirs et que le gouvernement ne peut aller contre ce principe constitutionnel. Les dirigeants africains ont alors beau jeu de leur rappeler que c’est le gouvernement français lui-même qui a donné à Transparency International, à Sherpa et à une poignée d’autres ONG, ce pouvoir exorbitant qu’est l’agrément leur permettant de déclencher l’action publique en se constituant partie civile. D’autant plus que le 4 septembre 2021, le Garde des Sceaux, Monsieur Eric Dupont Moretti a renouvelé l’agrément de Transparency International France...

Au nom de principes moraux totalement décalés en Afrique, la machine judiciaire française est ainsi devenue le porte-glaive d’ONG internationales. Le plus singulier est que, d’une manière que l’on pourrait à minima qualifier d’insolite, ces dernières ciblent systématiquement et très prioritairement les derniers alliés de la France en Afrique, ainsi que les pays dans lesquels de grandes sociétés françaises sont encore présentes. Comme si elles agissaient au profit de ceux qui ont intérêt à voir la France quitter l’Afrique. Un comportement qui, en d’autres temps, aurait été assimilé à une forme de trahison.

Quelques exemples :

- Theodorin Obiang  vice-président de la Guinée équatoriale, un pays qui s’était largement ouvert aux intérêts français, a été condamné le  27 octobre 2017 par le Tribunal correctionnel de Paris à 3 ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende et à la confiscation de tous ses biens en France. La Cour de Cassation a rejeté son pourvoi.

- En 2018 plainte avec constitution de partie civile fut déposée contre le président Denis Sassou Nguesso du Congo, ami fidèle de la France.

Or, et il importe de le redire, les dirigeants de ces deux Etats pétroliers n’ont en aucune manière lésé la France ou détourné l’argent des Français. Tout au contraire, ils ont accordé des concessions pétrolières à des firmes françaises et ont placé leurs biens en France.

Dernier exemple, au mois d’avril 2022, Grâce, Bethy, Arthur et Hermine Bongo quatre des 54 enfants du défunt président Omar Bongo mort en 2009, ont été mis en examen en tant qu’héritiers de leur père qui leur a légué des immeubles parisiens achetés il y a un quart de siècle… Résultat, en dehors des autorités militaires présentes lors du cocktail du 10 mai dernier, lors de la visite exceptionnelle du Groupe maritime Jeanne d’Arc au Gabon, et contrairement à toutes les traditions, il n’y eut aucune visite d’officiels gabonais à bord du porte-hélicoptères Mistral. De plus, pour la première fois, une manifestation exigeant le départ des militaires français, donc la fermeture de l’emblématique camp de Gaulle où sont stationnés le 6° BIMA (Bataillon d’infanterie de marine) et les autres  Eléments français au Gabon, a été annoncée et autorisée.

La « politique des juges » a donc gravement altéré la relation bilatérale franco-gabonaise. Ressentie à Libreville comme une véritable persécution, le pouvoir gabonais la dénonce comme étant directement instrumentalisée par ses opposants exilés à Paris.
Les ONG et les juges concernés auront donc fait du « bon travail » en faisant perdre à la France l’un de ses derniers points d’appui en Afrique… D’autant plus que les dirigeants mis en cause ne sont guère affectés localement par les procédures parisiennes, tandis qu’ils peuvent exercer des représailles sur les sociétés françaises désireuses de s’implanter ou de se développer dans leurs pays respectifs.

Pendant que certains juges sapent consciencieusement ce qui reste encore de présence française en Afrique, Chinois, Indiens, Russes et Turcs se frottent les mains en assistant amusés au suicide de ce qui fut une grande puissance…

dimanche 1 mai 2022

L'Afrique Réelle n°149 - Mai 2022

Sommaire

Dossier : Comprendre la question du Sahel
- L’arc de crise saharo-sahélien 
- Quand le climat explique l’histoire
- Les deux Sahel
- Les populations du Sahel
- Les Touareg vont-ils disparaître ?


Editorial de Bernard Lugan

La fin de l’opération  Barkhane ne signifie pas la fin de la dislocation sahélienne car tous les facteurs de crise demeurent. 
Un phénomène aggravé par la proximité de deux grands foyers de déstabilisation  situés dans le nord du Nigeria avec Boko Haram, et plus au nord, en Libye, où la disparition de l’Etat donne aux trafiquants et aux terroristes, des opportunités exceptionnelles.

La crise que traverse la région sahélienne a plusieurs origines et l’on se reportera pour leur étude détaillée à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours :

- L’espace sahélo-saharien, monde de contacts ouvert, a été cloisonné par des frontières artificielles. Le Mali a ainsi plus de 7000 km de frontières avec 7 pays dont 1300 avec l’Algérie, 2200 avec la Mauritanie, 1000 avec le Burkina Faso, 800 avec le Niger. Quant à la Libye, elle en a  4500 km avec 6 voisins. Les groupes terroristes mobiles se jouent donc de ces frontières-passoires.

- Véritables « prisons de peuples », ces frontières forcent à vivre ensemble des pasteurs nordistes et des agriculteurs sédentaires sudistes historiquement en conflit. Or, l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sédentaires, ce que les pasteurs n’acceptent plus.

Aux lignes de fractures sahéliennes inscrites dans le temps long s’ajoutent de nouveaux éléments déstabilisateurs :

- La région est devenue un relais pour les organisations mafieuses qui prospèrent sur le désordre sahélien et qui se donnent une rhétorique religieuse afin de brouiller les cartes. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, déchets toxiques, médicaments, pétrole, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue, cocaïne et héroïne érigeant la ceinture sahélienne en véritable « hub du narcotrafic ». 

- La région est devenue une terre à prendre, ses matières premières (uranium, fer, pétrole etc.) y attirant de nouveaux acteurs comme la Chine, la Turquie ou encore l’Inde. 

- Les sécheresses, la pauvreté, la précarité économique et sociale interdisent toute perspective pour une jeunesse plombée par  la suicidaire démographie.

Tout cela condamne le Sahel au chaos. D’autant plus que la défaillance politique et économique d’États incapables d’assumer les attributs de la souveraineté et de s’ancrer à la modernité ne donne pas des raisons d’espérer.