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jeudi 16 avril 2015

Questions et interrogations au sujet de mon éviction des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan

I) Les faits

1) Le mardi 14 avril 2015 vers 17 heures, je suis contacté par téléphone par la direction de l’enseignement des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) qui me signifie verbalement l’annulation de toutes mes interventions programmées, sans en préciser les raisons ;

2) Officiellement, à ce jour, je n'ai reçu aucune information écrite concernant ces annulations;

3) Je ne sais pas plus officiellement ce qui a motivé cette décision-sanction;

4) J'ignore la nature de l’autorité qui l’a ordonnée.
  
Or, l’ancien journaliste à Libération Jean-Dominique MERCHET, proche des milieux de gauche et qui se targue d’être informé directement par le cabinet du MINDEF (Ministère de la Défense) rapporte dans un article publié sur son blog le 15 avril 2015 que :

1) « les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC)… confirment que « suite à ses (mes) récentes déclarations sur le déplacement du secrétaire d'Etat aux anciens combattants à Sétif mettant formellement en cause le chef des armées (François Hollande), le   commandement des écoles a annulé sa (ma) prestation du 29 avril, sans remettre en cause son (mon) expertise d’historien ni présumer de l’avenir de la collaboration entre les ESCC et Mr Bernard Lugan ».
           
2) L’entourage du ministre a rappelé la « consigne » donnée il y a un an et que doivent respecter les universitaires intervenant aux Ecoles, en particulier de Saint Cyr Coëtquidan, de ne déclencher aucune polémique et de ne pas nuire à l’image des dites écoles.
           
II) Analyse des faits

Dans un article très documenté au sujet du futur déplacement du secrétaire d’état français aux anciens combattants à Sétif, publié exclusivement sur mon blog le 9 avril 2015 et sans qu'il y soit fait état de mes enseignements aux ESCC, j'étais légitimement fondé à exprimer mon avis tant es qualité d’historien chercheur qu’en vertu de ma liberté d’expression en dehors de mes interventions aux ESCC. Même si cela s'est fait en des termes qui effectivement incriminent le chef de l’Etat : « la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre  à la fois son aveuglement historique et son sectarisme politique puisqu'il cautionne la re-écriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au prix d'une nouvelle humiliation de la France. »

Si l’on en croit Jean-Dominique MERCHET, la décision du Général Commandant les ESCC de suspendre mes interventions:

1) Ne se fonde pas sur une remise en cause de mon expertise d’historien chercheur sur l’Afrique et donc notamment sur les évènements du 8 mai 1945 qui se sont déroulés à Sétif;

2) Serait une interprétation autoritaire à caractère politique émanant au mieux du rappel à la consigne du cabinet du ministre (voir plus haut).
  
Or, en l'état, il n’y a aucune trace d’une quelconque polémique déclenchée par mon article intitulé « Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste » depuis sa publication sur mon blog le 9 avril.
De plus, en quoi cet article aurait-il pu porter atteinte à l’image de l’enseignement des écoles de Saint Cyr Coëtquidan alors qu'il n'y est aucunement fait mention de ces dernières?
En l’espèce, c'est l’interprétation de la nature politique de cette sanction par Jean-Dominique MERCHET qui crée une polémique nuisant à la réputation du commandement des écoles et qui remet en cause la qualité de son enseignement sur l’Afrique.
Quant à mon avis parfaitement argumenté sur la décision de François Hollande d’envoyer le secrétaire d’état aux anciens combattants à Sétif, il est tout à fait légitime, même s'il conteste effectivement le bien fondé tant historique que politique de la décision du chef de l’Etat. Ce dernier n’en demeure en effet pas moins un homme public et la Cour européenne des droits de l’homme précise à ce sujet qu’il est soumis à la critique, même désagréable, de ses compatriotes.

Nous serions donc face à une sanction prise contre la liberté d'expression pourtant garantie à tout citoyen par la Constitution. Sauf naturellement à devoir considérer que le seul fait d’intervenir aux écoles de Saint Cyr Coëtquidan priverait par voie de conséquence tout universitaire de sa liberté d’expression, y compris en dehors des dites écoles...

Dès lors, je suis en droit de m’interroger publiquement sur les véritables motivations d’une telle décision qui bafouerait ma liberté d’expression. En l’absence d’information officielle écrite, je demande donc une audience au commandant des ESCC pour connaître tant l’auteur de cette décision insolite et attentatoire aux libertés, que ses motivations. Cela afin d’en comprendre la nature exacte et être en mesure d'y porter réponse, éventuellement devant les juridictions nationales et européennes compétentes.

Bernard Lugan
16/04/2015

21 commentaires:

  1. Ne pas se laisser faire par ce gouvernement liberticide sur tant de plans.

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  2. Les dérives du gouvernement socialiste en matière de liberté d'expression et de respect de la vie privée sont extrêmement inquiétantes. Par ailleurs, le mutisme assourdissant des médias rend ses derniers complices, ce qui n'arrangera aucunement l'évolution des tirages.

    Un citoyen inquiet.

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  3. Combien de Rafale l'Algérie doit-elle encore nous acheter ?
    Ne cherchons pas plus loin les raisons de la complaisance gouvernementale à aller battre notre coulpe sur les événements de Sétif en 1945 !
    Monsieur Lugan n'est sans doute pas assez naïf pour l'ignorer et ne peut s'étonner d'être ainsi "sanctionné" !
    Comme l'a dit naguère un mémorable ministre de la Défense, socialiste de surcroit : Quand on n'est pas d'accord, on la ferme ou on démissionne...

