1) Le
mardi 14 avril 2015 vers 17 heures, je suis contacté par téléphone par la
direction de l’enseignement des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) qui me
signifie verbalement l’annulation de toutes mes interventions programmées, sans
en préciser les raisons ;
2) Officiellement,
à ce jour, je n'ai reçu aucune information écrite concernant ces annulations;
3) Je ne sais pas plus officiellement ce qui a motivé cette décision-sanction;
4) J'ignore la nature de l’autorité qui l’a ordonnée.
Or,
l’ancien journaliste à Libération Jean-Dominique MERCHET, proche des
milieux de gauche et qui se targue d’être informé directement par le cabinet du
MINDEF (Ministère de la Défense) rapporte dans un article publié sur son blog
le 15 avril 2015 que :
1) « les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC)… confirment que « suite
à ses (mes) récentes déclarations
sur le déplacement du secrétaire d'Etat aux anciens
combattants à Sétif mettant formellement en cause le chef des armées (François Hollande), le commandement des écoles a annulé sa (ma) prestation du 29 avril, sans remettre en
cause son (mon) expertise d’historien ni
présumer de l’avenir de la
collaboration entre les ESCC et Mr Bernard Lugan ».
2) L’entourage du ministre a rappelé
la « consigne » donnée il y a un an et que doivent respecter
les universitaires intervenant aux Ecoles, en particulier
de Saint Cyr Coëtquidan, de ne déclencher aucune polémique et de ne
pas nuire à l’image des dites
écoles.
II) Analyse des faits
Dans
un article très documenté au sujet du futur déplacement du secrétaire d’état français
aux anciens combattants à Sétif, publié exclusivement sur mon blog le 9 avril
2015 et sans qu'il y soit fait état de mes enseignements aux ESCC, j'étais légitimement
fondé à exprimer mon avis tant es qualité d’historien chercheur qu’en vertu de
ma liberté d’expression en dehors de mes interventions aux ESCC. Même si cela
s'est fait en des termes qui effectivement incriminent le chef de l’Etat :
« la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement
à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre à
la fois son aveuglement historique et son sectarisme politique puisqu'il
cautionne la re-écriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au
prix d'une nouvelle humiliation de la France. »
Si
l’on en croit Jean-Dominique MERCHET, la décision du Général Commandant les
ESCC de suspendre mes interventions:
1) Ne
se fonde pas sur une remise en cause de mon expertise d’historien chercheur sur
l’Afrique et donc notamment sur les évènements du 8 mai 1945 qui se sont
déroulés à Sétif;
2) Serait une interprétation autoritaire à caractère politique émanant au mieux du
rappel à la consigne du cabinet du ministre (voir plus haut).
Or,
en l'état, il n’y a aucune trace d’une quelconque polémique déclenchée par mon
article intitulé « Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste » depuis
sa publication sur mon blog le 9 avril.
De
plus, en quoi cet article aurait-il pu porter atteinte à l’image de
l’enseignement des écoles de Saint Cyr Coëtquidan alors qu'il n'y est
aucunement fait mention de ces dernières?
En
l’espèce, c'est l’interprétation de la nature politique de cette sanction par Jean-Dominique
MERCHET qui crée une polémique nuisant à la réputation du commandement des
écoles et qui remet en cause la qualité de son enseignement sur l’Afrique.
Quant
à mon avis parfaitement argumenté sur la décision de François Hollande
d’envoyer le secrétaire d’état aux anciens combattants à Sétif, il est tout à
fait légitime, même s'il conteste effectivement le bien fondé tant historique
que politique de la décision du chef de l’Etat. Ce dernier n’en demeure en
effet pas moins un homme public et la Cour européenne des droits de l’homme
précise à ce sujet qu’il est soumis à la critique, même désagréable, de ses
compatriotes.
Nous
serions donc face à une sanction prise contre la liberté d'expression pourtant
garantie à tout citoyen par la Constitution. Sauf naturellement à devoir considérer
que le seul fait d’intervenir aux écoles de Saint Cyr Coëtquidan priverait par
voie de conséquence tout universitaire de sa liberté d’expression, y compris en
dehors des dites écoles...
Dès
lors, je suis en droit de m’interroger publiquement sur les véritables
motivations d’une telle décision qui bafouerait ma liberté d’expression. En
l’absence d’information officielle écrite, je demande donc une audience au
commandant des ESCC pour connaître tant l’auteur de cette décision insolite et
attentatoire aux libertés, que ses motivations. Cela afin d’en comprendre la
nature exacte et être en mesure d'y porter réponse, éventuellement devant les
juridictions nationales et européennes compétentes.
Bernard Lugan
16/04/2015
Ne pas se laisser faire par ce gouvernement liberticide sur tant de plans.
RépondreSupprimerLes dérives du gouvernement socialiste en matière de liberté d'expression et de respect de la vie privée sont extrêmement inquiétantes. Par ailleurs, le mutisme assourdissant des médias rend ses derniers complices, ce qui n'arrangera aucunement l'évolution des tirages.
RépondreSupprimerUn citoyen inquiet.
Combien de Rafale l'Algérie doit-elle encore nous acheter ?
RépondreSupprimerNe cherchons pas plus loin les raisons de la complaisance gouvernementale à aller battre notre coulpe sur les événements de Sétif en 1945 !
