jeudi 12 septembre 2024

Algérie : le Hirak silencieux

En Algérie, la réélection surréaliste du président Abdelmadjid Tebboune avec un score babylonien de 94,65% des voix, pourrait être un des derniers clous plantés dans le cercueil d’un « Système » gérontocratico-militaire aux abois.
En effet, regardons de plus près le résultat de cette élection-farce dans une Algérie dirigée depuis l’indépendance par l’alliance des coffres-forts et des baïonnettes:
 
1) Selon les chiffres officiels, il y eut 48% de votants sur un total de 24 millions d’inscrits, ce qui donne donc plus ou moins 11 millions de suffrages exprimés.
 
2) Comme le président sortant a, toujours selon les chiffres officiels, obtenu quasiment 95% des suffrages, cela veut donc dire qu’environ 5 millions d’Algériens auraient donc voté pour sa réélection.
 
3) Ses deux concurrents ayant, encore selon les chiffres officiels, totalisé à eux deux environ 5% des votes, cela signifie donc que plus de 5 millions de suffrages  se sont soit volatilisés, ou bien que 5 millions d’électeurs auraient voté blanc, ce qui n’apparaît pas dans les résultats officiels...
 
En réalité, les dociles agents du pouvoir qui ont en charge la « gestion » des élections, se sont pris les babouches dans le tapis de leurs manipulations.
N’osant pas donner le vrai chiffre de la participation qui tourne au maximum autour de 20% du corps électoral, paniqués face au colossal camouflet que le pays réel algérien venait d’administrer à la gérontocratie dirigeante, terrorisés enfin face à ce Hirak silencieux dans lequel 80% des Algériens venaient de montrer qu’à leurs yeux le « Système » était illégitime… ils en ont oublié la mathématique…D’autant plus que dans certaines willayas le pourcentage des votants n’atteint pas les 5%, et qu’en Kabylie, la participation fut quasiment nulle…
 
Hier, le Hirak a été écrasé et même maté par le « Système ». Aujourd’hui, toute opposition conduit à la prison et toute pensée critique entraîne une féroce répression, mais ces élections ont montré que la population n’est pas dupe.
Le feu couve désormais en Algérie, prêt à se rallumer tôt ou tard, à la moindre faiblesse d’un pouvoir condamné de ce fait à la fuite en avant. D’autant plus qu’il ne bénéficiera pas deux fois de la « divine surprise » du covid19 qui mit un terme à la déferlante des manifestations de tout un peuple.
 
Aujourd’hui, le « Système » est nu, avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête : sa dépendance totale aux hydrocarbures (pétrole et gaz) et donc à la variabilité de leurs cours.
Un « Système » cleptocratique qui pompe avec constance la substance d’un pays  dont le taux d’inflation  est de 6% au second trimestre 2024, d’un pays qui ne produit rien et qui doit donc  consacrer le quart de ses recettes en hydrocarbures -ses seules recettes -, à l’importation de produits alimentaires de base dont il était pourtant exportateur avant 1962… du temps des Français… D’un pays  dont les filières stratégiques pour la sécurité alimentaire, comme les céréales, les laitages, les viandes, les sucres et les graines oléagineuses sont en faillite et entre les mains  des prédateurs de la nomenklatura étatique.
Une nomenklatura prédatrice qui ne survit plus que par la répression intérieure, par la mobilisation du dernier carré de ses associations mémorielles dont la tâche est facilitée par les « chapons » qui gouvernent la France, et par la dénonciation quasi obsessionnelle du Maroc dont la réussite la rend férocement jalouse…
 
Sur les mensonges algériens on lira mon livre Algériel’Histoire à l’endroit

vendredi 6 septembre 2024

Inondations au Sahel et au Sahara. Les lois de la nature face à l’idéologie « climato-correcte »

Le Sahel et le Sahara connaissent actuellement un très fort épisode pluvieux accompagné d’inondations. Surpris, butors, idéologues et cuistres veulent une fois encore nous faire prendre des vessies pour des lanternes en parlant de « dérèglement climatique dû à des causes humaines ». Or, nous sommes en présence d’un phénomène cyclique bien décrit par les vrais spécialistes du monde intertropical (voir notamment Marcel Leroux, 1994 et 2000).

En 1992, dans une publication datant d’avant l’apparition de la notion postulée et idéologique de « réchauffement climatique global dû à l’homme », deux des plus grands climatologues tropicalistes mondiaux, les Français Yves Tardy et Jean-Luc Probst expliquaient en quelques lignes lumineuses que la raison de l’alternance des cycles sécheresse-pluies au Sahel est due aux variations du « front intertropical » :
 
« Le climat en Afrique suit la position du FIT (Front Intertropical) ou ITCZ (Intertropical Convergence Zone). On peut distinguer deux scénarios :
 
1) Lorsque le FIT est maintenu en position méridionale, soit parce que les polaires mobiles, originaires du Pôle Sud, sont moins actifs que de coutume, soit parce que leurs homologues septentrionaux venus du Pôle Nord sont au contraire plus longtemps et plus fortement actifs, le déficit pluviométrique est généralisé sur le Sahel d’Afrique de l’Ouest (…) C’est le cas des années 1942,1944,1948,1970,1971,1972 et 1973. Cette situation se lit très bien sur la courbe de fluctuations des fleuves Sénégal et Niger (…).
 
2) Lorsque le FIT remonte haut vers le Nord sous la poussée des anticyclones mobiles originaires du Pôle Sud, on enregistre un excédent pluviométrique sur l’Afrique sahélienne de l’Ouest (…).
 
Ainsi, avec les mouvements du FIT qui sont sous l’influence de la montée vers le Nord des masses d’air polaire venant du Pôle Sud ou de la descente vers le Sud des masses d’air polaire venant du Pôle Nord, on saisit aisément la relation qui peut exister entre les fluctuations de température et celles de l’humidité, ainsi que l’effet de compétition entre Hémisphère Nord et Hémisphère Sud » (Tardy et Probst, 1992 :26).
 
Les recherches actuelles ont intégré les variations du FIT dans la longue histoire des cycles climatiques saharo-sahéliens, ce qui permet de disposer d’un éclairage sur plus de deux millions d’années ainsi que  le démontre Mathieu Dalibard (2011) dans sa thèse consacrée aux changements climatiques africains.
 
Selon Dalibard, le climat africain varie selon trois grands cycles :
 
1) Les cycles dépendant de la variation de l’orbite terrestre ou « cycles de l’excentricité » fluctueraient entre 400 000 et 100 000 ans.
2) Les cycles dépendant de l’inclinaison de l’axe terrestre ou « cycles de l’obliquité » fluctueraient entre 54 000 et 41 000 ans.
3) Les cycles dépendant de la variation de l’axe de rotation de la Terre ou « cycles de précession » fluctueraient entre 23 000 et 19 000 ans.
 
Cette succession de cycles par définition indépendants de toute activité humaine, permet de comprendre pourquoi, Il y a plusieurs centaines de millions d’années, le Sahara et le Sahel furent recouverts par un glacier, puis par l’océan. Pourquoi, il y a cent millions d’années, ce fut une immense forêt équatoriale humide parcourue par des dinosaures avant de lentement se transformer en une forêt tropicale, puis en une savane arborée.
 
Plus près de nous, ce mouvement climatique de longue durée tendant depuis 5000 ans vers l’assèchement, fut entrecoupé de rémissions ayant donné naissance à une succession d’épisodes secs et humides à travers lesquels se fit la mise en place des populations.
 
