Dans son édition du 1° juin 2012, le
journal Libération publiait un
dossier de trois pages avec « à la une » un titre explosif affirmant que sa
collaboratrice, Madame Malagardis, avait « découvert » un document confidentiel
jusque là inconnu « prouvant » que les FAR, l’armée gouvernementale hutu,
possédaient des missiles, dont des Mistral. Elle en tirait une forte
conclusion : des Hutu auraient pu abattre l’avion de leur propre président,
avec, en sous-entendu, la complicité de la France puisqu’ils ne disposaient pas
des personnels capables d’engager de tels armements… Dans le même dossier, la
question était posée de savoir pourquoi il avait fallu attendre si longtemps
pour qu’un document d’une telle importance sorte enfin du « placard » aux
secrets entourant la question du génocide du Rwanda.
Une fois de plus, grâce aux « chevaliers
blancs » de la presse française, la vérité allait donc pouvoir être connue.
Fermez le ban !
Le jour même, soit toujours le 1 juin 2012, j’ai publié sur mon blog un communiqué dans lequel on pouvait lire :
« En écrivant dans l’édition du 1 juin 2012 du journal Libération que les forces armées rwandaises (FAR) auraient possédé des missiles Mistral, Maria Malagardis, illustre une fois de plus les grands travers de la presse française : esprit partisan, vision hémiplégique des évènements, non vérification de l’information, liberté prise avec les faits, le tout couronné par une grande incompétence. Quant au Figaro, son attitude est encore plus lamentable, puisque ses journalistes ont, par suivisme, répercuté sans la vérifier la pseudo révélation de leur consoeur. Reprise par toutes les radios et par la plupart des chaînes de télévision, cette « information » a été présentée comme susceptible de renverser ce que l’on croyait savoir sur les responsabilités concernant l’attentat du 6 avril 1994, action terroriste qui coûta la vie au président Habyarimana et qui fut l’élément déclencheur du génocide du Rwanda. Or, et il importe de le dire haut et fort, il s’agit là d’une nouvelle manipulation orchestrée par les soutiens européens du régime de Kigali. En effet ce document est connu de tous les spécialistes depuis des années. Il a même été longuement étudié, analysé et critiqué avant d’être finalement écarté par le TPIR en raison de son inconsistance. Mais, Madame Malagardis ignore les travaux de ce tribunal qui siège depuis 1996 (…) ».
Dans ce communiqué, connaissant que trop les méthodes d’une certaine presse française, je n’ai pas donné plus de détails, laissant les journalistes incompétents, manipulateurs ou manipulés, s’avancer en terrain découvert ; ce qu’ils ont d’ailleurs imprudemment fait...
Aujourd’hui, un mois après leurs prétendues « révélations », je vais donc rendre publics deux éléments permettant de mesurer le sérieux de l’ « enquête » de la rédaction de Libération reprise par les journalistes suivistes du Figaro. Je réserve naturellement l’essentiel de mes informations aux abonnés à l’Afrique Réelle qui en sauront davantage quand ils recevront le numéro de juillet :
1) Le prétendu document « original » « découvert » par Madame Malagardis en 2012 à New York est conservé depuis 1996 dans les archives du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), à Arusha, où il est référencé sous le titre : UN Restricted 01 sept 1994 UNRES-4125/J2M-2 Background Paper for U.S Mission, United Nations (USUN). Subject : Former Rwandan Army (ex Far) Capabilities and Intentions (U). La page mentionnant l’armement, dont les prétendus missiles Mistral, est référencée Enclosure (2).