Monsieur Lugan n'est sans doute pas assez naïf pour l'ignorer et ne peut s'étonner d'être ainsi "sanctionné" !
Comme l'a dit naguère un mémorable ministre de la Défense, socialiste de surcroit : Quand on n'est pas d'accord, on la ferme ou on démissionne...
""Quand on n'est pas d'accord, on la ferme ou on démissionne..." Oui, mais dans ce cas comme le fait remarquer Monsieur Logan, ses propos sont fait sur son blog privé (liberté d'expression?) et non dans le cadre de sa fonction d'enseignant? "...encore une provocation socialiste" effectivement cela est une critique non dissimuler de cette visite à Sétif mais "sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteurs"?
SupprimerLa première chose à faire est de demander, par écrit (mail, lettre RAR), une confirmation écrite de l'annulation et l'indication écrite des raisons qui la motivent. Dans la perspective d'un procès, c'est important. W. WOLL.
RépondreSupprimerEffectivement la Justice, (s'il y en a une objective, et pas seulement celle de l'humeur d'un magistrat, syndiqué ou pas....!), doit être saisie pour qu'éclate "la manifestation de la vérité" comme aiment à (bien) écrire les magistrats instructeurs....
SupprimerNous sommes dans un état politique, sur ce point en tt cas, totalement intolérable et ne pas réagir c'est être complice et encourager l'arbitraire sinon le totalitarisme.....Mais je vais être censuré pour ces propos subversifs ?
J. de FERRIER
"Et pourtant elle tourne!" Merci Monsieur pour oser dire la vérité mais cela est un chemin périlleux et peut finir au bûcher même en 2015?
RépondreSupprimerEffectivement l'histoire est une discipline à risque.Tout est devenu: discipline à risque.
RépondreSupprimerPOLTRONISME !
Vous avez tout mon soutien, M. Lugan.
RépondreSupprimerj'apprécie les lettres que vous m'envoyez régulièrement. Je vous souhaite bon courage pour la suite. J'espère que les futurs officiers de St Cyr auront à cœur de vous lire et de vous entendre ailleurs, si cette sanction perdurait, car lorsqu'ils seront sur le terrain en Afrique, ce n'est pas la "Hollandie" qui leur enseignera ce qu'est la géopolitique de ce continent.
RépondreSupprimer"Le royaume ne se sent pas encore de ses pertes. c'est un fromage de Hollande que les rats ont percé par en-dessous." (Démonstration évidente,Jurieu, 1688) C'était au sujet de la Révocation de l'Edit de Nantes ;-)
SupprimerNavré pour vous Mr Lugan.
RépondreSupprimerLe plus important est de montrer.aussi que saint cyr est une grande ecole qui forme des officiers de qualite et republicains. Et dans les milieux politiques certains voudraient bien la supprimer. Alors prudence dans les attitudes et opinions exprimees
RépondreSupprimerSi M. Lugan est une figure intellectuelle et oratoire qui a le mérite de ne pas se coucher devant la pensée dominante. Si cependant il avait l'idée de délivrer sa pensée dans des propos plus diplomates, suggestifs, interrogatifs, il lui arriverait moins de problèmes.
RépondreSupprimerA force de condamner, comme il le fait de façon systématique, de ne voir que le mal partout et de ne jamais mentionner d'éléments positifs dans ses analyses, comment s'étonner qu'il fâche le pouvoir en place ?
Soutien total à M. Lugan pour son courage. Il n'hésite pas à s'exprimer sur des évènements politiques. Si certains ne partagent pas ses analyses, il leur appartient de lui porter contradiction et de mettre en exergue ses erreurs. De le bâillonner ne prouve pas qu’il a tort, bien au contraire.
SupprimerVous n'êtes malheureusement pas le seul, cher monsieur, à avoir été évincé des ESCC... et par la même personne! Comme c'est bizarre...
RépondreSupprimerC'est là une sanction de couleur stalinienne : user de la toute puissance du pouvoir, en méprisant magistralement les droits et libertés.Et puis jusqu'à quand va-t-on jouer avec cette "carte-mémoire" algérienne, source d'humiliations à répétition, et de victimes collatérales ?
RépondreSupprimerCher Monsieur , je vous salue
RépondreSupprimerVous avez depuis plusieurs années honoré l'Université et l'intelligence politique par votre science incontestable et internationalement reconnue. La république n'a toujours pas besoin de savant.
Les croque-morts du journalisme ou du gouvernement ne vous enterreront pas !
Jean-Pierre Moreau
Dans le contexte du dernier naufrage en méditérannée, votre dernier ouvrage est cité par un blogueur influent (et surtout lucide) de Youtube - Aldo Sterone:
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=tHxnJoEdUu4
Bien à vous,
Bernard
Cher Monsieur,
RépondreSupprimerMerci de vos analyses pertinentes qui permettent de mieux comprendre le continent africain, ainsi que la position affligeante des responsables politiques français concernant ces pays.
Avec tout mon soutien.
Un officier de réserve, auditeur de l'IHEDN.
J'imagine que le fait d'avoir remis en cause le rôle joué du Général Dallaire (qualifié d'insolite) du Canada au Rwanda ne doit pas aidé dans cette éviction..
RépondreSupprimerFaisant mention aussi du livre du Camerounais Jacques-Roger Booh Booh, qui était à l'époque le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Rwanda, donc le chef politique de la Minuar et le supérieur du général Dallaire.