Sous la présidence de Jacques Chirac les députés votèrent
à l’unanimité, (donc tous les élus de
« droite »), et en première lecture, la loi dite
« Taubira ». Définitivement
adoptée le 10 mai 2001, cette loi qualifie de « crime contre
l’humanité » la seule traite esclavagiste européenne. Christiane Taubira a
insolitement précisé que sa loi passe sous silence la traite arabo-musulmane[1]
afin que les « jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le
poids de l’héritage des méfaits des Arabes » (L’Express du 4 mai
2006).
Et pourtant, au XIXe siècle, l’abolition décidée par les
Européens ne concerna pas les Arabo-musulmans. Depuis la Libye, au nord, ou
depuis Zanzibar, à l’est, des caravanes organisées militairement continuèrent
en effet à dévaster des régions entières de l’Afrique noire. Au XIXe siècle, au
centre comme à l’Est du continent, les réseaux esclavagistes musulmans étaient
en pleine extension ; la documentation abonde les concernant.
Dans la région sahélienne, de la boucle du Niger au
Tchad, les esclavagistes puisaient dans le « vivier humain » du bilad al Sudan, Bambara, Sénoufo et Sara
étant leurs principales victimes.
Dans la région du Haut Nil, l’actuel Sud Soudan, Dinka,
Nuer et Chillouk étaient pourchassés, les femmes pour leur beauté et les jeunes
garçons pour être « transformés » en eunuques gardiens des harem.
Dans l’Est de l’Afrique, les esclavagistes zanzibarites
ravageaient les actuels Etats de Tanzanie, d’Ouganda, de RDC, de Zambie ainsi
que tout le Nord du Mozambique. Tirant l’essentiel de ses revenus de la vente
des esclaves, le sultan de Zanzibar avait constitué un corps de
fonctionnaires chargé de tenir un
compte précis du nombre de captifs
débarqués sur son île. Grâce aux registres des perceptions douanières, nous
savons ainsi qu’entre 1830 et 1873, environ 700 000 esclaves furent vendus
sur le seul marché de Zanzibar. Ces chiffres ne valent cependant que pour le
commerce officiel du sultanat et ils ne tiennent pas compte de la contrebande.
Ce fut l’administration coloniale qui mit un terme à ces
odieuses pratiques. Certaines ethnies ne survécurent alors que parce que la
colonisation sépara victimes et razzieurs, comme au Mali, comme au Niger, comme
au Tchad, comme en Centrafrique, comme au Nigeria, comme en RDC, comme en
Tanzanie, comme en Ouganda, comme au Soudan, comme au Malawi, comme au
Mozambique etc... Ce furent les Européens qui firent fermer le marché de
Zanzibar en 1873. Ce furent également eux qui, à partir de 1890, obligèrent les
autorités égyptiennes à interdire aux 78 marchands d’esclaves du Caire et aux
73 d’Alexandrie de cesser cette activité[2].
En 2005, Jacques Chirac décida que le 10 mai, jour de
l’adoption de la loi Taubira, serait désormais célébrée la « Journée des
mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ». Rompant
avec une sage pratique voulant, sauf exception, que des dates du passé soient
toujours choisies pour célébrer les évènements historiques, le président de la
République faisait ainsi d’une date du présent un jour de commémoration d’évènements
du passé…
Et pourtant, le 27 avril, date anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France (27
avril 1848) était la date idéale qui aurait permis de célébrer cette
« Journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs
abolitions » dans un climat d’unanimisme national. Jacques Chirac a
préféré une date clivante.
Tout cela n’est cependant qu’un début car les groupes de pression constituant le noyau
électoral de François Hollande, modernes Minotaures à l’insatiable appétit,
réclament maintenant des « réparations » sonnantes et trébuchantes. Comme
les caisses de l’Etat sont vides, notre « pauvre » président ne va donc
pouvoir nourrir ses électeurs que de paroles. Il faudra donc qu’elles soient
roboratives. C’est pourquoi nous pouvons nous attendre à de nouvelles rafales
de déclarations et de mesures symboliques de repentance.
