Le régime de Kigali et ses relais français soutiennent
obstinément contre toutes les avancées historiques et juridiques, que le
génocide des Tutsi fut préparé par l’Akazu,
du nom de la hutte dans laquelle, dans l’ancien Rwanda, étaient
isolés les lépreux. L’Akazu est présentée par eux comme un cercle clandestin criminel constitué autour de la
belle famille du président Habyarimana et dont Protais Zigiranyirazo, dit
« Monsieur Z », frère d’Agathe Habyarimana, épouse du président,
aurait été le chef. Selon l’histoire officielle rwandaise, ce fut ce petit
groupe qui aurait comploté et planifié l’extermination des Tutsi. Voilà
pourquoi, depuis 1995, les relais de Kigali en France persécutent médiatiquement
et juridiquement Agathe Habyarimana, veuve du président assassiné le 6 avril 1994,
exigeant sa mise en examen et son extradition vers le Rwanda.
Or, pour les juristes et pour les historiens
l’affaire dite de l’Akazu a été définitivement réglée devant le TPIR (Tribunal
pénal international pour le Rwanda). En effet à travers le procès de Protais
Zigiranyirazo, dit « Monsieur Z », frère d’Agathe Habyarimana, et
présenté comme le chef de ce cercle criminel, procès dans lequel je fus expert,
il fut clairement démontré que l’Akazu n’avait jamais existé.
Et pourtant, comme ce procès était censé mettre en
évidence le cœur même de la préparation du génocide, le Procureur mit tout son
poids pour faire condamner Protais Zigiranyirazo. Or, cités par M° John Philpot l’avocat
canadien de l’accusé, MM. Jean Marie Vianney Nkezabera et Anastase Munyandekwe,
tous deux anciens hauts responsables de l’opposition au président Habyarimana,
expliquèrent que l’Akazu n’avait
jamais existé puisqu’il s’agissait en réalité d’une invention dont ils étaient
les deux auteurs et qui était destinée à discréditer l’entourage du président…
A l’issue de
leurs témoignages, la thèse de l’Accusation ayant été réduite à néant, le 18 décembre 2008 le jugement de première instance (TPIR-01-73-T) écarta la thèse du complot ourdi par M. Zigiranyirazo et sa belle-famille,
l’acquittant du principal chef d’accusation, à savoir d’avoir prémédité le
génocide des Tutsi avec Agathe Kanziga épouse du président Habyarimana. Puis, le
16 novembre 2009, devant la Cour d’Appel, M. Zigiranyirazo fut totalement
innocenté et immédiatement libéré (TPIR-01-73-T, jugement d’appel rendu contre Protais
Ziriganyirazo le 16 novembre 2009).
L’acquittement
suivi de la libération de M. Zigiranyirazo aurait normalement dû conduire la
justice française à cesser de s’acharner sur Madame Agathe Habyarimana qui
était réfugiée en France, puisque le TPIR avait montré qu’elle n’avait aucune
responsabilité dans le génocide des Tutsi. Or, c’était compter sans l’acharnement
de certains « justiciers », journalistes et historiens.
Enfin,
au bout de plusieurs décennies, les juges français chargés du dossier, ont conclu,
dans une ordonnance datée de vendredi 16 mai 2025, qu’il « n’existe pas à ce
stade d’indices graves et concordants contre Agathe Kanziga (Habyarimana)
qu’elle ait pu être complice d’acte de génocide » ou pu « participer à
une entente en vue de commettre le génocide ». « Si la rumeur est
tenace, elle ne peut faire office de preuve en l’absence d’éléments
circonstanciés et concordants ». D’autant plus que les juges ont noté que
les témoignages à charge étaient «contradictoires, incohérents, voire
mensongers ».
Cette décision est donc un désaveu cinglant de ceux
qui, depuis plusieurs décennies harcèlent Agathe Habyarimana. D’autant plus
que, pour les
juges, la veuve de l’ancien président assassiné « apparaît non comme
autrice du génocide, mais bien comme victime » de l’attentat
terroriste du 6 avril 1994 qui a causé la mort de son mari et qui a déclenché
le génocide contre la minorité tutsi.
Avec
cette Ordonnance, seize années plus tard, la justice française aboutit donc aux
mêmes conclusions que le TPIR, à savoir que l’affaire dite de l’Akazu est une manipulation
grossière et qu’Agathe Habyarimana a injustement été désignée à la vindicte… Mais
cela ne ralentira pas le zèle des « justiciers-épurateurs » dont les
divagations seront naturellement reprises avec empressement par nombre de
butors de la sous-culture journalistique.
Pour en savoir plus sur la construction et la
déconstruction de l’histoire du génocide des Tutsi, on se reportera :
1) Au PDF : Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda dans lequel je publie la totalité de mes
rapports d’expertises dans les procès dans lesquels je fus expert assermenté.
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