L'Etat islamique (EI), surinfection d’une plaie
jihadiste ouverte en 2011 avec la mort du colonel Kadhafi, est un commode « ennemi
de confort » permettant d’éviter de désigner les vrais responsables du
chaos. Que l’on réfléchisse un instant :
- L’Etat islamique n’étant implanté à Syrte que depuis 2015, ce n’est
donc pas lui qui a provoqué une anarchie libyenne ayant commencé en 2011, mais
les milices salafistes de Tripoli et celles des Frères musulmans de Misrata.
- Ce n’est pas davantage l’EI,
dont la base démographique est insignifiante, qui envoie des dizaines de
milliers de migrants en Europe, mais les cités côtières dont celles de Tripoli
et de Misrata. Mêlées à tous les trafics, ce sont ces dernières qui se livrent
à la forme contemporaine de la traite des esclaves.
Or, soutenus militairement
par la Turquie, par l’insatiable petit émirat du Qatar, par l’Europe et par les
Etats-Unis, ceux qui sont à l’origine du
chaos -et qui en vivent-, viennent de se refaire une vertu auprès de la
communauté internationale en chassant de Syrte un Etat islamique qu’ils avaient pourtant longtemps toléré… Cette
victoire d’une fraction jihadiste sur une autre n’est en rien un gage de paix
pour la Libye et pour toute la région. Le problème de fond est en effet ailleurs :
les alliances tribales sur lesquelles reposait l’ordre socio-politique libyen
ont été éclatées par l’intervention franco-otanienne de 2011. Dans le vide
alors créé se sont engouffrés des acteurs secondaires devenus artificiellement
les maîtres du jeu. Qu’il s’agisse des Frères
musulmans de Misrata, des islamo-jihadistes de Tripoli ou de l’Etat islamique. Toute pacification de la
Libye passe donc par le rééquilibrage entre les vrais acteurs tribaux actuellement
tenus à l’écart du processus politique, et ces acteurs secondaires que la
communauté internationale s’obstine à vouloir installer au pouvoir à travers le
gouvernement dit d’Union nationale dominé
par Misrata et placé à la merci de ses milices.
Dans cette analyse, je
développerai quatre points :
1) Les raisons de l’échec de
l’Etat islamique en Libye,
2) Les balbutiements du
gouvernement d’Union nationale
3) La situation sur le
terrain militaire et diplomatique
4) Les vrais moyens de reconstruire la Libye
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné.