mardi 17 juin 2025

L’effondrement diplomatique algérien révélateur de la très profonde crise du régime

La débâcle de sa diplomatie ajoutée à la profonde crise politique, économique, sociale et ethnique que connaît l’Algérie, illustre la crise profonde qui menace le pouvoir des héritiers des auteurs du coup d’Etat de 1962 qui vit l’armée des frontières s’emparer du pouvoir. Signe de l’ampleur de cette crise, les clans militaires algériens se livrent actuellement une guerre féroce illustrée par les allers-retours dans la prison militaire de Blida de dix généraux-majors, soixante généraux et quatre-vingt-cinq colonels…

Diplomatiquement, l’Algérie n’en finit plus de porter le boulet du Polisario. D’autant plus que, conscient que son combat pour la création d’un « Etat » saharaoui est perdu, le proxy algérien a en effet entrepris de « diversifier » ses activités en se spécialisant dans les trafics de toutes sortes. Cette évolution du Polisario est la conséquence de l’échec diplomatique algérien dans la question du Sahara occidental puisque la reconnaissance internationale de sa Marocanité est quasiment acquise. D’autant plus qu’il est désormais clair aux yeux du monde que ce conflit artificiel a permis à l’Algérie d’écarter le processus de décolonisation qu’elle aurait dû mener chez elle, en 1962, au sujet des territoires marocains directement passés de la colonisation française à la colonisation algérienne, à savoir Béchar, Tindouf, Tabelbala, la Saoura, le Touat, le Gourara et le Tidikelt. Il est également devenu évident pour tous qu’à travers cet artificiel conflit, l’Algérie cherchait le moyen de briser son enclavement continental en tentant de s’ouvrir, via un pseudo « Etat » saharaoui, une fenêtre sur l’océan atlantique.

Régionalement, l’Algérie s’est brouillée avec le Mali et le Niger qui lui reprochent ses liens avec les « séparatistes » touareg. Encore plus grave pour elle, ses intérêts au Sahel se trouvent désormais opposés à ceux de son allié historique, la Russie, pays qui soutient la junte au pouvoir à Bamako, tout en fournissant à l’Algérie la quasi-totalité de son armement. En Libye également, la politique d’Alger se heurte à celle de la Russie. L’Algérie soutient en effet Tripoli quand Moscou est aux côtés du maréchal Haftar qui contrôle Benghazi. Enfin, en emprisonnant Boualem Sansal, l’Algérie a grandement écorné son image internationale, notamment devant le Parlement européen où ses lobbystes n’ont pas réussi à empêcher un vote à l‘unanimité exigeant la libération de l’écrivain.

Le bilan diplomatique algérien est donc désastreux car, en plus de s’être brouillé avec ses voisins, le pays a perdu le soutien de ses deux derniers alliés, la Syrie d’Assad et le Hezbollah libanais. Et elle est en passe de perdre celui du régime iranien qui lutte actuellement pour sa propre survie...

Pour en savoir plus, on se reportera à mon livre « Histoire des Algéries des origines à nos jours »