Chargé d’enquêter
sur l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Habyrarimana, acte
déclencheur du génocide du Rwanda, le juge Trévidic qui a « hérité »
de l’instruction menée par le juge Bruguière, est régulièrement l’objet de
tentatives de manipulation de la part du pouvoir rwandais.
Le but de Kigali
est clair : embrouiller le dossier afin d’obtenir un non-lieu avant le 20°
anniversaire du début du génocide. C’est pourquoi, périodiquement, ses relais
de presse français lancent des pseudo « révélations »[1] :
- Hier, ce fut l’ « affaire
des missiles Mistral » quand Madame Malagardis publia dans Libération
un dossier sur trois pages dont celle de couverture, présentant comme une
révélation bouleversant ce que l’on connaissait du dossier, un document auparavant longuement étudié, analysé, critiqué et qui
avait été écarté par le TPIR en raison de son inconsistance… Mais Madame
Malagardis ignore les travaux de ce tribunal international qui siège pourtant depuis
1996…
Dans cette affaire, le juge Trévidic
n’était pas cité, sinon comme destinataire de cet insolite document dont il
était sous-entendu qu’il aurait bien évidement à cœur d’en tirer les
conclusions souhaitées par Kigali. Il a été rendu compte en détail de cette
affaire dans le numéro 31 de juillet 2012
d’Afrique Réelle.
- Aujourd’hui, avec le « certificat
du genre de mort » ( !!!) d’un gendarme français assassiné par le
FPR, c’est à une nouvelle tentative de manipulation que nous assistons et cela,
curieusement peu avant que la
chambre de l’instruction du TGI de Paris ait à trancher une importante requête
des parties civiles qui embarrasse sérieusement Kigali. Le régime rwandais se
devait donc de mener à nouveau une action médiatique puisque son habitude est de
mettre les juges français sous la pression des media avant chaque échéance
cruciale du dossier.
Madame Malagardis est donc de nouveau à la manœuvre, toujours avec Libération comme support. Mais
cette fois, la journaliste qui semble avoir quelques lacunes en matière
juridique, a mis le juge Trévidic dans une situation bien embarrassante. La
journaliste a en effet osé écrire ces lignes proprement ahurissantes : « Dans un compte rendu, reprenant
l’essentiel du procès-verbal et que Libération
a pu consulter à Kigali, le juge Trévidic aurait jugé ces faits «gravissimes» et de nature à
réorienter sa propre enquête sur l’attentat, en s’interrogeant sur l’attitude
de Paris lors de ce moment clé de l’histoire du pays, basculant aussitôt après
l’attentat dans un génocide. ».
Madame Malagardis soutient donc que « Kigali », où vivent ceux
que la justice française soupçonne d’avoir assassiné le président Habyarimana
et qu’elle a mis en examen, aurait reçu de Paris un document dont les parties
civiles n’ont pas eu connaissance, ce qui constituerait une inacceptable et
incroyable rupture d’égalité entre les parties.
Ce faisant, elle a condamné le juge Trévidic à opposer rapidement un
démenti formel à ces allégations, faute de quoi les parties civiles seraient
fondées à engager contre lui une procédure de prise à partie.
Une affaire à suivre…
Bernard Lugan
11/01/13
Bernard Lugan
11/01/13
[1] Pour l’état des connaissances concernant le génocide du Rwanda, voir
le chapitre XV de mon livre Mythes et
manipulations de l’Histoire africaine intitulé « La France serait-elle
complice du génocide du Rwanda ? ». En commande ici.
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