samedi 19 septembre 2015

Algérie : "Monsieur Frère" et l'Odjak des janissaires [1]

En Algérie, les récents limogeages opérés à la tête de l'armée et des services spéciaux ont une explication: le pays n'est plus gouverné par le président Abdelaziz Bouteflika, mais par Saïd, son frère.
Enseveli sous de très graves affaires de corruption, ce dernier sait qu'il ira dormir en prison au lendemain de la mort clinique de son aîné s'il ne s'est pas auparavant taillé un pouvoir à sa main. Or le temps presse puisque, depuis sa réélection le 17 avril 2015, Abdelaziz Bouteflika n'a assisté à aucune  cérémonie officielle en raison de son état de santé...

Voilà pourquoi le général "Toufik" Mediene qui avait osé dénoncer les trafics de "Monsieur frère" vient d'être remplacé à la tête de la DRS (le contre-espionnage) par le général Bachir Tartag. Quand des nominations officielles à des postes importants sont décidées, elles sont normalement annoncées par l'APS (Algérie Presse Service), l'agence de presse officielle; dans le cas présent, ce fut par d'obscurs canaux... remontant directement à Saïd Bouteflika.

Ce remplacement intervient après plusieurs autres, dont ceux du général M'Henna Djebbar, chef de la direction de la sécurité de l'Armée, du général Rachid Laalali, chef de la DSE (Direction de la sécurité extérieure), du général Ahmed Bousteila, chef de la gendarmerie etc. Tous au profit du général Ahmed Gaïd Salah, chef d'Etat-major et vice-ministre de la Défense, né en 1940.

L'alliance avec l'Etat-major a donc permis à Saïd Bouteflika d'écarter le très puissant général Mediene. Est-elle pour autant un gage de survie? Il est permis d'en douter.
Si parmi les hauts cadres de l'Odjak, ceux qui ont des comptes à rendre à la Justice devraient lui rester fidèles, la loyauté des autres est incertaine. Lesquels parmi les généraux, notamment chez les nouvellement promus, voudront en effet apparaître liés aux profiteurs du régime quand la rue grondera dans un dramatique contexte économique et social aggravé par l'effondrement du prix des hydrocarbures[2] ?

Dans la course contre la montre engagée par Saïd Bouteflika, trois grandes hypothèses se dégagent:

1) Saïd Bouteflika et l'Etat-major s'entendent pour installer un homme de paille au pouvoir.

2) L'Odjak se refait une "vertu" à bon compte en donnant la tête de Saïd Bouteflika au peuple avant de placer l'un des siens aux commandes.

3) Prenant tout le monde de vitesse, "Monsieur frère" s'empare directement du pouvoir...

Une situation à suivre, mais qui interdit de fonder une politique sécuritaire régionale sur l'Algérie.

Bernard Lugan
19/09/2015

[1] Commandement des Janissaires. Lire ici l'Etat-major de l'armée.
[2] Voir à ce sujet les dossiers consacrés à cette question dans les numéros de mai, de juillet et d'août 2015  de l'Afrique Réelle. Le numéro du mois d'octobre y reviendra en l'actualisant. 

6 commentaires:

  1. Pour avoir vécu pendant cinq ans dans ce magnifique pays, j'en connais toute la subtilité des rouages de l'État que les Européens, même bien informés sont loin de comprendre. Votre analyse est bonne...

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    1. Bonsoir, je suis un lycéen qui s'interesse à l'Algérie, sur tous les plans: sociétal, culturel, économique et historique.
      Auriez-vous des ouvrages à me conseiller ? Merci bien !

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    3. Lecteuroccaz bonjour. Je te conseille de lire les revues Africaines. Ces revues peuvent t'envoyer vers d'autres ouvrages. Tu les trouveras dans le site https://www.algerie-ancienne.com/livres/Revue/revue.htm

      Tu peux lire aussi les livres d'Albert Camus qui parlent de l'Algérie tels que L'envers et l'endroit, Noces, l'été, chroniques Algériennes, misères de la Kabylie.
      Amicalement, Mounir

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  2. monsieur votre analyse est loin d’être bonne;car si vous déposer des arguments tangible ,envoi que les algériennes sont souder plus a jamais a son ETAT .MERCI .

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  3. que des babillages pour agoniser de plus le pays et le mettre en feu.En amarre de l'ingerence de la France.
    Comme on dit:Le linge sale se lave en famille.

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