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    1. ""Quand on n'est pas d'accord, on la ferme ou on démissionne..." Oui, mais dans ce cas comme le fait remarquer Monsieur Logan, ses propos sont fait sur son blog privé (liberté d'expression?) et non dans le cadre de sa fonction d'enseignant? "...encore une provocation socialiste" effectivement cela est une critique non dissimuler de cette visite à Sétif mais "sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteurs"?

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  4. La première chose à faire est de demander, par écrit (mail, lettre RAR), une confirmation écrite de l'annulation et l'indication écrite des raisons qui la motivent. Dans la perspective d'un procès, c'est important. W. WOLL.

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    1. Effectivement la Justice, (s'il y en a une objective, et pas seulement celle de l'humeur d'un magistrat, syndiqué ou pas....!), doit être saisie pour qu'éclate "la manifestation de la vérité" comme aiment à (bien) écrire les magistrats instructeurs....
      Nous sommes dans un état politique, sur ce point en tt cas, totalement intolérable et ne pas réagir c'est être complice et encourager l'arbitraire sinon le totalitarisme.....Mais je vais être censuré pour ces propos subversifs ?
      J. de FERRIER

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  5. "Et pourtant elle tourne!" Merci Monsieur pour oser dire la vérité mais cela est un chemin périlleux et peut finir au bûcher même en 2015?

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  6. Effectivement l'histoire est une discipline à risque.Tout est devenu: discipline à risque.
    POLTRONISME !


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  7. Vous avez tout mon soutien, M. Lugan.

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  8. j'apprécie les lettres que vous m'envoyez régulièrement. Je vous souhaite bon courage pour la suite. J'espère que les futurs officiers de St Cyr auront à cœur de vous lire et de vous entendre ailleurs, si cette sanction perdurait, car lorsqu'ils seront sur le terrain en Afrique, ce n'est pas la "Hollandie" qui leur enseignera ce qu'est la géopolitique de ce continent.

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    1. "Le royaume ne se sent pas encore de ses pertes. c'est un fromage de Hollande que les rats ont percé par en-dessous." (Démonstration évidente,Jurieu, 1688) C'était au sujet de la Révocation de l'Edit de Nantes ;-)

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  9. Navré pour vous Mr Lugan.

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  10. Le plus important est de montrer.aussi que saint cyr est une grande ecole qui forme des officiers de qualite et republicains. Et dans les milieux politiques certains voudraient bien la supprimer. Alors prudence dans les attitudes et opinions exprimees

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  11. Si M. Lugan est une figure intellectuelle et oratoire qui a le mérite de ne pas se coucher devant la pensée dominante. Si cependant il avait l'idée de délivrer sa pensée dans des propos plus diplomates, suggestifs, interrogatifs, il lui arriverait moins de problèmes.

    A force de condamner, comme il le fait de façon systématique, de ne voir que le mal partout et de ne jamais mentionner d'éléments positifs dans ses analyses, comment s'étonner qu'il fâche le pouvoir en place ?

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    1. Soutien total à M. Lugan pour son courage. Il n'hésite pas à s'exprimer sur des évènements politiques. Si certains ne partagent pas ses analyses, il leur appartient de lui porter contradiction et de mettre en exergue ses erreurs. De le bâillonner ne prouve pas qu’il a tort, bien au contraire.

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  12. Vous n'êtes malheureusement pas le seul, cher monsieur, à avoir été évincé des ESCC... et par la même personne! Comme c'est bizarre...

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  13. C'est là une sanction de couleur stalinienne : user de la toute puissance du pouvoir, en méprisant magistralement les droits et libertés.Et puis jusqu'à quand va-t-on jouer avec cette "carte-mémoire" algérienne, source d'humiliations à répétition, et de victimes collatérales ?

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  14. Cher Monsieur , je vous salue
    Vous avez depuis plusieurs années honoré l'Université et l'intelligence politique par votre science incontestable et internationalement reconnue. La république n'a toujours pas besoin de savant.
    Les croque-morts du journalisme ou du gouvernement ne vous enterreront pas !
    Jean-Pierre Moreau

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  15. Dans le contexte du dernier naufrage en méditérannée, votre dernier ouvrage est cité par un blogueur influent (et surtout lucide) de Youtube - Aldo Sterone:

    https://www.youtube.com/watch?v=tHxnJoEdUu4

    Bien à vous,

    Bernard

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  16. Cher Monsieur,
    Merci de vos analyses pertinentes qui permettent de mieux comprendre le continent africain, ainsi que la position affligeante des responsables politiques français concernant ces pays.
    Avec tout mon soutien.
    Un officier de réserve, auditeur de l'IHEDN.

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  17. J'imagine que le fait d'avoir remis en cause le rôle joué du Général Dallaire (qualifié d'insolite) du Canada au Rwanda ne doit pas aidé dans cette éviction..
    Faisant mention aussi du livre du Camerounais Jacques-Roger Booh Booh, qui était à l'époque le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Rwanda, donc le chef politique de la Minuar et le supérieur du général Dallaire.


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