Voilà comment le totalitarisme se met en place et
comment, lentement mais sûrement, nos « élites » gouvernantes,
totalement coupées du « pays réel » se préparent des lendemains
difficiles. Notamment parce que Madame Taubira dont les condamnations sont
sélectives, ignore probablement, et les Romains l’avaient appris à leurs
dépens, que chez les Gaulois « la patience dont on abuse se change
en fureur ».
Bernard Lugan
02/05/13
[1] L’Afrique Réelle du mois de
mai 2013 consacre un important dossier aux traites arabo-musulmanes.
[2] Voir mon livre Mythes et
manipulations de l’histoire africaine. Mensonges et repentance. A commander
sur ce blog.
Pourquoi n'y a t-il aucune trace de population noire dans les pays arabo-musulmans, malgré une déportation si massive de population? Est-ce parce que les arabes "n'importaient" que des mâles? Cela n'aurait-il pas du avoir des répercussions dans les pays d'origine?
RépondreSupprimerJ'apprécie beaucoup les travaux du Pr Lugan et ayant passé plusieurs années en afrique, j'ai pu en vérifier bon nombre d'assertions. Mais j'aimerai bien avoir une réponse à ma question: pourquoi n'y at-il pas trace de population noire dans les pays arabo musulmans (comme aux amériques) après une telle déportation de population via zanzibar?
SupprimerVous trouverez une réponse dans le livre de Tidiane N'diaye,
Supprimer" Le génocide voilé". Au chapitre VIII, page 187 : Extinction ethnique programmée par castration massive.
En ce qui concerne les femmes on lit page 200 : "Les femmes noires étaient systématiquement avortées ou leurs enfants réduits en servitude et quant aux garçons le plus souvent eunuques. Quelquefois les enfants nés accidentellement étaient tués par les concubines arabes. C'était une pratique courante que tout le monde trouvait <>.
Malheureusement Mr Lugan j'ai l'impression que vous prêcherez encore une fois dans le vide.
RépondreSupprimerEncore bravo ... en espérant trouver de l'écho ailleurs.
Vous me faites honte avec votre amour pour l'afrique ...
RépondreSupprimerSi vous aimez tant ce continent partez vous y installer et laisser notre belle France tranquille.
Y en a marre de toute votre propagande.
"... obligèrent les autorités égyptiennes à interdire aux 78 marchands d’esclaves du Caire et aux 73 d’Alexandrie de cesser cette activité ..."
RépondreSupprimerSi on oblige à interdire de cesser une activité, l'activité continue?
Chez les Gaulois « la patience dont on abuse se change en fureur ».
RépondreSupprimerA ce moment là, ils n'ont même plus peur du ciel !!!
Tous nos soit disant élites devraient relire ce que le passé enseigne.
Macmau13
La region du Souss marocain et des oasis du tafilalete est plein de gens race noir dont les origines sont les esclaves de guinnée et autre.
RépondreSupprimerLa garde des sultans Marocains était composé de noir , ceci explique l'existance de noir au maroc descendant de ces dernier.
Las Abid El boukhari , une ville comme mehdia au nord de rabat a une population noir , en effet , ils sont les descendants de la garde noir qui stationnait la Bas.A mekness Aussi , ancienne capitale du maroc ISmaeilien
Il est assez normal que ce soit juste les coupables qui culpabilisent. Pourquoi les victimes de ces atrocités auraient-elles un sentiment de culpabilité? Heureusement que tout ça est révolu.
RépondreSupprimerA Julie,
SupprimerIl est normal de se souvenir et de condamner des événements horribles comme la traite négrière. Par contre, vous évoquez des "victimes" de l'esclavage aujourd'hui.....De qui parlez vous? Des citoyens français des DROM des Antilles? Je vous rappelle qu'ils ont tous les droits ( et devoirs) possibles dans notre république.
Ils ne sont en rien victimes de l'esclavage....
Si l'on pousse votre raisonnement, les habitants du Palatinat devraient demander des réparations pour les massacres commis par les armées de Turenne au 17ème...
Et Pourquoi ne pas demander des réparations aux italiens pour cette invasion injustifiée de la Gaule vers 59 avant JC?? 2 millions de victimes en 10 ans? ça ne compte pas???
Les victimes de l'esclavage ont souffert et méritent ce souvenir, leurs descendants ne souffrent plus de l'esclavage....Le statut de victime n'est pas transmissible ad eternam.