Encore plus près de nous, le XXe siècle a connu quatre grandes sécheresses entre 1909 et 1913, entre 1940 et 1944, entre 1969 et 1973, et entre 1983 et 1985 (Retaille, 1984 ; Ozer et alii, 2010 ; Maley et Vernet, 2013). Au cours des années 1960, période « chaude » la pluviométrie en augmentation fit brièvement remonter la zone sahélienne vers le nord, ce qui se traduisit par un recul du désert. Et pourtant, nous étions alors au pic de l’industrialisation mondiale et des pollutions qui en découlent.
Ensuite, à partir des années 1970, la pluviométrie décroissant, le désert s’étendit donc de nouveau et le Sahel se rétracta, les isohyètes moyennes descendant de 100 à 150 kilomètres vers le Sud. Les conséquences de ce nouveau cycle sont actuellement aggravées, mais non causées, par la pression démographique sahélienne.
 
L’analyse de ces phénomènes naturels contradictoires est d’une extrême complexité. Elle ne supporte ni les raccourcis, ni les idées-reçues. Leur compréhension ne passe ni par les anathèmes, ni par les slogans, mais par l’étude de la longue et même de la très longue durée. Si ces dernières étaient prises en compte, cela pourrait utilement mettre de l’ordre dans nombre de cervelles de colibri pour lesquelles l’immédiateté sert à la fois de passé, de présent et d’horizon…
 
Pour l’étude détaillée de ces épisodes climatiques saharo-sahéliens mouvants, on se reportera à mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.
 

Bibliographie
- Carré, M et alii., (2018) « Modern drought conditions in Western Sahel unprecedented in the past 1600 years ». En ligne.
- Dalibard, M., (2011) Changements climatologiques en zone intertropicale africaine durant les derniers 165.000 ans. Thèse de paléontologie climatique, Université Claude Bernard, Lyon 1.
- Leroux, M., (1994) « Interprétation météorologique des changements climatiques observés en Afrique depuis 18000 ans. ». Geo-Eco-Trop, 1994,16, (1-4), pp.207-258.
 - Leroux, M., (2000) La dynamique du temps et du climat. Paris.
- Maley, J et Vernet, R., (2013) « Peuples et évolutions climatiques en Afrique nord-tropicale, de la fin du Néolithique à l’aube de l’époque moderne ». Afriques, débats, méthodes et terrains d’histoire, vol 4.
- Ozer, P et alii., (2010) « Désertification au Sahel : historique et perspectives ». BSGLg, 2010, 54, pp 69-84.
- Retaille, D., (1984) La sécheresse et les sécheresses au sahel, L’Information géographique, 1984, 48, pp 137 à 144.
- Tardy, Y et Probst, J-L., (1992) « Sécheresses, crises climatiques et oscillations télé connectées du climat depuis cent ans ». Sécheresse, 1992 ; 3 : 25-36. 

dimanche 1 septembre 2024

L'Afrique Réelle n°177 - Septembre 2024

Sommaire

Actualité
- La doxa écologiste face aux réalités africaines
- L’Afrique ne compte pas pour l’économie française

Dossier : La relation franco-algérienne après la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental
- La question du Sahara dit « occidental » est un problème créé par l’Algérie 
- Que penser des menaces de « représailles » algériennes contre la France ?
- Incapable de nourrir sa population, l’Algérie menace la France de « représailles »…

Histoire
Rwanda : un génocide qui pouvait être évité


Editorial de Bernard Lugan

Depuis les indépendances, porteuse du mirage du « développement » et du mythe de la « bonne gouvernance », la France laboure l’océan africain. Un double objectif qui, en plus de lui avoir fait engloutir en pure perte des sommes considérables, a fini par dresser contre elle des Africains lassés de son néo-colonialisme « gentil ».
Et si la politique française d’aide a l’Afrique  a échoué, c’est parce qu'elle ne s’est pas attaquée aux causes profondes du mal. Les principales crises africaines sont en effet structurelles et elles ont une origine historique, politique et culturelle. Tout au contraire, la France a postulé qu’elles découlaient d’un déficit de démocratie et d’un sous-développement économique. Elles n’avaient donc  aucune chance d’être traitées. 

Face au mur de l’échec, la France s’est obstinée dans une politique d’aide dont les résultats sont nuls, l’Afrique engloutissant année après année, des sommes colossales versées au titre de l'APD (Aide pour le Développement). D’ailleurs, comme la croissance économique africaine est inférieure à la croissance démographique, comment prétendre raisonnablement « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ?
En raison de son échec évident, toute la politique africaine de la France est donc à revoir, mais à la seule lumière du réel : comme la France n’est pas mesure de résoudre les problèmes de l’Afrique, elle doit donc cesser de se croire obligée de le faire.
D’autant plus qu’aucune des productions actuelles ou identifiées en Afrique, n’est vitale pour son économie. Quant aux matières premières africaines, à de très rares exceptions, elles se trouvent en abondance, ailleurs dans le monde dans des régions où ne se posent pas de problèmes sécuritaires, matériels et politiques, et où le racket du « développement » ne s’exerce pas davantage que la rente victimaire. 
La France n’a donc pas d’intérêts économiques prioritaires à défendre en Afrique. Néanmoins, si elle veut tout de même y manifester une présence, sa priorité sera de concentrer ses efforts sur les littoraux. C’est en effet de là que partent toutes les pénétrantes continentales, et où, en retour, aboutissent toutes les productions de l’intérieur. Comme je l’ai déjà dit dans un précédent éditorial, pour le moment,  laissons donc les intérieurs, là où il n’y a que des coups à prendre, à ceux qui, comme les Russes au Mali, commencent à s’y brûler les ailes…
Quant à la question de l’immigration, ce n’est pas avec les chimères du développement qu’elle pourra être traitée. D’autant plus que ce ne sont pas les Africains de la brousse qui émigrent, mais très exactement ceux qui se sont frottés à notre politique de « développement » et qui disposent des moyens de payer les réseaux de passeurs…
Enfin, comme la France n’a aucune prise sur les zones continentales d’où partent ces migrants, elle devra, là encore, s’intéresser à celles de leurs points d’arrivée, à savoir les rives africaines de la Méditerranée. D’où la nécessité de réorienter la politique française vers l’Afrique du Nord afin d’y nouer de forts partenariats, notamment sécuritaires, avec des pays qui sont désormais en première ligne face au phénomène migratoire africain sud-saharien.

vendredi 2 août 2024

Comprendre la question du Sahara occidental



En reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, le président Macron a déchainé la colère d’une Algérie qui, perdant tout sens de la mesure, menace désormais la France de représailles…
Quelles représailles d’ailleurs ?
1) Le gaz algérien représente en moyenne 8% de la consommation française.
2) Le pétrole algérien représente en moyenne 9% de la consommation française.
3) Le commerce  de la France avec l’Algérie, est en moyenne de 12 milliards d’euros pour un commerce extérieur français global de 770 milliards d’euros, toujours en moyenne…
Pour la France,  économiquement parlant, l’Algérie n’existe donc pas et, si « représailles » il devait y avoir, ce serait dans l’autre sens qu’elles pourraient s’exercer.
Notamment en ce qui concerne :

1) Les exorbitantes facilités de circulation offertes aux Algériens désirant venir en France, souvent pour s’y faire soigner.
2) Les colossaux libres transferts de fonds des Algériens vivant en France vers leur pays d’origine, soit par les canaux officiels, soit à travers les canaux « informels ».
3) Les IDE (Investissements directs étrangers) français en Algérie qui s’élèvent en moyenne à 2,4 milliards d’euros sur un total de 6 milliards d’euros, plaçant ainsi la France au troisième rang derrière les Etats-Unis et l’Italie, mais au premier rang hors hydrocarbures.
 
Plusieurs questions doivent donc être posées :
- Pourquoi la réaction épidermique et quasi hystérique d’une Algérie qui, depuis 1975 affirme pourtant contre l’évidence qu’elle n’est pas partie prenante dans la question du Sahara occidental, alors qu’elle fait tout pour empêcher le Maroc de récupérer une région immémorialement marocaine détachée par la colonisation ?
- Pourquoi la question du Sahara occidental est-elle « l’Alsace-Lorraine des Marocains » ?
- Pourquoi, après les Etats-Unis, l’Espagne et l’Allemagne, la France, comme une centaine d’autres pays, vient-elle de reconnaître la marocanité du Sahara occidental ?

Pour comprendre cette question, on lira mon livre Le Sahara occidental en 10 questions
 
Prix du livre :
- France métropolitaine :  32 euros port colissimo compris
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jeudi 1 août 2024

L'Afrique Réelle N°176 - Août 2024

Sommaire

Actualité
Le gaz algérien
Dossier : Russie et Afrique, l’heure des choix  
- Le grand retour de la Russie
- Entre l’Algérie et le Mali, la Russie va devoir choisir
- Soudan : la Russie contrainte de changer de camp 
Histoire
La prise d’Alger en juillet 1830 : Quand une créance privée devient une affaire d’Etat


Editorial de Bernard Lugan
 
La Russie dans le piège malien

En plus d’indisposer son partenaire algérien en appuyant la junte de Bamako dans sa tentative de mise au pas des Touareg maliens, la Russie vient de découvrir tragiquement la « complexité » de la question sahélienne. 
Une découverte qui s’est faite dans le sang, entre le jeudi 25 et le samedi 27 juillet, dans la région de Tinzawaten, à proximité de la frontière algéro-malienne, où une colonne de l’armée malienne encadrée de mercenaires russes a été anéantie par les combattants touareg. Encerclés, les russo-maliens n’ont pas pu être secourus, ce qui en dit long sur leur niveau opérationnel.

Il était clair qu’après l’humiliation de la chute de leur bastion de Kidal en novembre dernier, les combattants du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), le nouveau nom de la coalition armée touareg et maure, allaient contre-attaquer.

Si un bilan définitif est difficile à annoncer, les vidéos qui circulent largement permettent d’estimer les morts à peut-être une douzaine de Russes parmi lesquels le commandant du secteur nord, ainsi que plusieurs dizaines de soldats maliens. Toujours grâce aux vidéos, il est possible d’affirmer qu’au moins deux Russes ont été faits prisonniers.

Après une arrivée triomphale uniquement permise par l’addition des erreurs politiques de la France, les Russes ont choisi la pire des options, à savoir aider le Mali du sud à conquérir le Mali du nord, donc, en revenir à la situation antérieure à 2011, c’est-à-dire au début de la guerre. Or, une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg ne ferait que reporter le problème tout en l’amplifiant. 
La Russie vient donc de découvrir qu’au Sahel, tout règlement en profondeur passe par la prise en compte des réalités locales… ce que la France a refusé de faire et qui explique son échec. 

Le fond du problème dont j’explique la genèse dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours est en effet que s’obstiner à vouloir faire vivre dans un même Etat les agriculteurs noirs sédentaires du Sud et les nomades berbères ou arabes du Nord est une utopie crisogène puisque l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence les Noirs sudistes, ce que les nordistes ne peuvent accepter.

Nouvelle venue dans la région, la Russie n’a pas compris que la seule option de sortie de crise est celle de la reconnaissance d’une réalité qui explique tout, à savoir que le Mali « unitaire » n’a jamais existé -, et qu’il est donc urgent de penser à une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale. Toute autre approche est vouée à l’échec et aboutira finalement à une coagulation ethnique à travers un califat islamique régional… comme à la fin du XIXe siècle… jusqu’à ce que la colonisation vienne en libérer les populations…

dimanche 28 juillet 2024

Argumentaire contre le wokisme, l’islamo-gauchisme et le courant décolonial

Derrière le vocable « décolonial », le « wokisme » et l’ « islamo-gauchisme », s’abritent plusieurs concepts, « théorie postcoloniale », « mouvance décoloniale », « colonialité », « indigénisme ».
Leur point commun est la mise en accusation de l’homme blanc accusé de maintenir sa domination sur les descendants des populations colonisées, sur les groupes marginalisés et sur toutes les « minorités », notamment sexuelles.
Dans une insolite alliance artificielle avec  les tenants du « Genre », les LGBT et certaines fractions féministes, ce courant a en effet  élargi la notion de domination blanche aux minorités sexuelles. Pour ses membres, les femmes et les homosexuels sont ainsi les éternelles victimes du patriarcat blanc hétérosexuel, comme les Noirs, les Arabes et les immigrés le sont de ces mêmes blancs colonisateurs.
Quant à l’écriture traditionnelle comme elle est le symbole de cette domination, et comme son vecteur en est la langue, produit de la culture patriarcale, il faut donc la détruire en la remplaçant par l’écriture inclusive.
 
La synthèse de ces trois courants se résume à une idée maîtresse : l’histoire de l’Europe est une infamie esclavagiste-coloniale et l’homme blanc en est par essence et éternellement coupable. Dans cet avatar modernisé du marxisme, la lutte des races a remplacé la lutte des classes.
 
Le but de cette coalition idéologique et politique est de déconstruire la France, ce que ses membres font méthodiquement au moyen d’un terrorisme politico-médiatique de plus en plus oppressant.
Son but n’est pas de se « séparer » de la France à laquelle ils trouvent en effet beaucoup d’avantages... Ils ne veulent pas faire sécession d’elle, mais lui imposer leurs normes raciales, philosophiques, sociales, politiques et religieuses. En un mot, ils veulent la soumettre, justifiant leur conquête territoriale d’une phrase traduisant clairement leur volonté de revanche ou même de vengeance historique : « Si nous sommes ici, c’est que vous étiez là-bas ».

En France, c’est clairement sur le porte-greffe de l’immigration que cette idéologie a pris. Résultat, nous sommes désormais en présence de deux « pays réels », l’un, composé des Français de « souche », l’autre des nouveaux venus. Or, ce qui reste du « pays légal » exerce un pouvoir répressif de plus en plus liberticide sur le vieux « pays réel », celui des autochtones, laissant tout au contraire le nouveau « pays réel », celui dont le parti LFI se veut l’avant-garde, se développer afin d’affaiblir davantage encore toute future résistance enracinée dans l’identité française.
 
Refusant obstinément de voir la réalité en face, acculé dans une impasse idéologique et sociétale, le « pays légal » certes résiduel, mais encore policièrement et judiciairement puissant, continue à s’agripper aux « droits de l’homme », à la laïcité et à l’incantation aux « valeurs de la République ». Cela n’empêchera pas sa noyade car le nouveau « pays réel » voit dans ces trois fragiles bouées de sauvetage la preuve de la permanence du fait colonial, la « colonialité », le néo-impérialisme blanc reposant sur des « valeurs » européo-centrées postulées universelles…
 
Pour les « indigènes », c’est-à-dire pour la « population première », en d’autres termes pour les « Français de souche », le choix est désormais clair :

1) Soit la « soumission » prophétisée par Michel Houellebecq, c’est à dire l’entrée en dhimmitude.

