mercredi 30 avril 2025

L'Afrique Réelle n°185 - Mai 2025

Sommaire

Actualité :
- Soudan du Sud : l'éternelle guerre entre Dinka et Nuer
- Tchad et Soudan : une guerre annoncée ?
- Le Burkina Faso peut-il survivre à une offensive jihadiste ?
Dossier : 
Pourquoi la guerre au Nigeria central ?
Algérie
- Les assassinats d'Abane Ramdane et de Krim Belkacem : deux règlements de compte au sein du "Système" algérien
- Vincent-Yves Boutin et l'expédition d'Alger de 1830

Editorial de Bernard Lugan

Ce numéro de l’Afrique Réelle a pour coeur la question ethnique africaine si obstinément niée par l’ « école africaniste française » et par les « africanistes » du Quai d’Orsay.

Ainsi en est-il de la guerre du Burkina Faso clairement inscrite dans un cadre sous-régional englobant le sud du Mali, le Niger fluvial, le nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin.
Or, dans toutes ces régions, le soubassement de la dislocation est formé par la résurgence de conflits ethniques antérieurs à la période coloniale. Renaissant actuellement sous forme de querelles paysannes amplifiées par la surpopulation et par la péjoration climatique, ils entrent ensuite tout à fait artificiellement mais directement, dans le champ du jihad, cette surinfection de la plaie ethnique.

Dans le Mali central et dans le nord du Burkina Faso, les actuels massacres ethniques découlent ainsi d’abord de conflits datant de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, quand la région fut conquise par des éleveurs Peul dont l’impérialisme s’abritait derrière le paravent du jihad comme cela est expliqué dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.

Il faut en effet bien voir que c’est d’abord sur le socle de ces souvenirs toujours présents dans les mémoires que le sud du Mali, l’ancien Macina historique, région administrative de Mopti, s’embrasa avant de déborder au Burkina Faso.
En partie composé du delta intérieur du Niger, la région est partiellement inondée une partie de l’année, donnant naissance à des zones exondées très fertiles convoitées à la fois par les agriculteurs Dogon, Songhay, Bambara et autres, ainsi que par les éleveurs Peul. Or, les jihadistes du Macina et du Burkina Faso étant essentiellement des Peul, l’ethnisation du conflit y a donc pris une forme de plus en plus radicale.

Au Nigeria, la principale raison des massacres qui ensanglantent actuellement le centre du pays est la reprise du jihad colonial peul qui avait été mis entre parenthèses par la colonisation britannique.

Au Tchad, les ethnies transfrontalières sont ulcérées de voir que le président Déby soutient les milices arabes qui, à l’époque précoloniale les réduisaient en esclavage, et qui, lors de la guerre du Darfour des années 2000, ont quasi-ethnocidé les leurs.

Quant au Soudan du Sud, il sombre sous nos yeux dans une guerre civile que la sous-culture journalistique voit comme un conflit entre l’armée gouvernementale et des forces rebelles. Alors qu’en réalité, et une fois encore, nous sommes en présence d’une guerre d'abord ethno-tribale entre les deux principales ethnies du pays, les Dinka et les Nuer.

Et certains idéologues continueront à soutenir avec Jean-Pierre Chrétien, Jean-Loup Amselle et Catherine Coquery-Vidrovitch, que les ethnies africaines sont un « fantasme colonial »...

jeudi 24 avril 2025

Haïti et Madagascar : Emmanuel Macron ou la pathologie de la repentance

En une semaine, dans une démarche de repentance relevant de la pathologie masochiste, Emmanuel Macron a, et par deux fois, piétiné l’histoire de France. 

1) Au sujet d’Haïti, il a ainsi totalement passé sous silence les horreurs du génocide de 1804, quand toutes les familles blanches de la partie française de l’île de Saint-Domingue, à savoir plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants furent atrocement « liquidés ». Il s’agit alors d’une véritable épuration raciale. Ayant décidé de vider le pays de sa population blanche, Dessalines, pour lequel le président Macron n’a pas de dithyrambe suffisamment fort, décida en effet de la faire massacrer selon un plan de génocide notamment connu par le décret du 22 février 1804 ordonnant l’élimination générale des Blancs, y compris les femmes et les enfants. Seules furent alors épargnées les rares femmes blanches qui acceptèrent d’épouser des Noirs. Quant aux autres, après avoir été violées, elles eurent la tête tranchée avant d’être éviscérées… Un tel traitement mérite sans aucun doute que la France dédommage Haïti comme a décidé de le faire Emmanuel Macron…

2) Lors de son récent voyage à Madagascar, allant toujours plus loin dans l’exercice de la repentance, le président Macron a osé parler de mettre en place les « conditions » du pardon » pour la colonisation.
Or, l’exemple de Madagascar est particulièrement mal choisi. Mais encore faut-il pour cela avoir un minimum de culture historique (Voir à ce sujet mon livre Colonisation l’histoire à l’endroit, comment la France estdevenue la colonie de ses colonies.) ce qui, à l’évidence, sauf erreur ou omission, ne semble pas le cas pour l’actuel président de la République.

