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vendredi 7 août 2015

2017: le Califat du Ponant, fédérant la Libye et l’Algérie, déclenche l'opération Prophète des mers

(Ce communiqué peut être repris à condition d'en citer la source)

En 2017, la Libye et l'Algérie sont passées sous le contrôle de Daesh qui en a fait le Califat du Ponant. Profitant du désarmement moral des Européens, les islamistes décident de l'envoi, par vagues successives, de 4 millions de migrants vers l’Europe et plus spécifiquement vers la France, nouveau dâr al-harb[1]. A bord de certaines embarcations, ont pris place des kamikazes chargés de couler les navires portant secours aux forceurs de frontières et cela, afin de déstabiliser encore davantage l'ennemi. L'opération est baptisée Prophète des mers.

Face à cette guerre navale asymétrique, les rares frégates ultra-sophistiquées de la marine française, taillées pour la lutte de haute mer, sont débordées. A l’inverse les navires garde-côtes qui auraient dû être construits depuis longtemps afin de sécuriser les frontières maritimes, manquent cruellement. Faute de prise en compte par les autorités politiques des enjeux stratégiques vitaux que constitue la frontière maritime méditerranéenne, la marine française est impuissante.

Au sud, harcelé le long d'un front ouvert depuis la Mauritanie à l'ouest jusqu'au Soudan à l'est, le dispositif Barkhane s'est replié sur le Burkina Faso afin de protéger la Côte d'Ivoire. Quant aux dernières réserves opérationnelles françaises disponibles après des années de déflation des effectifs, elles ont été positionnées autour de N'Djamena afin de couvrir le Cameroun. Boko Haram, un moment affaibli, a en effet refait ses forces grâce à des cadres venus de Libye, d'Algérie mais aussi de Syrie.

En France même, alors que se déroule la campagne présidentielle, plusieurs banlieues se sont soulevées à la suite de contrôles d'identité ayant dégénéré. En raison de la dissolution de plusieurs escadrons de gendarmes mobiles opérée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les forces de l'ordre qui n'ont pas les effectifs suffisants pour intervenir doivent se contenter de boucler les périmètres insurgés. Les associations d'aide aux migrants dénoncent l' "amalgame"  et leurs mots d'ordre sont abondamment relayés par les médias. Vingt cinq mille réservistes de la gendarmerie sont rappelés cependant qu’ un peu partout, face à la passivité de l'Etat, se constituent clandestinement des groupes de résistants prêts à passer à l'action. La France est au bord de la guerre civile.

Comment en est-on arrivé là ? Entre 2011 et 2017, conduite au chaos par l'intervention franco-otanienne, la Libye est passée de la plus totale anarchie au califat, Daesh ayant réussi à y engerber les milices. Quant au général Haftar, sur lequel la "communauté internationale" comptait pour constituer une troisième force, il n'a pas pesé lourd face aux jihadistes.  Impuissante, l'Egypte s'est illusoirement retranchée derrière un mur électronique cependant que, quotidiennement, des attentats y entretiennent un climat de guerre civile. Quant à la Tunisie, une artificielle quiétude y règne car les jihadistes qui ont besoin d'un pays-relais, se gardent de trop y tendre la situation, se contentant d'y maintenir une pression calculée. Après plus d'un demi-siècle de gabegie, de détournements de fonds publics, de népotisme et de récriminations à l'égard de l'ancienne puissance coloniale, l'Algérie, cible principale des islamistes de toutes obédiences depuis la décennie 1990, a, quant à elle, basculé dans l'islamisme à la suite d'émeutes urbaines déclenchées par l'effondrement de la rente pétrolière.

Tel est le scénario auquel nous pourrions nous attendre à la veille de l'élection présidentielle française. Avec une Marine sans moyens, mais en première ligne face à la déferlante venue du sud, une Armée de terre aux effectifs rognés et isolée sur le rideau défensif sahélien et une Gendarmerie démotivée en raison de son alignement sur le modèle policier.