2) Soit la remise en question de la philosophie et des impératifs moraux qui ont permis la victoire intellectuelle des « décoloniaux », du wokisme et des islamo-gauchistes. Donc, le basculement dans un paradigme de survie identitaire qui répudiera les vieilles lunes idéologiques universelles.

C’est parce que ce combat existentiel passe par le réarmement doctrinal des forces créatrices, que j’ai écrit « Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance ».

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lundi 1 juillet 2024

L'Afrique Réelle N°175 - Juillet 2024

Sommaire

Actualité
- La Chine ne veut pas renoncer à sa dette africaine
- Algérie : nouveau règlement de comptes au sein de l’odjak des janissaires

Dossier : Les élections en Afrique du Sud ou le mythe de la « nation arc-en-ciel »
- L’évolution du corps électoral depuis 1994
- Afrique du Sud : la grande stabilité du corps électoral
- Quelle coalition pour diriger un pays en crise ?

Histoire
Lyautey et le Maroc


Editorial de Bernard Lugan

Ce numéro de l’Afrique Réelle comporte quatre thèmes.

1) A la différence des « Occidentaux » qui, périodiquement, rongés par une auto-culpabilisation relevant du masochisme, acceptent de rééchelonner ou d’annuler la dette africaine, les Chinois, eux, ne prêtent pas pour perdre de l’argent. Voilà pourquoi ils refusent tout rééchelonnement global.

2) En Algérie, il faudra bientôt compter les généraux qui ne sont pas passés par la case prison… Ce pays ravagé par la guerre des clans militaires est le digne héritier de la régence turque durant laquelle, et cela pendant trois siècles, les règlements de comptes se sont faits au sein de l’odjak des janissaires dont les militaires algériens semblent être les successeurs. 

3) En Afrique du Sud où, à l’issue des dernières élections, l’ANC a perdu la majorité absolue, un gouvernement de coalition a donc été constitué. Mais, paradoxe, alors que les programmes politiques de l’ANC, de l’Umkhonto we Sizwe et des EFF sont quasiment identiques, les haines personnelles entre leurs trois dirigeants, Cyril Ramaphosa, Jacob Zuma et Julius Malema, ont fait que c’est finalement une alliance quasi surréaliste qui s’est constituée. La nouvelle majorité associe en effet l’ANC et la DA (Democratic Alliance). 
Vont ainsi gouverner ensemble un parti qui veut amplifier l’Affrmative Action, qui demande qu’Israël soit condamné pour génocide, dont tous les députés ont voté pour la saisie des fermes blanches, et un parti blanc qui combat l’Affirmative Action, qui soutient Israël et qui s’oppose à la saisie des fermes appartenant aux Blancs… 

Résultat, l’EFF et Umkhonto we Sizwe parlent de trahison des idéaux de l’ANC, de combine destinée à sauvegarder les postes et les prébendes des caciques de l’ANC, et appellent tous les Noirs à les rejoindre… Une situation à suivre…

4) Dans le contexte universaliste et assimilateur dans lequel baignait alors la colonisation française, Hubert Lyautey constitue une exception car il ne fut pas un colonisateur au sens « classique » du terme. Son action procéda en effet d’une grande constante qu’il eut toujours à l’esprit : le Protectorat français sur le Maroc n’était qu’un état transitoire, provisoire même, devant inéluctablement aboutir à l’indépendance du pays. 
Tout le contraire de la politique appliquée en Algérie après 1870 quand le régime civil républicain succédant au régime militaire exerça des ravages et provoqua un traumatisme insurmontable.

lundi 17 juin 2024

samedi 1 juin 2024

L'Afrique Réelle n°174 - Juin 2024

Sommaire

Actualité
- Le Niger après la rupture avec la France et les Etats-Unis

Dossier Cameroun
- L’ethno-politique au Cameroun
- D’Ahmadou Ahidjo à Paul Biya

Dossier Sahara occidental
- Entretien avec Bernard Lugan
- Existe-t-il un « peuple sahraoui » ?  Y eut-il dans le passé un Etat du nom de « Sahara Occidental » ?


Editorial de Bernard Lugan

Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident »

Le 16 mai 2024, lors d'un discours consacré aux relations entre l'Afrique et l'Europe prononcé à Dakar devant les étudiants de l'université Cheikh Anta Diop en présence de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a déclaré que la « promotion des droits des homosexuels alimente le sentiment anti-occidental en Afrique ».

Sur un continent où les deux tiers des pays criminalisent l’homosexualité, les injonctions occidentales en la matière sont en effet ressenties comme des attaques directes à l’ordre naturel africain. Ici, les peines contre les homosexuels vont en effet de l’amende à la condamnation à mort. L’ancien président de Gambie, Yahya Jammeh affirmait pour sa part que son pays « lutterait contre ces vermines gays de la même manière qu’il combat les moustiques responsables du paludisme, sinon plus agressivement ». Quant au défunt président Mugabe du Zimbabwe, ce fut à la tribune de l’ONU qu’en 2015, il déclara que « l’Afrique ne voulait pas de gays sur son sol » car l’homme noir se devait de « perpétuer sa race avec des femmes. »

C’est dans un ferme discours au ton très mesuré qu’Ousmane Sonko a condamné les « velléités extérieures d’imposer l'importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs et qui risquent de constituer un nouveau casus belli parce que, dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d'incompréhensions tant cela met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposée ».

Refusant ce nouveau diktat qui, à la différence des précédents, n’est ni politique, ni économique, mais « existentiel », Ousmane Sonko a déploré que « la question du genre revienne régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, jusqu’à se poser comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers ».

Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.

Ancrés sur leur arrogance, eux qui ne trouvent d’échos que dans le cap ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, sont partout ailleurs balayés dans ce que le reste du monde considère comme un réflexe de survie. Cependant qu’en Afrique, sur les volutes de leur prétention morale, Russes, Chinois, Indiens, Indonésiens et Turcs tirent les marrons du feu…

Le message d’Ousmane Sonko est très clair :  l’Afrique qui ne cédera pas à l’oukase existentiel du Nord a donc décidé de redevenir africaine. Un écho à ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent quant à eux que l’Europe redevienne européenne... Ici et là,  référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme.

jeudi 30 mai 2024

C’est à l’Algérie de rembourser ce qu’elle doit à la France et non le contraire…

Madame Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, vient d’oser déclarer que « La France rende à l’Algérie ce qui lui appartient ». Or, si madame Rima Hassa avait un minimum de culture, pour ne pas parler de simple décence, elle devrait tout au contraire crier « Vive l’Algérie française », tant ce pays doit en effet tout à la France. Jusqu’à son nom qui lui fut donné par elle en 1839…


Au moment de l’indépendance de juillet 1962, tout ce qui existait en Algérie y avait en effet été construit par la France à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé puisqu’il était directement passé de la colonisation turque à la colonisation française. Ce fut en effet la France qui créa l’Algérie en lui donnant ses frontières. Des frontières qui, à l’Ouest, furent tracées en amputant territorialement le Maroc. Le Tidikelt, le Gourara, le Touat, Tindouf, Colomb Béchar etc…furent ainsi arrachés au Maroc pour être généreusement offerts à Algérie française dont l’Algérie algérienne est l’héritière directe. Une héritière qui, sans le moindre remords, a conservé le legs exorbitant fait par la France aux dépens du Maroc.

