Sommaire :
Actualité :
- Mali : la revendication de l'Azawad est-elle réaliste ?
- Afrique du Sud : Julius Malema ou l'épine dans le pied de Jacob Zuma
Dossier : Les origines de l'islam sud-saharien
- Les débuts de l'islamisation
- Les jihads des XVIIIème - XIXème siècles
Controverse : Rwanda
- Autopsie d'une manoeuvre de désinformation à propos des prétendues "révélations" du journal Libération dans l'affaire dite des missiles Mistral
- Un document faussement attribué à l'ONU
- Un rapport de l'ONU signé par le général Dallaire montre que le FPR possédait des missiles sol-air, pas les FAR
- Hypothèses sur l'origine réelle du document publié par Libération et sur son utilisation
Editorial de Bernard Lugan :
Le nord du Mali récolte aujourd’hui les fruits de cette erreur politique majeure que fut l’ingérence franco-otanienne dans la guerre civile libyenne. La descente aux enfers y a en effet commencé au mois de janvier 2012, quand, de retour de Libye, les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), culbutèrent l’armée malienne avant de proclamer l’indépendance de la région.
Profitant de l’aubaine, les islamistes d’Al Qaida et ses diverticules régionaux se joignirent au mouvement avec des objectifs totalement différents puisqu’ils prônent la création d’un califat transnational, rêvant de faire du Sahel un nouvel Afghanistan. Dans un premier temps ces groupes islamistes nouèrent des alliances de circonstance avec certaines fractions touaregs, ce qui leur permit d’étendre leur zone d’influence. Puis ils les doublèrent avant de les chasser de Tombouctou, de Gao et du fleuve Niger, les repoussant vers la frontière algérienne, dans le nord de la région de Kidal. Maîtres de Tombouctou, ils entreprirent d’y purifier l’islam en luttant contre le culte des saints considéré par eux comme une résurgence ou une survivance du paganisme, Allah, dieu unique qui mérite seul prière et invocation, interdisant de demander à d’autres ce qui ne relève que de Lui.
Face à cette situation, et comme je ne cesse de le dire depuis le début du conflit, il n’existe pas d’autre solution que locale et passant par un appui direct donné aux Touaregs, seuls capables de lutter en zone désertique contre les bandes islamistes. En échange d’une telle aide, il leur serait demandé de renoncer à leur idée d’indépendance au profit d’une véritable autonomie. Paradoxalement, la gravité de la situation pourrait déboucher sur un rapprochement entre le MNLA et ce qui reste d’armée malienne en dépit du lourd contentieux existant entre Touaregs et sudistes.
En Libye, nous avons détruit un régime certes fantasque, imprévisible, dictatorial et un temps terroriste, mais qui avait assuré la prospérité de la population, bloquait l’immigration africaine vers l’Europe et luttait efficacement contre les fondamentalistes. Sur le champ de ruines résultant de la guerre civile, l’hétéroclite coalition islamo-tribale curieusement baptisée « libérale »[1] par les médias et qui vient de l’emporter électoralement, va devoir reconstruire un Etat capable de régler trois problèmes urgents :
1) Mettre au pas les milices et constituer une armée au seul service de l’Etat.
2) Inventer une nouvelle organisation de l’Etat sous une forme très déconcentrée, avec une grande autonomie reconnue aux régions et aux villes, mais tout en ne favorisant pas le tribalisme et la partition.
3) Eviter que le pays soit réduit à une bande côtière coupée en deux blocs séparés par 1000 km de désert, avec une Tripolitaine regardant vers Tunis et une Cyrénaïque vers l’Egypte. La nouvelle Libye qui est plus « arabe » que sahélienne ne devra donc pas se désintéresser de ses prolongements sahariens. Si elle n'était tournée que vers son littoral et ses régions pétrolières, le sud du pays deviendrait en effet un sanctuaire pour Aqmi.
Les actuelles « autorités » ne contrôlant, et encore, que la ville de Tripoli, et la Cyrénaïque refusant d’obéir à leur pouvoir perçu comme tripolitain, la tâche qui attend les « libéraux » libyens apparaît comme titanesque.
[1] Ces « libéraux » viennent d’annoncer que la charia serait au coeur de la nouvelle constitution.
Le nord du Mali récolte aujourd’hui les fruits de cette erreur politique majeure que fut l’ingérence franco-otanienne dans la guerre civile libyenne. La descente aux enfers y a en effet commencé au mois de janvier 2012, quand, de retour de Libye, les Touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), culbutèrent l’armée malienne avant de proclamer l’indépendance de la région.
Profitant de l’aubaine, les islamistes d’Al Qaida et ses diverticules régionaux se joignirent au mouvement avec des objectifs totalement différents puisqu’ils prônent la création d’un califat transnational, rêvant de faire du Sahel un nouvel Afghanistan. Dans un premier temps ces groupes islamistes nouèrent des alliances de circonstance avec certaines fractions touaregs, ce qui leur permit d’étendre leur zone d’influence. Puis ils les doublèrent avant de les chasser de Tombouctou, de Gao et du fleuve Niger, les repoussant vers la frontière algérienne, dans le nord de la région de Kidal. Maîtres de Tombouctou, ils entreprirent d’y purifier l’islam en luttant contre le culte des saints considéré par eux comme une résurgence ou une survivance du paganisme, Allah, dieu unique qui mérite seul prière et invocation, interdisant de demander à d’autres ce qui ne relève que de Lui.
