mardi 7 février 2012

Le Mali, première victime « collatérale » de l’intervention occidentale en Libye


Depuis le début de cette erreur politique majeure que fut l’ingérence franco-otanienne dans la guerre civile libyenne, j’ai expliqué qu’avec l’élimination du colonel Kadhafi, l’arc de tension saharo-sahélien allait de nouveau être bandé. La raison en est simple, et il est proprement affligeant que les conseillers africains de l’Elysée, informés aux meilleures sources, n’aient pas réussi à freiner les ardeurs guerrières de certains.

Après avoir longtemps déstabilisé la région, le colonel Kadhafi avait changé de politique depuis quelques années et au moment où nous lui avons déclaré la guerre, il la stabilisait. Il avait ainsi mis « sous cloche » les velléités des Toubou libyo-tchadiens et l’irrédentisme des Touaregs du Mali. Etrangement, nous l’avons supporté quand il nous combattait, et nous l’avons combattu dès lors qu’il était devenu notre allié…
L’intervention franco-onusienne s’étant produite avec les résultats que l’on sait, à savoir l’anarchie libyenne, les forces de déstabilisation saharo-sahéliennes qui avaient perdu leur mentor ont aussitôt repris leur autonomie.
Du côté des Toubou et apparentés, la situation est pour le moment sous contrôle en raison de la présence d’Idriss Deby Itno que la presse française, toujours prompte à déstabiliser les pouvoirs stabilisateurs, ne cesse d’attaquer. Son pouvoir est solide, mais la question de sa succession se posera un jour avec toutes les conséquences qui en découleront.
Aujourd’hui, le maillon le plus faible de l’arc saharo-sahélien est le Mali. Or, c’est très exactement là que se produisent actuellement des évènements dont les conséquences risquent d’être catastrophiques en raison de la proximité de ces trois autres foyers de déstabilisation que sont le nord du Nigeria avec la secte fondamentaliste Boko Haram, la région du Sahara nord occidental avec Aqmi et les confins algéro-maroco-mauritaniens avec le Polisario.

Au Mali où, depuis 1962, la guerre n’a jamais véritablement cessé entre les Touaregs et l’Etat contrôlé par les Noirs sudistes, les hostilités ont repris au mois de janvier 2012. Plusieurs milliers de Touaregs, dont nombre d’anciens militaires libyens, ont en effet pris le contrôle de l’Azawad, le nord nord est du Mali.
Leur chef militaire est Ag Mohammed Najem, de la tribu des Igforas. Cet ancien colonel de l’armée libyenne qui commandait une unité spécialisée dans le combat en zone désertique et qui était casernée à Sebha, a quitté la Libye avec armes et bagages quelques jours avant le lynchage du colonel Kadhafi par les fondamentalistes de Misrata. Son groupe dispose d’un matériel de pointe, y compris des missiles sol-air ; l’un d’entre eux a semble t-il abattu un avion de l’armée malienne.
Remarque importante : ces rebelles qui se réclament du MNLA (Mouvement national pour la Libération de l’Azawad) ne demandent plus une meilleure intégration des Touaregs dans l’Etat malien, comme lors des précédentes insurrections, mais la sécession pure et simple. Ils combattent ainsi pour la prise en compte de la réalité géographique et humaine régionale contre l’utopie consistant à vouloir faire vivre dans le même Etat les agriculteurs noirs sédentaires du Sud et les nomades berbères du Nord. Nous retrouvons là l’idée qui fut longtemps portée par le colonel Kadhafi qui prônait la création d’un Etat touareg au centre du Sahara.

Totalement dépassées par la situation, les autorités maliennes tentent d’obtenir une intervention directe des Occidentaux en affirmant que les insurgés ont des liens directs avec Aqmi. Ces derniers disent au contraire qu’étant Berbères, ils sont le meilleur rempart contre les fondamentalistes arabo-musulmans. Certes, mais un petit groupe touareg, très minoritaire toutefois, ayant participé à une récente opération menée par Aqmi, le risque de porosité n’est pas exclu.
La situation est donc à suivre.

Bernard Lugan
07/02/12 

5 commentaires:

  1. Cher Bernard Lugan

    Bravo pour votre enseignement car comme je vous lis depuis un moment notament dans vos livres , je vous suis avec une authentique confiance dans la veracité de vos textes .
    Ou d ailleurs peut on apprendre ce que vous nous revelez ?
    Nous sommes abrutis par les medias et politiques qui nous distillent au gré de leurs interets " leurs informations " , nous sommes tous manipulés .....
    Au plaisir de vous lire mr Lugan .....

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  2. Heureusement que vous êtes là pour nous renseigner sur ce que vous appelez à juste titre "l'Afrique réelle".

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  3. chahb ibn tachfine10 février 2012 à 20:58

    Incroyable que l'ont censures et mettent au placard des hommes comme Mr Bernard Lugan,Mr Asselineau et Mr Soral je trouve cela lamentable de la part des medias-bobo inculte.

    Mr Lugan demain je passe commande de part votre blog,pour un livre et pour m'abonner a vos revues.
    Merci Mr Lugan sachez que nous vous estimons et vous soutenons.

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  4. en tant que africain du nord bravo mr lugan pour votre vision reelle de lafrique. moi etant citoyen de kabylie jai vraiment peur pour notre a venir car meme lalgerie nous sommes entré ds dawlat el harb avec les islamistes (etat de guerre) il reste une etape qui est dawlat islam (etat d'islam) notre gouvernement est courrampus jusqua los . il a laisser la société aux islamistes de gerer tout donc c un accord tacite avec les integristes et ce petit nain dalger (boutef)

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  5. je reprend ce que j'ai déjà dit ici. J'ai 72 ans j'ai été appele du contingent pendant la guerre d'algérie. muté au sahara DJANET ou j'ai passé 1 an 1/2. Djanet 3 communauté targui, arab, noirs. a l'indépedance les pelotons portés (camions) sont resté francais. les pelotons méharistes (chameau) sont passés armée algérienne sous commandement francais. les algeriens arabe du nord sont descendus en camion et ont raflés les armes et les radios des pelotpns méharistes et sont repartis. panique à la PC parce que nous n'avions plus de contact radio. après notre départ les arabes du nord ont raflé tous les touareg désarmés et les ont envoyé au Mali avec femmes et enfants ou ils allaient chercher leur esclave et se sont fait massacré on ne peut comprendre ce qu'il se passe au mali si on ne tient pas compte de çà. les touaregs se cherche un pays a eux un territoire à eux. les choses ont peut être changé mais les touaregs étaient en géneral animiste très peu de musulman c'est aussi à prendre en compte.

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