Une Algérie que la France ouvrit vers le Sud en lui offrant un Sahara qu’elle n’avait, et par définition, jamais possédé puisqu’elle n’avait jamais existé…Une réalité historique résumée en une phrase par le général de Gaulle : « (…) Depuis que le monde est monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays sans qu’il y ait eu à aucun moment, sous aucune forme, un Etat algérien » (Charles de Gaulle, 16 septembre 1959, déclaration à la RTF).

Dans l’ancienne Régence turque d’Alger, l’ouest reconnaissait l’autorité spirituelle du sultan du Maroc. Ce dernier avait d’ailleurs un représentant, un khalifat, dans la région, l’un d’entre eux ayant été le propre père d’Abd el-Kader. Quant à l’Est, il était tourné vers Istanbul. Nulle part, la prière n’était donc dite au nom d’un chef « algérien » car, à l’époque, la « nation algérienne » n’existait pas puisqu’il s’agissait d’un « non concept ».

Ferhat Abbas (1899-1985), l’ancien chef du GPRA écrivit lui-même en 1936 : « Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste (…) je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les morts et les vivants ; j’ai visité les cimetières : personne ne m’en a parlé… ».

En 1962, la France légua à sa « chère Algérie » selon la formule de Daniel Lefeuvre, un héritage composé de 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), de 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, de 4300 km de voies ferrées, de 4 ports équipés aux normes internationales, de 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots),  de 34 phares maritimes, d’une douzaine d’aérodromes principaux, de centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), de milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, de 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, d’une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., de milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes ( soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), d’un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, de trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, de 14 hôpitaux spécialisés et de 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants.

Sans parler du pétrole découvert et mis en exploitation par des ingénieurs français. Ni même d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance. A telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer jusqu’à du concentré de tomate, des pois chiches et même de la semoule pour le couscous… Quant à sa seule exportation agricole, celle de ses succulentes dattes, elle ne sert même pas à compenser ses achats de yaourts fabriqués à l’étranger…

Or, tout ce qui existait en Algérie en 1962 avait été payé par les impôts des Français. En 1959, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! 

Pour la France, le fardeau algérien était donc devenu impossible à porter car, en soulageant les misères, en soignant, en vaccinant et en faisant reculer la mortalité infantile, elle avait créé les conditions de la catastrophe comme l’a écrit René Sédillot en 1965 :

« (En Algérie), la colonisation française a poussé l’ingénuité – ou la maladresse- jusqu’à favoriser de son mieux les naissances : non seulement par le jeu des allocations familiales, mais aussi par la création d’établissements hospitaliers destinés à combattre la stérilité des femmes. Ainsi, les musulmanes, lorsqu’elles redoutaient d’être répudiées par leurs maris, faute de leur avoir donné des enfants, trouvaient en des centres d’accueil dotés des moyens les plus modernes tout le secours nécessaire pour accéder à la dignité maternelle ».

Chaque année à partir du lendemain du second conflit mondial, 250 000 naissances étaient ansi comptabilisées en Algérie, soit un accroissement de 2,5 à 3% de la population, d’où un doublement tous les 25 ans. Or, la France s’était elle-même condamnée à nourrir ces bouches nouvelles et à créer ensuite autant d’emplois puisqu’elle considérait l’Algérie comme une de ses provinces, au même titre que la Bretagne ou que l’Alsace...

En 1953, comme les recettes locales ne permettaient plus de faire face aux dépenses de fonctionnement, l’Algérie fut en faillite. Au mois d’août 1952, anticipant en quelque sorte la situation, le gouvernement d’Antoine Pinay (8 mars 1952-23 décembre 1952), demanda au parlement le vote de 200 milliards d’impôts nouveaux, tout en étant contraint de faire des choix budgétaires douloureux. Pour aider encore davantage l’Algérie il fallut alors faire patienter la Corrèze et le Cantal.

L’addition des chiffres donne le vertige : durant les seuls 9 premiers mois de 1959 les investissements en Algérie atteignirent 103,7 milliards de crédit dont 71,5 milliards directement financés par le Trésor français. De 1950 à 1956 la seule industrie algérienne reçut, hors secteur minier, en moyenne 2 395 millions anciens francs annuellement. En 1959 et en 1960 cette somme atteignit en moyenne 5 390 millions (Lefeuvre, 2005). Entre 1959 et 1961, pour le seul plan de Constantine, les industries métropolitaines investirent 27,40 milliards d’anciens francs, gaz et pétrole non compris.

La France s’est donc ruinée en Algérie alors qu’elle n’y avait aucun intérêt économique réel. Qu’il s’agisse des minerais, du liège, de l’alpha, des vins, des agrumes etc., toutes les productions algériennes avaient des coûts supérieurs à ceux du marché international. Or, toujours généreuse, la France continua d’acheter à des cours largement supérieurs au marché des productions qu’elle avait déjà largement payées puisqu’elle n’avait jamais cessé de les subventionner !

Au bilan, l’Algérie a donc été placée sous « assistance respiratoire » par la France qui n’a cessé de l’alimenter artificiellement. Année après année, la France remplissait donc le « tonneau des Danaïdes », algérien, nourrissant les bouches nouvelles, bâtissant hôpitaux, écoles, routes, ponts et tentant de créer artificiellement des milliers d’emplois.

Non seulement la France n’a donc pas pillé l’Algérie, mais, plus encore, c’est elle qui serait fondée à lui « présenter la facture » …En effet, les demandes de Madame Rima Hassan ne valent pas davantage que celles faites au mois de janvier 2021 quand les médias officiels algériens exigèrent de la France un « dédommagement » pour le « pillage » du fer « algérien » qui, selon eux, aurait servi à fabriquer la Tour Eiffel !!!

Or, le minerai de fer ayant servi à édifier l’emblématique monument fut extrait de la mine de Lurdres en Lorraine, département de Meurthe-et-Moselle…Quant aux pièces métalliques composant la Tour, elles sont, comme ses visiteurs peuvent le constater, estampillées à la marque des aciéries de Pompey, également en Lorraine, là où elles furent fondues…
Au verbe et à l’idéologie, l’histoire oppose donc les faits. Des faits qui font l’objet de mon livre argumentaire Algérie, l’Histoire à l’endroit.





















Table des matières
- Chapite I : L’Algérie est-elle Berbère ou Arabe ?
- Chapitre II : Comment des Berbères chrétiens sont-ils devenus des Arabes musulmans ?
- Chapitre III : Pourquoi Bougie et Tlemcen n’ont-elles pas créé l’Algérie alors que Fès et Marrakech a fondé le Maroc ?
- Chapitre IV : L’Algérie, Régence turque oubliée ou marche frontière de l’empire ottoman ?
- Chapitre V : Abd el-Kader, une résistance « nationale » ou arabe ? Mokrani, une résistance « nationale » ou berbère ?
- Chapitre VI : Que s’est-il passé à Sétif et à Guelma au mois de mai 1945 ? Sétif au-delà des mythes
- Chapitre VII : 1954-1962 : la « révolution unie », un mythe ? La revendication berbériste
- Chapitre VIII : Le FLN a-t-il militairement vaincu l’armée française ? La guerre d'Algérie ne s'est pas terminée le 19 mars 1962
- Chapitre IX : Le 17 octobre 1961 à Paris : un massacre imaginaire ?
- Chapitre X : La France a-t-elle pillé l’Algérie ?