La suite de cette analyse (85%) est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle.

jeudi 10 avril 2025

Offre spéciale : abonnement + livre

L’Afrique réelle est une revue mensuelle par internet dirigée par Bernard Lugan. Envoyée à ses abonnés par PDF le premier jour de chaque mois, depuis plus de trois décennies, elle donne à ses abonnés un éclairage sur les Afriques fondé sur le seul réel.

Cette revue toujours très largement illustrée de cartes permet à ses lecteurs de disposer d’analyses originales régulièrement démarquées de la doxa et des poncifs dominants. En plus de la revue, les abonnés reçoivent, quand l’actualité le demande, les communiqués et les analyses ponctuelles de Bernard Lugan.

Si cette offre d’abonnement retenait votre intérêt, vous recevriez les quatre premiers numéros de l’année 2025, ainsi que les communiqués et analyses déjà reçus par les abonnés.

Un livre de Bernard Lugan vous sera offert et envoyé par la poste comme cadeau de bienvenue. Au choix :
- Histoire de la Libye
- Colonisation, l’histoire à l’endroit. Comment la France est devenue la colonie de ses colonies.

Pour en profiter :


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mardi 1 avril 2025

L'Afrique Réelle n°184 - Avril 2025

Sommaire

Dossier : RDC
- Les racines de la question congolaise
- La démocratie ethnique congolaise
- Le temps des massacres
- L’Opération Ommegang
- Le Zaïre du maréchal Mobutu 
- Le Rwanda, les Banyamulenge et la conquête du Zaïre
- La RDC des Kabila père et fils
- L’interminable guerre du Kivu
Algerie :
Histoire des Algéries de Bernard Lugan :
Une historiographie qui bouscule les certitudes


Editorial de Bernard Lugan

RDC : changer de paradigme

La guerre qui embrase actuellement le Kivu a des causes lointaines inscrites dans la longue histoire précoloniale régionale. 
Quant à ses causes immédiates, elles remontent au 6 avril 1994, quand ceux qui assassinèrent le président du Rwanda, le Hutu Juvénal Habyarimana, provoquèrent le génocide qui s’abattit sur la population tutsi. 
Deux ans plus tard, ayant conquis le pouvoir au Rwanda, le général Kagamé attaqua  le Zaïre-RDC. Voilà pourquoi, depuis 1996, le Rwanda occupe la région du Kivu qu’il transforme peu-à-peu en un protectorat dont il exploite les richesses, la RDC étant dans la totale incapacité de défendre son intégrité territoriale. 
Plus généralement, dans le  Congo oriental, la guerre n’a pas cessé depuis 1960. 
Qu’il s’agisse de celle des Simba, des guerres de l’Ituri et du Kivu, elles découlent toutes d’une réalité qui est que l’Etat congolais est impuissant. 
Artificiel conglomérat géographique et humain, ses peuples, dont certains aux fortes identités, n’ont pas le sentiment d’appartenir à un tout commun. Sa création dans les chancelleries européennes à la fin du XIXe siècle  s’est faite afin d’éviter un conflit  entre les puissances européennes qui convoitaient  le bassin du Congo. 
Cette immense région fut alors soustraite aux appétits des grands acteurs coloniaux et offerte au Roi des Belges qui ne menaçait pas les équilibres européens. 
        
Aujourd’hui, la réalité est qu’une grande partie de la zone comprise entre la forêt, le lac Albert, le lac Kivu et le nord du lac Tanganyika est redevenue le champ naturel d’expansion des vieux Etats de la vache et de la lance que sont le Rwanda et l’Ouganda. Face à cette donnée séculaire, l’artificielle RDC est impuissante. 
Aussi, et que cela plaise ou non, la solution passe par un retour au réel. C’est-à-dire à la remise en question des définitions constitutionnelles  actuelles du pays. Donc à l’acceptation d’une forme très élargie de fédéralisme afin  d’atténuer les conséquences du « charcutage » colonial.
Autrement, le pays éclatera car, l’accumulation des crises fait que se posera un jour la question de l’existence même de la RDC dans ses frontières héritées de la colonisation. 
Le principe  de l’intangibilité des frontières  passe d’ailleurs de plus en plus pour un héritage colonial auprès d’une nouvelle génération d’hommes politiques africains qui mettent en avant l’authenticité et la réappropriation de l’histoire. Mais tout en s’affirmant paradoxalement comme panafricanistes.