Félicien Kabuga qui vient d’être
arrêté en France est présenté comme étant à la fois le financier de l’Akazu, une cellule familiale qui aurait
préparé le génocide, et le fondateur des Interahamwe,
milice associée au génocide des Tutsi et des Hutu alliés au FPR du général
Kagamé, les « Hutu modérés » des médias. Or, l’Akazu n’a
jamais existé et Félicien Kabuga n’a pas fondé les Interahamwe.
1) L’Akazu n’a jamais existé
Devant le TPIR, le Procureur a
échoué à convaincre les juges « au-delà de tout doute possible », que :
- le génocide du Rwanda avait
été planifié au sein de l’Akazu, une
prétendue cellule familiale postulée avoir été financée par Félicien Kabuga et dirigée
par Protais Zigiranyirazo, beau-frère du président Habyarimana,
-que le maître-d’œuvre de cette
opération criminelle était le colonel Théoneste Bagosora, qu’il présentait
comme le« cerveau du génocide ».
Considérant que le Procureur n’avait « pas établi le bien-fondé de sa
thèse » , dans leur jugement du 18 décembre 2008, tout en le
condamnant pour n’avoir pas su contrôler ses prétendus subordonnés, les juges
acquittèrent le colonel Bagosora du principal chef d’accusation, l’
« entente en vue de commettre un génocide ». Celui qui avait été
présenté comme le « cerveau » du génocide n’avait donc pas programmé
ce dernier…
Puis, le 16 novembre 2009, la
Chambre d’appel du TPIR acquitta Protais Zigiranyirazo, le chef du prétendu Akazu. Il était d’ailleurs difficile de
faire autrement car la Défense avait démontré que l’Akazu n’avait jamais existé puisqu’il s’agissait d’une invention de
l’opposition au président Habyarimana…Les deux « inventeurs » vinrent
même témoigner devant le TPIR pour expliquer toute l’affaire (voir à ce sujet
mes publications citées en fin de communiqué).
Et pourtant, dans la plus totale
ignorance du dossier, les médias osent écrire que Félicien Kabuga était le
financier d’un Akazu fantasmé...
2) Félicien Kabuga n’a pas fondé les Interahamwe
Dans le contexte de pré-guerre
civile qui ensanglantait le Rwanda des années 1992-1994, tous les partis
politiques se dotèrent de milices. Tous, y compris le PSD (Parti social-démocrate),
un parti très largement tutsi dont la milice était les Abakombozi (Libérateurs).
Chronologiquement, la première de ces milices, les Inkuba (Foudre) fut fondée par le MDR (Mouvement
démocratique républicain) un parti hutu
à dominante sudiste qui combattait le régime du président Habyarimana.
En réaction, à la création des Inkuba,
le parti présidentiel, le MRND (D) (Mouvement révolutionnaire national pour le
développement et la démocratie), se dota des Interahamwe (Ceux qui vont
ensemble).
Cette milice fut fondée par un Tutsi nommé Anastase Gasana. Membre du
MRND (D), ce dernier adhéra ensuite au MDR et devint conseiller du premier
ministre (MDR) Nsengiyaremye avant d’être nommé Ministre des Affaires
étrangères du gouvernement d’Agathe Uwilingiyimana, un gouvernement
d’opposition au président Habyarimana. Anastase Gasana rallia ensuite le FPR et
il devint même ministre dans le premier gouvernement constitué
au mois de juillet 1994, après la victoire militaire du général Kagamé.
Ainsi donc, le fondateur des Interahamwe,
ces « tueurs de Tutsi »,
était lui-même Tutsi…et il fit une brillante carrière ministérielle sous le
régime tutsi victorieux... Pour mémoire, le co-fondateur de ces mêmes Interahamwe, Eric Karagezi était
également Tutsi (TPIR-2001-73-T, lundi 6 mars 2006, Des Forges, page 31). Quant à la milice elle-même, elle était dirigée par un autre Tutsi,
Robert Kajuga...
Il est donc pour le moins insolite de constater que tant de Tutsi aient pu avoir de tels rôles essentiels
dans la création, l’organisation et le fonctionnement d’une milice présentée
comme ayant préparé et commis le génocide des Tutsi…
Le FPR avait également infiltré
nombre de ses membres au sein des Interahamwe.
Devant le TPIR les noms et les pseudonymes de plusieurs d’entre eux ont été
cités. Dans la période qui précéda le génocide, donc avant le 6 avril 1994,
leur mission était double :
- provoquer le chaos afin de
déstabiliser politiquement le régime Habyarimana,
- discréditer les partisans de ce
dernier aux yeux de l’opinion internationale en faisant porter sur eux la
responsabilité des violences qui secouaient alors le pays.
Devant le TPIR, l’ancien Premier ministre Jean Kambanda a déclaré
à ce propos sous serment que:
« (…) les Interahamwe (…)
étaient commandés à partir du siège de l’état-major du FPR. Sur les cinq
dirigeants des Interahamwe au niveau national, je parle du Président, du
premier et du deuxième vice-président et de deux trésoriers, trois sur cinq
avaient été officiellement recrutés et injectés dans la direction des
Interahamwe par le FPR dans sa tactique d’infiltration » (TPIR-98-41-T Kambanda, 20 novembre 2006, p.69).
Voilà qui illustre une fois
encore la fausse histoire du génocide du
Rwanda « pieusement », et hélas, parfois même servilement, récitée
par les médias qui parlent et écrivent sans savoir, se contentant de recopier
les notes distribuées par les services du général Kagamé.
On se reportera à ce sujet à mon livre
Rwanda: un génocide en questions et mes Dix ans d'expertises devant le TPIR
Merci pour ces précisions, quelle est le bilan (économique, social ...) de Kagamé à la tête du Rwanda?
RépondreSupprimerVous expliquez les erreurs faites par les journalistes. Pouvez vous également expliquer pourquoi Mr Félicien Kabuga est toujours sous le coup d'un mandat d’arrêt?
RépondreSupprimerFélicitations, c'est clair, net et précis !
RépondreSupprimer"La vérité, comme la lumière, aveugle! Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet en valeur." Albert CAMUS.
Courage et persévérance, avec mes remerciements pour votre engagement.