Un an après la fin du régime du colonel Kadhafi, la Libye est coupée en trois :
- En Cyrénaïque où deux guerres se déroulent, les fondamentalistes
musulmans dont le fief est la ville de Derna s’opposent aux
« traditionalistes » rassemblés derrière les confréries soufi
cependant que les partisans d’une Libye bicéphale, fédérale ou confédérale refusent
l’autorité de Tripoli.
- En Tripolitaine, la ville de Misrata dont est originaire le général
Youssef al-Mangouch, à la fois chef de l’armée et coordinateur des milices
« ralliées » au pouvoir de Tripoli, tente de prendre le contrôle de
toute la région. Auréolées par la capture de l’ancien guide, ses forces
viennent de s’emparer de la ville de Bani Walid, « capitale » de la
tribu des Warfalla[1].
Dans la lutte traditionnelle contre ses rivaux du sud, Misrata a donc marqué un point.
Dans l’ouest de la Tripolitaine, les milices berbères (berbérophones ou
arabophones) du jebel Nefusa jouent une carte clairement régionale cependant
que le «pouvoir central» de Tripoli doit négocier avec les diverses milices
pour tenter d’exister.
- Le grand sud est devenu une zone grise où le « pouvoir »,
ancré sur le littoral méditerranéen n’est obéi ni des Touareg, ni des Toubou,
ces derniers devant périodiquement faire face à des raids lancés contre eux par
des tribus arabes.
L’attaque contre Bani Walid était destinée à conforter la domination de
Misrata sur la Libye centrale tout en affaiblissant les forces de l’ouest de la
Tripolitaine en faisant tomber leur « allié » warfalla. Le prétexte
de ce rezzou tribal fut la mort d’Omran Ben Chaaban Osman, un des assassins du
colonel Kadhafi. Blessé à Bani Walid lors d’une précédente tentative de prise
de la ville par les miliciens de Misrata, il y fut fait prisonnier et longuement torturé. Finalement libéré aux
termes de ténébreuses tractations, c’est aux frais du contribuable français
qu’il fut transporté à Paris par avion sanitaire pour y être soigné. Il y
mourut dès son arrivée.
Désormais, dépendant totalement de Misrata, la seule marge de manœuvre
du « gouvernement » de Tripoli va être de louvoyer entre ses
puissants soutiens et les autres milices…jusqu’au prochain épisode car les différentes
composantes tribalo miliciennes de Libye sont unies dans une commune
détestation des habitants de Misrata…
Dans un proche avenir nous allons assister à une crispation sur le front
ouest où l’armée gouvernementale - lire les milices de Misrata -, va tenter de
mettre au pas les forces du jebel Nefusa et de Zenten. Le prétexte de la guerre
tribale qui s’annonce sera le sort de Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi
que les miliciens de l’ouest refusent de remettre aux autorités de Tripoli.
Cette question sera un test permettant de mesurer le véritable rapport de force
sur le terrain.
Bernard Lugan
24/10/12
[1] Le numéro de novembre de l’Afrique
Réelle que les abonnés recevront la semaine prochaine contient une étude
sur les milices libyennes.
Il faut que les Berbères déclarent une bonne fois pour toute leur indépendance.
RépondreSupprimerIl n'y a rien à perdre, la guerre est déjà déclarée !
Il serait bien de préciser que les Misrata et Warfalla sont aussi des tribus berbères déjà citées comme telles par Ibn Khaldun...
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