dimanche 12 juin 2016

Libye : devons-nous applaudir à la victoire remportée à Syrte par le choléra salafiste sur la peste jihadiste ?

L'Etat islamique (EI), surinfection d’une plaie jihadiste ouverte en 2011 avec la mort du colonel Kadhafi, est un commode « ennemi de confort » permettant d’éviter de désigner les vrais responsables du chaos. Que l’on réfléchisse un instant : 
- L’Etat islamique n’étant implanté à Syrte que depuis 2015, ce n’est donc pas lui qui a provoqué une anarchie libyenne ayant commencé en 2011, mais les milices salafistes de Tripoli et celles des Frères musulmans de Misrata.
- Ce n’est pas davantage l’EI, dont la base démographique est insignifiante, qui envoie des dizaines de milliers de migrants en Europe, mais les cités côtières dont celles de Tripoli et de Misrata. Mêlées à tous les trafics, ce sont ces dernières qui se livrent à la forme contemporaine de la traite des esclaves.
Or, soutenus militairement par la Turquie, par l’insatiable petit émirat du Qatar, par l’Europe et par les Etats-Unis,  ceux qui sont à l’origine du chaos -et qui en vivent-, viennent de se refaire une vertu auprès de la communauté internationale en chassant de Syrte un Etat islamique qu’ils avaient pourtant longtemps toléré… Cette victoire d’une fraction jihadiste sur une autre n’est en rien un gage de paix pour la Libye et pour toute la région. Le problème de fond est en effet ailleurs : les alliances tribales sur lesquelles reposait l’ordre socio-politique libyen ont été éclatées par l’intervention franco-otanienne de 2011. Dans le vide alors créé se sont engouffrés des acteurs secondaires devenus artificiellement les maîtres du jeu. Qu’il s’agisse des Frères musulmans de Misrata, des islamo-jihadistes de Tripoli ou de l’Etat islamique. Toute pacification de la Libye passe donc par le rééquilibrage entre les vrais acteurs tribaux actuellement tenus à l’écart du processus politique, et ces acteurs secondaires que la communauté internationale s’obstine à vouloir installer au pouvoir à travers le gouvernement dit d’Union nationale dominé par Misrata et placé à la merci de ses milices.

Dans cette analyse, je développerai quatre points :
1) Les raisons de l’échec de l’Etat islamique en Libye,
2) Les balbutiements du gouvernement d’Union nationale
3) La situation sur le terrain militaire et diplomatique
4) Les  vrais moyens de reconstruire la Libye

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