mercredi 3 octobre 2012

L'Afrique Réelle N°34 - Octobre 2012


























Sommaire :

Actualité :
- Kenya : Kikuyu contre Luo et Orma contre Pokomo
- Somalie : La victoire des Hawiyé

Dossier : Quel avenir pour la Libye ?

Editorial de Bernard Lugan :

Mali : quatre réflexions « utiles » avant le déclenchement de l’offensive

Avant de déclencher l’intervention militaire programmée et nécessaire, quatre points méritent réflexion :
1) Au long des siècles, l’Islam s’est peu à peu imposé dans tout l’Ouest africain sahélien aux dépens des peuples animistes dont les constructions politiques furent détruites et les populations régulièrement mises en servitude. Au XIe siècle, les Almoravides disloquèrent ainsi le royaume soninké de Ghana. L’islamisation s’enracina ensuite à l’époque des empires du Mali et du Songhay. Puis, à partir des XVIIe-XVIIIe siècles, vint le temps des jihad qui se succédèrent de l’Atlantique au lac Tchad. A l’Ouest, les principaux furent celui des Toucouleur qui aboutit à la constitution de l’empire d’al Hadj Omar dans la partie occidentale du Sahel et celui des Peul de Shekku Ahmadu qui s’étendit dans la vallée moyenne du Niger. Plus à l’est, l’empire Peul-Haoussa de Sokoto fut fondé par le jihad d'Osman dan Fodio au début du XIXe siècle dans le nord du Nigeria, zone actuelle d’opération de Boko Haram. Qu’il s’agisse de Boko Haram, d’Aqmi, du Mujao ou encore d’Ansar Eddine, les actuels courants fondamentalistes sahéliens s’inscrivent tous clairement dans la tradition de ces jihad.

2) À la faveur des évènements survenus dans le nord, les islamistes ont pris le contrôle du sud du Mali où, et ne l’oublions pas, il y a moins de 150 ans, le royaume animiste bambara résistait encore à l’islamisation et où la conversion intégra nombre de pratiques antérieures. Aujourd’hui, ce qui faisait l’originalité des « islams noirs » est en passe d’être éradiqué car, face au vide politique, le Haut-conseil islamique, d’obédience rigoriste, s’est en effet imposé à Bamako comme étant le vrai pouvoir. Le HCI a ouvert des négociations directes avec Ansar Eddine duquel il n’est en réalité séparé que par de légères et subtiles divergences d’interprétation du Coran. Le HCI et Ansar Eddine étant tous deux en faveur du respect de l’intégrité des frontières du Mali, un terrain d’entente a donc été trouvé et cela d’autant plus que les négociateurs du HCI ne demandaient à leurs interlocuteurs nordistes que quelques concessions de détail concernant l’application de la charia.

3) Face à l’offensive militaire de la CEDEAO, les islamistes nordistes sont donc divisés puisque, comme je viens de le dire, les plus réalistes ont déjà quasiment accepté une forme de ralliement qui isolera encore davantage la fraction la plus intransigeante désormais réduite à des groupuscules rassemblant moins de 300 « véritables » combattants. Quant aux Touaregs du MNLA, comme ils ne sont plus en mesure d’imposer leur revendication indépendantiste, ils sont donc condamnés à négocier leur ralliement à Bamako en échange de concessions politiques. Ils vont donc jouer en quelque sorte le rôle de supplétifs nordistes de la future offensive que prépare la CEDEAO. Peut-être en profiteront-ils pour régler « discrètement » leurs comptes avec les islamistes quand, dispersés dans les immensités désertiques, ces derniers chercheront à se mettre à l’abri de frontières poreuses.

4) La reprise de Tombouctou et de Gao ne changera rien au fond du problème qui est que les populations nordistes ne veulent plus être soumises à celles du Sud. A défaut d’un redécoupage frontalier refusé par toutes les parties, à l’exception des Touareg, la reconnaissance de l’autonomie des trois Azawad est donc une nécessité. Pour mémoire, il s’agit de l’Azawad touareg, de l’Azawad maure et de l’Azawad du fleuve à la population composite. Faute de quoi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, le nord du Mali ne tardera pas à refaire l’actualité…

3 commentaires:

  1. Ah Bernard quel menteur que vous etes. Un couq je suis pour que les africains retourne chez eux, un autre je suis pour la recolonisatin de l Afrique d ou le support infailible pour les blancs de l afrique du sud. Mais ou va t on avec toutes vos contradictions? Il faudra accepter la realite, une page se tourne en afrique, malgre que les chinois soient en afrique pour leurs interets et que vous les consideres comme des "rapaces"; je prefere des rapacent a des hypocrites. Abon entendeur salut!

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  2. C’est à mon avis une analyse superficielle qui manque d’impartialité, car on sent où va la sympathie du rédacteur. Bien vrai qu’il Ya un certain désenchantement des populations du nord auxquelles il faut donner des raisons d’espérer que le sud sera plus sensible à leur situation précaire, et que des sacrifices seront d’avantage consenties en leur faveur. Mais je ne vois pas la faisabilité de ces trois Azawad dans une région où les populations sont tellement entremêlés qu’on ne voit pas comment il peut être procédé à un redécoupèrent aussi absurde. Cela reviendrait à créer de nouveaux Bantoustans et à envenimer les rapports entre ces communautés pour la plupart si soudées.

    Je pense par ailleurs que le HCI est loin d’avoir la représentativité et l’influence qu’on lui prête. Elle a jusque-là profité d’une certaine faiblesse et complaisance des autorités, mais ses représentants ont commis tellement d’erreur qu’ils sont en train de perdre leur crédit auprès de bon nombre de fidèles et même de responsables religieux, ces derniers étant apolitiques, ou favorables à telle ou telle tendance politique, mais à une intrusion trop marquée de la religion dans le champ politique. Faut pas se fier à l’élan et à la ferveur qui ont émaillé la bataille contre le code, cela a r réussi parce qu’une bonne majorité de la population se sentait concernée et ne pensait pas agir pour le compte de telle ou telle cause douteuse, et aussi parce que le HCI se savait en présence d’un pouvoir faible et impopulaire. J’ai l’impression que l’immense majorité de la population ne soit pas prête à se plier à l’extrémisme religieux. Les exemples des jeunes et des femmes du Nord l’ont d’ailleurs montré, cet attachement à un islam plus tolérant et moins rigoriste. Je pense que c’est aux politiques de profiter de ces derniers faux pas, y compris celui qui avait pour objet de mettre hors-jeu notre pourfendeur, mon promotionnaire Baba Daga, pour des motifs futiles et remplis de suffisance et d’arrogance. On a vu que face à la désapprobation générale, y compris celle de responsables religieux, ils ont vite reculé. Il faut que les leaders politiques perdent l’illusion que flirter avec le HCI peut servir de marche pieds pour l’accession au pouvoir. Il faut plutôt aller dans le sens d’un langage ferme et sans équivoque pour que chacun sache à quoi s’en tenir désormais.

    ForumADEMA@yahoogroupes.fr

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