Maître Peter Erlinder, avocat de nationalité américaine et président de l’association des avocats de la Défense au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) a été arrêté à Kigali le 28 mai 2010 alors qu’il s’y trouvait pour y assurer la défense de madame Victoire Ingabire, candidate hutu aux élections présidentielles du 9 août 2010, elle-même emprisonnée pour « négation du génocide, divisionnisme ethnique et terrorisme ». Maître Erlinder qui est poursuivi pour « négation et occultation du génocide » devrait être présenté devant la justice rwandaise en début de semaine. Il risque en théorie une peine de plusieurs années de prison.
Cette arrestation qui a provoqué une vive émotion aux Etats-Unis, principal soutien de Kigali, semble insolite tant ses conséquences vont rapidement apparaître comme contre-productives pour un régime devenu nerveux en raison des dissidences apparues au sein même de son premier cercle. En consultant l’impressionnante liste de personnages-clé du FPR,-hauts gradés de l’armée, de ministres, d’ambassadeurs etc.-, qui ont quitté le pays, ou qui y ont été emprisonnés, il est désormais difficile de ne pas parler d’autodestruction du système Kagamé. Après le général Faustin Kayumba Nyamwasa, longtemps numéro deux du régime et aujourd’hui réfugié en Afrique du Sud où il a rejoint le colonel Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements extérieurs, plusieurs très importants responsables militaires tutsi ont ainsi été suspendus ou mis aux arrêts, dont le général Emmanuel Karenzi Karake, ancien commandant en second de la mission de paix ONU-UA (Minuad) déployée au Darfour et le général Charles Muhire, ancien chef d’état-major des forces aériennes.
Le régime est également engagé dans une course contre la montre avec la justice internationale, les procédures judiciaires entamées par les juges Jean-Louis Bruguière en France et Fernando Andreu Merelles en Espagne étant toujours d’actualité en dépit des pressions subies par les juges français. Paul Kagamé est ainsi suspecté par la Justice française d’être le concepteur et le donneur d’ordre de l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Habyarimana, attentat qui fut l’élément déclencheur du génocide ; quant à la Justice espagnole, elle l’accuse d’être l’organisateur des crimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes de terrorisme dont sont collectivement accusés 40 officiers rwandais inculpés par l’Audiencia Civil. Quant au TPIR, c’est uniquement parce que les Etats-Unis d’Amérique y ont mis leur veto que les actes d’accusation contre les plus hauts dignitaires du FPR n’ont pas été signés par le Procureur.
Au mois d’avril 2010, Maître Erlinder a directement porté plainte aux Etats-Unis contre le président Paul Kagamé qu’il accuse d’avoir fait abattre l’avion du président Habyarimana. Cette plainte a été reçue comme une provocation à Kigali car de plus en plus nombreux sont les Américains qui commencent à s’interroger sur la nature du régime rwandais et qui se demandent pourquoi leur administration a toujours bloqué toute enquête du TPIR concernant cet attentat.
Cette arrestation qui a provoqué une vive émotion aux Etats-Unis, principal soutien de Kigali, semble insolite tant ses conséquences vont rapidement apparaître comme contre-productives pour un régime devenu nerveux en raison des dissidences apparues au sein même de son premier cercle. En consultant l’impressionnante liste de personnages-clé du FPR,-hauts gradés de l’armée, de ministres, d’ambassadeurs etc.-, qui ont quitté le pays, ou qui y ont été emprisonnés, il est désormais difficile de ne pas parler d’autodestruction du système Kagamé. Après le général Faustin Kayumba Nyamwasa, longtemps numéro deux du régime et aujourd’hui réfugié en Afrique du Sud où il a rejoint le colonel Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements extérieurs, plusieurs très importants responsables militaires tutsi ont ainsi été suspendus ou mis aux arrêts, dont le général Emmanuel Karenzi Karake, ancien commandant en second de la mission de paix ONU-UA (Minuad) déployée au Darfour et le général Charles Muhire, ancien chef d’état-major des forces aériennes.
Le régime est également engagé dans une course contre la montre avec la justice internationale, les procédures judiciaires entamées par les juges Jean-Louis Bruguière en France et Fernando Andreu Merelles en Espagne étant toujours d’actualité en dépit des pressions subies par les juges français. Paul Kagamé est ainsi suspecté par la Justice française d’être le concepteur et le donneur d’ordre de l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Habyarimana, attentat qui fut l’élément déclencheur du génocide ; quant à la Justice espagnole, elle l’accuse d’être l’organisateur des crimes de génocide, des crimes de guerre et des crimes de terrorisme dont sont collectivement accusés 40 officiers rwandais inculpés par l’Audiencia Civil. Quant au TPIR, c’est uniquement parce que les Etats-Unis d’Amérique y ont mis leur veto que les actes d’accusation contre les plus hauts dignitaires du FPR n’ont pas été signés par le Procureur.
Au mois d’avril 2010, Maître Erlinder a directement porté plainte aux Etats-Unis contre le président Paul Kagamé qu’il accuse d’avoir fait abattre l’avion du président Habyarimana. Cette plainte a été reçue comme une provocation à Kigali car de plus en plus nombreux sont les Américains qui commencent à s’interroger sur la nature du régime rwandais et qui se demandent pourquoi leur administration a toujours bloqué toute enquête du TPIR concernant cet attentat.
C’est dans ce contexte chargé que le président Kagamé s’est senti « nargué » par l’influent avocat et qu’il a décidé de le faire arrêter, commettant ainsi une faute politique dont les conséquences vont être lourdes pour lui.
Bernard Lugan
30/05/2010
Bernard Lugan
30/05/2010