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vendredi 17 mai 2024

Comprendre la question du Sahara occidental



Durant la période coloniale le Maroc fut  territorialement amputé, à la fois à l’Est, et au Sud :
- A l’Est, la France rattacha à l’Algérie les provinces marocaines du Touat, de la Saoura, du Tidikelt, du Gourara et  la région de Tindouf.
- Au Sud, l’Espagne occupa les provinces marocaines de la Saquia el Hamra et de l’Oued ad Dahab dont elle fit la colonie du Sahara espagnol (le Sahara occidental).
 
En 1956 quand il recouvrit son indépendance, l’Etat marocain millénaire fut contraint d’entériner la perte de ses provinces de l’Est et d’accepter leur rattachement à l’Algérie, Etat créé en 1962 par le colonisateur français. Une Algérie qui, s’affirmant l’héritière de la France, refusa toute restitution territoriale au Maroc.
Plus encore, en 1975, au moment de la décolonisation du « Sahara espagnol », l’Algérie chercha à faire de cette région historiquement marocaine un « Etat sahraoui », pseudopode qui lui aurait permis de s’ouvrir sur l’océan atlantique.
L’explication  de l’artificielle question du « Sahara occidental » est que, enclavée dans une Méditerranée fermée par le détroit de Gibraltar, l’Algérie a inventé la fiction d’un « Etat sahraoui » vassal dont la création lui aurait permis de disposer d’une ouverture sur le grand large atlantique.

Plan du livre

Question 1 : Qu’est-ce que le Sahara occidental ?
Question 2 : Existe-t-il un « peuple sahraoui » ? Y eut-il dans le passé un Etat du nom de « Sahara occidental » ?
Question 3 : Le Sahara occidental est-il  historiquement marocain ?
Question 4 : Comment la colonisation détacha-t-elle le  Sahara occidental du Maroc ?
Question 5 : Le Sahara occidental n’est-il qu’une partie des amputations sahariennes subies par le Maroc ?
Question 6 : Avant le démembrement colonial, la marocanité du Sahara occidental était-elle internationalement reconnue ?
Question 7 : Comment le Sahara occidental est-il redevenu marocain ?
Question 8 : La question des frontières est-elle le coeur du contentieux algéro-marocain ?
Question 9 : L’Algérie est-elle à l’origine de la question du Sahara occidental ?
Question 10 : Le plan d’autonomie est-il l’unique solution possible au conflit du Sahara occidental ?
Chronologie
Table des cartes et des documents
Bibliographie
Index des noms propres
Index des peuples et des tribus
 
Prix du livre :
- France métropolitaine :  32 euros port colissimo compris
- UE  : 36 euros port compris
- Reste du monde : 50 euros port compris

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mercredi 1 mai 2024

L'Afrique Réelle n°173 - Mai 2024

Sommaire

Dossier: 
L’Afrique du Sud  avant les élections

- L’Afrique du Sud victime de sa cleptocratie d’Etat
- De Jacob Zuma à Cyril Ramaphosa : le lent déclin du parti-Etat ANC

Dossier :
Traites arabo-musulmanes et traite européenne

- Peut-on comparer les traites arabo-musulmanes et la traite européenne ?
- Et les esclaves européens ?
- Les esclaves français rachetés en 1785 à Alger


Editorial de Bernard Lugan

Afrique du Sud : « Face à la décomposition du pays, il va bientôt falloir se décider à en rendre la direction aux Boers » !!!
 
Cette remarque aussi désabusée qu’iconoclaste a été faite par un journaliste noir sud-africain. 
Elle illustre le naufrage d’un pays dans lequel plus de 70 meurtres sont commis quotidiennement, dans lequel le chômage touche environ 40% des actifs, dans lequel le revenu de la tranche la plus démunie de la population est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994, et dans lequel plus d’un tiers des habitants ne survit que grâce aux aides sociales.

Comment aurait-il d’ailleurs pu en être autrement dans la « nouvelle Afrique du Sud » devenue la proie du parti-Etat ANC dont les cadres, trop souvent aussi incapables que corrompus, semblent n’avoir pour objectif que leur propre enrichissement ? 
Un parti-Etat qui va risquer gros lors des élections du 29 mai prochain car il n’aura plus l’alibi du soi-disant héritage « négatif » de « l'apartheid » pour s’exonérer de son incapacité prédatrice.

En effet, en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre par la force[1], il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. 

Vingt-huit ans plus tard, pris dans la nasse de leurs propres mensonges, de leurs prévarications et de leurs insuffisances, les dirigeants de l'ANC ne sont donc plus crédibles quand ils continuent à mettre en accusation le « régime d'apartheid » afin de tenter de dégager leur colossale responsabilité dans l’impressionnante faillite dont ils sont les seuls responsables.

Le tout sur fond de lutte acharnée au sein même de l’ANC entre les partisans de Cyril Ramaphosa, l’actuel président de la république et l’ancien président, le Zulu Jacob Zuma qui fut poussé à la démission en 2018 sur fond de scandales de corruption. Or, ce dernier a fait dernièrement son grand retour en politique avec un seul but : se venger de ceux qui l’ont chassé du pouvoir en 2018… 
Jacob Zuma est ainsi devenu la figure centrale d’un nouveau parti créé pour barrer la route à l’ANC lors élections du 29 mai prochain, l’Umkhonto we Sizwe (MK), du nom de la branche armée de l’ANC qui, avant 1994, mena la lutte contre le régime blanc.

[1] Voir à ce sujet mon livre « Histoire de l’Afrique du Sud des origines à nos jours ». Editions Ellipses, 2022

lundi 22 avril 2024

Niger : après les Français, les Américains priés de quitter le pays…

Vendredi 19 avril, au terme de plusieurs mois de négociations accompagnées de promesses sonnantes et trébuchantes, puis de menaces, les Etats-Unis ont été finalement contraints d’accepter de devoir retirer leurs troupes du Niger. Après les Français, les voilà donc eux aussi, chassés d’un pays qui, jusque-là, n’avait rien à leur refuser.

Avec ce départ exigé par les autorités de Niamey au pouvoir depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, les Etats-Unis vont perdre leur importante base d’Agadez spécialisée dans l’écoute et dans la guerre électronique. Une emprise qui leur permettait de surveiller toute la bande sahélienne, la profondeur saharienne libyenne, ainsi que toute la région péri-tchadique. Cette base qui leur avait coûté plus de 100 millions de dollars abritait également les drones utilisés dans la lutte contre les groupes jihadistes.

Les Etats-Unis avaient pourtant pensé que, contrairement à la France, n’étant pas l’ancienne puissance coloniale, ils allaient donc pouvoir rester au Niger, d’autant plus que, jusque-là, ce pays parmi les plus pauvres du monde, n’avait jamais résisté aux « arguments » du dollar…
Mais les temps ont changé. Avec l’émergence de nouvelles puissances -Russie, Chine ou encore Inde-, les pays africains peuvent désormais se permettre de ne plus être de simples correspondants acquiesçant docilement aux diktats, notamment démocratiques, des « Occidentaux ». Ou bien d’apparaître comme d’obéissants vassaux contraints de reconnaître les nouvelles normes morales occidentales -« théorie du genre » ou « singularités » LGBT-, nouveautés totalement incompréhensibles en Afrique où un homme est un homme… une femme… une femme…

Le 16 mars, le Niger avait déjà annoncé la rupture « avec effet immédiat » de l’accord militaire le liant aux Etats-Unis, vu comme un « accord imposé ». Parmi les raisons de ce divorce, le colonel Amadou Abdramane évoqua à la télévision nationale la « condescendance » de madame Molly Phee, secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines. Cette dernière avait en effet déclaré avec une arrogante suffisance que les Etats-Unis étaient prêts à reprendre leur coopération à condition que le Niger rétablisse la démocratie et cesse d’entretenir des relations avec la Russie.