2) J’ai cité et analysé ce document en tant qu’expert assermenté, notamment en 2008 lors du procès du capitaine Sagahutu, dans un rapport d’expertise déposé au greffe du TPIR le 1° décembre 2008, puis défendu devant la Cour sous le titre : Rapport de Bernard Lugan, témoin expert devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda dans le cadre de la procédure engagée par le Procureur contre le capitaine Innocent Sagahutu (TPIR-2000-56-T). Je cite le document « découvert » en 2012 par madame Malagardis aux pages 67-69, paragraphe IV, alinéa A de la version française de ce rapport de 2008…
La suite au prochain épisode et au gré des futures « révélations » d’une presse française décidément bien malade…
Bernard Lugan
01/07/12
Le jour même, soit toujours le 1 juin 2012, j’ai publié sur mon blog un communiqué dans lequel on pouvait lire :
« En écrivant dans l’édition du 1 juin 2012 du journal Libération que les forces armées rwandaises (FAR) auraient possédé des missiles Mistral, Maria Malagardis, illustre une fois de plus les grands travers de la presse française : esprit partisan, vision hémiplégique des évènements, non vérification de l’information, liberté prise avec les faits, le tout couronné par une grande incompétence. Quant au Figaro, son attitude est encore plus lamentable, puisque ses journalistes ont, par suivisme, répercuté sans la vérifier la pseudo révélation de leur consoeur. Reprise par toutes les radios et par la plupart des chaînes de télévision, cette « information » a été présentée comme susceptible de renverser ce que l’on croyait savoir sur les responsabilités concernant l’attentat du 6 avril 1994, action terroriste qui coûta la vie au président Habyarimana et qui fut l’élément déclencheur du génocide du Rwanda. Or, et il importe de le dire haut et fort, il s’agit là d’une nouvelle manipulation orchestrée par les soutiens européens du régime de Kigali. En effet ce document est connu de tous les spécialistes depuis des années. Il a même été longuement étudié, analysé et critiqué avant d’être finalement écarté par le TPIR en raison de son inconsistance. Mais, Madame Malagardis ignore les travaux de ce tribunal qui siège depuis 1996 (…) ».
Dans ce communiqué, connaissant que trop les méthodes d’une certaine presse française, je n’ai pas donné plus de détails, laissant les journalistes incompétents, manipulateurs ou manipulés, s’avancer en terrain découvert ; ce qu’ils ont d’ailleurs imprudemment fait...
Aujourd’hui, un mois après leurs prétendues « révélations », je vais donc rendre publics deux éléments permettant de mesurer le sérieux de l’ « enquête » de la rédaction de Libération reprise par les journalistes suivistes du Figaro. Je réserve naturellement l’essentiel de mes informations aux abonnés à l’Afrique Réelle qui en sauront davantage quand ils recevront le numéro de juillet :
1) Le prétendu document « original » « découvert » par Madame Malagardis en 2012 à New York est conservé depuis 1996 dans les archives du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), à Arusha, où il est référencé sous le titre : UN Restricted 01 sept 1994 UNRES-4125/J2M-2 Background Paper for U.S Mission, United Nations (USUN). Subject : Former Rwandan Army (ex Far) Capabilities and Intentions (U). La page mentionnant l’armement, dont les prétendus missiles Mistral, est référencée Enclosure (2).
2) J’ai cité et analysé ce document en tant qu’expert assermenté, notamment en 2008 lors du procès du capitaine Sagahutu, dans un rapport d’expertise déposé au greffe du TPIR le 1° décembre 2008, puis défendu devant la Cour sous le titre : Rapport de Bernard Lugan, témoin expert devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda dans le cadre de la procédure engagée par le Procureur contre le capitaine Innocent Sagahutu (TPIR-2000-56-T). Je cite le document « découvert » en 2012 par madame Malagardis aux pages 67-69, paragraphe IV, alinéa A de la version française de ce rapport de 2008…
La suite au prochain épisode et au gré des futures « révélations » d’une presse française décidément bien malade…
Bernard Lugan
01/07/12
De plus, et autant qu'il m'en souvienne, un poste Mistral doit au minimum avoir le soutien d'une station de contrôle SAMANTHA... Où était alors le véhicule sur laquelle se trouve la station?
RépondreSupprimerMerci, hâte de recevoir le mois de juillet.
RépondreSupprimerVous pensez que la justice sera un jour rendue? Et Kagamé puni?
Lyon III vous regrette M Luguan... merci pour vos analyses. Continuez donc à nous livrer des analyses libre et non liées au politiquement correct .
RépondreSupprimerCordialement
Un ancien étudiant.
ps vos QCM et leurs maudites machines automatiques de correction me hantent encore..