Face à cette situation, et comme je ne cesse de le dire depuis le début du conflit, il n’existe pas d’autre solution que locale et passant par un appui direct donné aux Touaregs, seuls capables de lutter en zone désertique contre les bandes islamistes. En échange d’une telle aide, il leur serait demandé de renoncer à leur idée d’indépendance au profit d’une véritable autonomie. Paradoxalement, la gravité de la situation pourrait déboucher sur un rapprochement entre le MNLA et ce qui reste d’armée malienne en dépit du lourd contentieux existant entre Touaregs et sudistes.
En Libye, nous avons détruit un régime certes fantasque, imprévisible, dictatorial et un temps terroriste, mais qui avait assuré la prospérité de la population, bloquait l’immigration africaine vers l’Europe et luttait efficacement contre les fondamentalistes. Sur le champ de ruines résultant de la guerre civile, l’hétéroclite coalition islamo-tribale curieusement baptisée « libérale »[1] par les médias et qui vient de l’emporter électoralement, va devoir reconstruire un Etat capable de régler trois problèmes urgents :
1) Mettre au pas les milices et constituer une armée au seul service de l’Etat.
2) Inventer une nouvelle organisation de l’Etat sous une forme très déconcentrée, avec une grande autonomie reconnue aux régions et aux villes, mais tout en ne favorisant pas le tribalisme et la partition.
3) Eviter que le pays soit réduit à une bande côtière coupée en deux blocs séparés par 1000 km de désert, avec une Tripolitaine regardant vers Tunis et une Cyrénaïque vers l’Egypte. La nouvelle Libye qui est plus « arabe » que sahélienne ne devra donc pas se désintéresser de ses prolongements sahariens. Si elle n'était tournée que vers son littoral et ses régions pétrolières, le sud du pays deviendrait en effet un sanctuaire pour Aqmi.
Les actuelles « autorités » ne contrôlant, et encore, que la ville de Tripoli, et la Cyrénaïque refusant d’obéir à leur pouvoir perçu comme tripolitain, la tâche qui attend les « libéraux » libyens apparaît comme titanesque.
[1] Ces « libéraux » viennent d’annoncer que la charia serait au coeur de la nouvelle constitution.
L'idée de soutenir/armer une minorité Touareg dans le nord Mali est à mon avis un appel à une guerre civile. Depuis le régime despotique de Moussa Traoré (1968-1991) jusqu'en 2012, les quelques rares lettrés Touareg ont occupé des postes de haute responsabilité dans les différents gouvernements de Bamako. La majorité de cette minorité Touareg au Mali se plait dans le mode de vie du désert (élevage, petit commerce...)et/ou l'artisanat, voire activités touristiques. Cette minorité vit en harmonie avec la majorité songhay, peul, Bamana gourmantché, Bella...du nord Mali, même si la parenthèse douloureuse de la razzia, et quelques révolutions à travers l'histoire a laissé des séquelles entre certains groupes. Si quelque Touareg ayant exercé de hautes fonctions à "Bamako" et/ou encore d'autres à l'extérieur caressent l'idée d'un petit état au nord Mali pour mieux exploiter les ressources enfouies sous le Sahara, ils seront responsable du malheur de leurs frères qui ne demandent qu'à y vivre tranquillement et des autres qui ont hérité de leurs ancêtres des ensembles territoriales et culturelles entre autres dans la même zone. Toutes les villes importantes de cette région dite Nord-Mali sont de l'apanage des royaumes/empires Manding, Songhay, Peul, Bamana et même Mossi avec quelques influences Arabe, Toucouleur...Les Touareg y ont vécu en "harmonie/complémentarité" avec les autres. Encourager une scission entre tous ces groupes pour soit disant lutter contre des islamistes est une idée qui doit être sérieusement repensée. Aussi, aucune étude sérieuse n'existe qui démontre que la majorité de cette minorité Touareg du Nord Mali veut d'un état indépendant. Supposons que c’est le cas et qu’ils aient une « autonomie », les maures, arabes, songhay, kounta… des zones du Faguibine, Taoudéni, Arawane… chercheront à leur tour leur indépendance/autonomie pour les ressources de la zone. D’abord, les Touareg chercheront logiquement à inclure dans leurs « entité » géographique ces zones dites riches en pétrole et gaz entre autres, puis d’autres groupes dans d’autres zones se mettront dans les mêmes ordres d’idée « séparationiste ». Et cette situation aboutirait logiquement à une déstabilisation totale et durable de tout le sahel, avec des groupes armés et leurs soutiens extérieurs pour une main basse sur les richesses souterraines de la région. Alors que ces richesses peuvent bien être exploitées en bonne intelligence (chacun y gagne son compte) sans forcément conflits et effusions de sang.
RépondreSupprimerEn somme, lire le monde par ses richesses souterraines et/ou des arrières pensés de races supérieures/inférieures et/ou encore par méconnaissance (en profondeur) d’un peuple ou d’une entité géographique revient à conclure qu’il faut armer (appui direct) d’un groupe qui constitue une minorité dans un pays « démocratique ».