De telles exigences furent naturellement jugées inacceptables par les militaires au pouvoir à Niamey et ils refusèrent donc cette mise en demeure qui déniait « au peuple nigérien souverain le droit de choisir ses partenaires ».
Les centaines de millions de dollars engloutis par les Etats-Unis dans d’aussi multiples qu’inutiles programmes d’aide au développement n’auront donc pas suffi, Washington n’ayant en effet pas compris que le temps des ingérences et de l’alignement était terminé. Au même moment, le Niger s’ouvrit avec enthousiasme à la Russie. Qu’en adviendra-t-il ? L’avenir le dira…

Quoiqu’il en soit, les premiers conseillers militaires russes ont débarqué à Niamey le 10 avril dernier avec une importante quantité de matériel. Cette nouvelle coopération nigéro-russe a été illustrée à la fin du mois de mars par un long et chaleureux entretien téléphonique entre le président Poutine et le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte. L’homme auquel, avec un grand sens des réalités adossé à une fine connaissance des mentalités africaines, le président Macron avait, tel un maître à son valet, ordonné, sous menace d’intervention ( !!!), de rendre sur le champ le pouvoir à son protégé, le président Bazoum, dont le poids ethnique, donc politique, est de moins de 0,5% de la population...

Le plus grave est qu’au lieu de tirer les leçons de ces échecs, ceux qui prétendent faire la politique africaine de la France tentent maintenant de dégager leurs responsabilités en criant au complot russe et chinois. Une attitude pathétique qui ne trompe personne car c’est bien leur incompétence, leur aveuglement et leur arrogante volonté d’imposer leurs « nuées » sociétales aux Africains, qui ont ouvert les portes du continent à ces nouveaux acteurs. Et si ces derniers y sont bien accueillis, c’est parce qu’ils n’y viennent pas pour y donner des leçons de « bonne gouvernance », pour y demander aux populations de croire qu’un homme peut accoucher ou que la démocratie individualiste est la solution pour des pays à structures communautaires…

En Afrique, la redistribution géostratégique est donc en cours d’achèvement. Au Sahel, après s’être fait mettre à la porte du Mali, du Niger et du Burkina Faso pour avoir obstinément décidé d’ignorer les avis des connaisseurs de la région, les « décideurs » français assistent aujourd’hui impuissants au développement d’un mouvement qui s’étend désormais au Tchad et au Sénégal. Bientôt sera donc définitivement fermée une parenthèse africaine française ouverte à la fin du XIX° siècle dans ces « Terres de soleil et de sommeil » si chères à Ernest Psichari.

Devant un tel désastre, que l’on ne s’étonne donc pas que certains, à la suite du grand historien qu’était René Grousset (1885-1952), en arrivent à dire que : « Quand le destin a inutilement prodigué à une société (…) tous les avertissements, et qu’elle s’obstine dans le suicide, sa destruction n’est-elle pas une satisfaction pour l’esprit ? »

Pour en savoir plus, voir mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours

dimanche 7 avril 2024

Monsieur le président Macron, en avril 1994, c’était aux 2539 soldats de l’ONU commandés par général canadien Roméo Dallaire de s’opposer au génocide…Non aux forces françaises qui avaient quitté le Rwanda depuis le mois d’octobre 1993…

La seule question qui se pose est en effet celle de la responsabilité de l’ONU. Pourquoi le général Roméo Dallaire qui avait tous les moyens de le faire, ne fit-il rien de sérieux pour empêcher le génocide ?

Devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), loin du héros médiatique, « capitaine courageux » face à l’indicible génocidaire, c’est tout au contraire le portrait d’un homme désemparé qui est ressorti des longues audiences. Ses fautes de commandement, ses atermoiements, ses hésitations, son absence de décision sur le terrain ainsi que ses initiatives politiques aberrantes, et parfois même incohérentes, prises en violation de la chaîne de commandement de l’ONU, font que nous sommes désormais devant l’alternative suivante :
- Soit le général Dallaire commandant des Forces de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda fut dépassé par les évènements.
- Soit, comme l’a écrit son supérieur, M. Booh-Booh[1], il avait reçu pour ordre de faire gagner le général Kagamé et le FPR[2].
 
En application des accords de paix d’Arusha, l’ONU devait en effet garantir la Transition démocratique. La Résolution 872 (1993) du Conseil de Sécurité du 5 octobre 1993 porta ainsi création de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR).
Le chef de cette mission était M. Jacques Roger Booh-Booh, nommé Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Rwanda. Il avait sous ses ordres le général canadien Roméo Dallaire qui était le chef militaire de la mission. Or, ce dernier était un officier qui n’avait aucune expérience du commandement opérationnel. De plus, il ne connaissait rien de l’Afrique.
 
Après l’attentat du 6 avril 1994, le général Dallaire ne fit rien pour s’opposer à la reprise des hostilités par les forces du général Kagame.
Alors qu’il se devait de sécuriser au moyen de ses 2539 hommes et de ses blindés, l’axe menant du centre-ville de Kigali à l’aéroport, au lieu de montrer sa force, il la replia tout au contraire dès la nuit du 6 au 7 avril, en commençant par abandonner cet axe vital pourtant sous sa garde et que le FPR coupa…
Plus largement, dès la reprise des hostilités, le général Dallaire aurait dû imposer un couvre-feu et déclarer qu’il ferait tirer sur quiconque le violerait. Le général Kagamé aurait alors hésité à lancer son offensive. Avec la compagnie para-commando belge, il disposait d’une excellente unité qui pouvait sans problèmes majeurs remplir une telle mission. Il lui aurait également fallu, avec ses blindés, occuper en ville les points stratégiques dont la tenue aurait freiné l’extension des massacres et des débordements, ce qu’il n’a pas davantage fait.
 
Le 7 avril, quand le FPR eut unilatéralement rouvert les hostilités, le général Dallaire ne condamna pas cette violation gravissime des accords d’Arusha. Encore plus insolite, au lieu d’agir sur la partie qui avait déclenché la reprise de la guerre, il somma au contraire les forces gouvernementales de rester dans le cadre des Accords d’Arusha, leur interdisant de fait de simplement se défendre.
 
Les manquements du général Dallaire qui présida au plus grand échec militaire de l’ONU depuis sa création sont à ce point nombreux qu’il est licite de demander si une telle incompétence est concevable chez un officier général, ou si l’explication de tels errements ne se trouve pas dans l’hypothèse de M. Booh-Booh, à savoir la « connivence » avec le général Kagamé.
 
Ce général canadien aurait-il donc été nommé à la tête de la MINUAR afin de permettre la réalisation du plan américain visant à évincer la France du Rwanda puis du Zaïre, et pouvoir faire main basse sur les richesses du Kivu ? 
 
Page 123 de son livre qui a pour sous-titre éloquent « Révélations sur les dérives d’un général de l’ONU au Rwanda », J.R. Booh-Booh qui était donc le supérieur hiérarchique de Roméo Dallaire écrit ainsi sans détours que :
 
« Dallaire n’était pas neutre : il était plutôt de connivence avec le FPR. Voilà la clé qui permet de comprendre cette situation ».
 