Bernard Lugan
07/08/2015

[1] Pays des infidèles contre lequel les musulmans  sont en guerre jusqu'à la conversion de ces derniers.

mardi 4 août 2015

L'Afrique Réelle N°68 - Août 2015


























Sommaire

Dossier : Algérie 
- Une situation qui empire
- Les données économiques de base
- Mzab : les Berbères face au « grand remplacement »

Dossier : Les jihad africains 
- Les jihad d'hier
- Les jihad de 2015

Histoire : Le premier conflit mondial en Afrique
L'Afrique de l'Est, suite et fin


Editorial de Bernard Lugan :
L'actualité de cet été 2015 nous ramène en Afrique du Nord où tout procède du cancer libyen mais où la principale menace vient d'Algérie.

Jusqu'à ces derniers mois, la Libye était en totale anarchie. Les conséquences de cette situation pour la sous-région étaient certes gravissimes, mais pas apocalyptiques. L'intrusion de Daesh a changé les données du problème car la coagulation islamiste qui s'opère actuellement à travers cette organisation sunnite menace toute l'Afrique du Nord. La situation est la suivante :

1) Il n'est plus question d'une intervention internationale en Libye car le général Haftar sur lequel la « communauté internationale » comptait pour constituer une troisième force a échoué dans sa guerre contre les islamistes.

2) Daesh, dont la force de frappe est composée de non Libyens, a renversé le paradigme tribal à travers lequel, jusque là, passait toute solution. Sa méthode est simple : les chefs qui ne veulent pas lui faire allégeance sont égorgés. Terrorisés, les autres se rallient.

3) L'Egypte et la Tunisie ont décidé de se retrancher derrière l'illusoire protection constituée par deux lignes électrifiées. Quant à l'Algérie elle n'a qu'un seul objectif : protéger sa frontière avec la Libye, ce qui passe par de complexes accords avec les milices concernées.

4) Face à Daesh, Frères musulmans, Al Qaida et diverses milices islamistes viennent de s' « allier ». Dans cette guerre entre islamistes, l'Europe a totalement perdu la main.

5) Pour le moment, le Maroc résiste mais il va être dans les prochains mois la cible d'un nouveau mouvement fondamentaliste baptisé Unicité et jihad au Maghreb al-Aqsa, mouvement qui pourrait, lui aussi, se rallier à Daesh. Comme viennent de le faire plusieurs groupes algériens qui considèrent désormais Al Qaida comme trop « modéré »...

A ce tableau peu réjouissant vient s'ajouter le naufrage économique, social, politique et moral de l'Algérie. Or, la cible principale des islamistes de toutes obédiences est précisément ce pays. 
Depuis plusieurs mois, l'Afrique Réelle  met en garde les dirigeants français en leur montrant qu'il est illusoire de vouloir fonder une politique sécuritaire sur une Algérie au bord de l'explosion et où, économiquement, le compte à rebours a commencé. Après plus d'un demi-siècle de gabegie, de détournements et de népotisme, l'histoire se prépare en effet à présenter l'addition à un système à bout de souffle étranglé par l'effondrement du prix du pétrole.
Entre juin 2014 et avril 2015, l'Algérie a puisé un peu plus de 33 milliards de dollars dans ses réserves pour simplement continuer à nourrir et soigner sa population. Or, fin avril 2015, les réserves de change du pays s'élevaient à 160 milliards de dollars. 
Dans une fourchette comprise entre 24 et 36 mois le pays ne pourra donc plus importer de quoi nourrir ses habitants, ne sera plus en mesure d'acheter la paix sociale à travers les actuelles ubuesques subventions qu'il verse à des millions d'assistés.
Pour sortir de l'impasse, il faudrait que le prix du baril soit supérieur à 100 dollars ; or les prévisions le donnent à un cours moyen de 60 dollars jusque fin 2019 et à 80 ensuite. De plus, comme les réserves algériennes s'épuisent, la situation est sans issue. 
Heureusement qu'avec une dette inexistante - un peu plus de 3 milliards de dollars -, le pays n'a pas, en plus, à faire face à ses créanciers.