Tant que François Mitterrand eut la capacité de gouverner, ce plan anglo-saxon fut mis en échec. Mais, après les élections législatives de 1993, et la « cohabitation » qui s’en suivit, le suivisme atlantiste des dirigeants français fit que tout fut bouleversé.
Ces évènements provoquèrent même une totale redistribution des cartes en Afrique centrale au profit du Rwanda, principal allié de Washington qui reçut un blanc-seing pour mettre l’est de la RDC (l’ex-Zaïre), à savoir le Kivu, en coupe réglée.
 
Monsieur le président Macron étiez-vous informé de cela, avant de faire porter la responsabilité des évènements sur votre propre pays et sur son armée… ?

[1] Booh-Booh, P-R., (2005) Le patron de Dallaire parle. Révélations sur les dérives d’un général de l’ONU au Rwanda. Paris.
[2] Pour tous les détails concernant l’attitude et les responsabilités du général Dallaire, on se reportera au chapitre VIII de mon livre « Rwanda, un génocide en questions »

mardi 2 avril 2024

L'Afrique Réelle N°172 - Avril 2024

Sommaire

Actualité :
- Algérie : quel avenir pour les exportations de gaz naturel ?
- Le Rwanda et la RDC

Dossier :
Génocide du Rwanda 30 ans plus tard

- Les faits, rien que les faits…
- Assassinat du président Habyarimana : l’enquête interdite
- Un non-lieu qui pose bien des questions…
- Ces Tutsi qui accusent le FPR d’avoir assassiné le président Habyarimana


Editorial de Bernard Lugan :

Génocide du Rwanda : 30 ans plus tard

Il y a trente ans le 6 avril 1994, était assassiné le président hutu Juvénal Habyarimana, attentat qui, selon le TPIR (Tribunal pénal international du Rwanda) fut le déclencheur du « génocide du Rwanda » ou « génocide des Tutsi du Rwanda ».

Depuis, les médias répètent l’histoire officielle écrite par le régime de Kigali, à savoir que ce génocide fut « programmé »  et « planifié » par les « extrémistes » hutu. 

Or, ce postulat a volé en éclats devant le TPIR. 
Ce tribunal créé par le Conseil de sécurité de l’ONU et qui siégea à Arusha, en Tanzanie, de 1995 à 2016, a en effet, et dans tous ses jugements concernant les « principaux responsables du génocide », que ce soit en première instance ou en appel, clairement établi qu’il n’y avait pas eu « entente » pour le commettre. 

Si ce génocide n’était pas programmé, c’est donc qu’il fut provoqué... Aujourd'hui nous savons que ce qui le déclencha ce fut l’assassinat du président Habyarimana. 

Or, spécialement créé pour juger les responsables du génocide, le TPIR fut interdit par les Etats-Unis et par la Grande-Bretagne de rechercher les auteurs de l’acte terroriste qui en fut la cause !!! 
Ce faisant, Washington et Londres protégèrent donc de facto ceux qui assassinèrent le président Habyarimana. 

Quant à la justice française, la seule ayant véritablement enquêté sur cet attentat, après 21 ans d’enquête, paralysée par d’incessantes interventions et manœuvres politico-médiatiques, elle a finalement renoncé à en identifier les auteurs. Certains prétendent que cela aurait pu être sur ordre du pouvoir politique français...

De fait, la France courtise  le régime de Kigali qui n’a pourtant jamais cessé de la vilipender et qui a effacé le français au profit de l’anglais. 

Cela n’a pas empêché le président Macron de faire nommer à la tête de l’Organisation de la Francophonie, une des plus proches du président Kagamé… 

A telle enseigne que, de reniement en reniement et de lâcheté en lâcheté, en Afrique, la France est quasiment considérée comme l’alliée du Rwanda… Ce qui n’est pas pour rien dans le mépris dont elle est aujourd’hui l’objet sur le continent…

Pour un bilan de la question on se reportera à mon livre : Rwanda : un génocide en questions et à mes expertises devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda).

jeudi 28 mars 2024

Culpabilisation et ethno-masochisme suite : jeudi 28 mars 2024, dans la totale ignorance du dossier, les députés ont voté la condamnation du « massacre » du 17 octobre 1961.

Un véritable scandale s’est produit jeudi 28 mars à l’Assemblée où, par 67  voix contre  11,  seuls 78 députés sur 577 étaient présents, les  510 autres étant probablement dans d’« agréables ailleurs » - mais où étaient donc les 88 députés RN et les 57 députés LR ?-, fut approuvée une proposition de résolution qui «condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l'autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961»  au cours de laquelle le Figaro ose écrire qu’entre une trentaine et plus de 200 manifestants « pacifiques » seraient morts, selon les «  historiens ».

Le texte porté par l'écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech
«souhaite» en outre «l'inscription d'une journée de commémoration de ce massacre» à «l'agenda des journées nationales et cérémonies officielles».

Or il s’agit là d’un scandale mémoriel car les députés ont allégrement violé la vérité historique. En effet:

1) Le seul mort « algérien » durant cette manifestation, fut un Français nommé
Guy Chevallier, tué vers 21h devant le cinéma REX, crâne fracassé. Par qui ?

2) Les députés ne savent même pas que sous le gouvernement Jospin, une commission d’enquête officielle a fait litière de ces accusations.

3) L’histoire de cette manifestation et de sa « répression » est parfaitement connue, sauf semble t-il des députés, et je renvoie au chapitre  IX  « Le 17 octobre 1961 à Paris : un massacre imaginaire ? » de mon livre Algérie l’histoire à l’endroit.

Retour aux faits, rien qu’aux faits.

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lundi 4 mars 2024

Tchad : menaces sur le clan Deby

Le 28 février, dernier, à N’Djamena, Yaya Dillo, opposant à l’actuel Président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils d’Idriss Déby Itno, a été tué dans des circonstances plus que confuses par les forces de sécurité tchadiennes. Cette mort venant après l’attaque lancée contre le siège des services de renseignement illustre les grandes fragilités d’un pays abritant la chiche arrière-garde de ce qui fut la vaste présence militaire française au Sahel. Un pays pouvant, du jour au lendemain, renouer avec les sanglantes guerres civiles qui marquèrent tragiquement son histoire depuis l’indépendance.

Jamais avare d’une simplification et d’une analyse artificielle, la presse a présenté la mort de Yaya Dillo, président du Parti socialiste sans frontières (PSF), un parti d’opposition, comme s’inscrivant dans la compétition ouverte au sein des élites dirigeantes tchadiennes en vue des prochaines élections présidentielles du mois de  mai 2024. Une mort qui devrait donc être vue comme l’élimination d’un opposant politique de premier plan au général Mahamat Idriss Déby Itno.

Certes, mais ce n’est pas d’abord de cela qu’il s’agit. La réalité est en effet beaucoup plus grave car nous assistons d’abord à l’éclatement de l’alliance ethno-clanique jadis constituée par Idriss Déby Itno. Des évènements qui s’inscrivent très exactement dans ce que j’avais annoncé le 22 avril 2021, après la mort du président Idriss Déby Itno dans un communiqué intitulé « Tchad : les clés de compréhension passent par la reconnaissance des fondamentaux ethno-claniques, non par les incantations démocratiques ». (A ce sujet, voir mon livre : « Histoire du Sahel des origines à nos jours »).


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