mercredi 2 octobre 2013

Mali : tout est-il donc à refaire ?


A Bamako, le  20 septembre dernier, François Hollande a peut-être parlé un peu vite quand, dans un bel élan d’optimisme, il déclara : « Nous avons gagné cette guerre. Nous avons chassé les terroristes ».

Le 26 septembre, moins d’une semaine plus tard, les milices nordistes (touareg et arabes) rompaient les « accords de Ouagadougou » ; signés au mois de juillet précédent ces derniers avaient permis à l’armée et à l’administration sudistes de reprendre pied au Nord. Le 29 septembre un attentat suicide revendiqué par AQMI ensanglanta Tombouctou et le 30, des affrontements armés opposèrent des Touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) à des soldats maliens. Au même moment, à Bamako, des militaires mutinés exigeaient  des promotions à l’image de celle obtenue par le capitaine putschiste Sanogo promu général de brigade par le nouveau président…
Le nuage islamiste repoussé vers le sud de la Libye,  le réel malien est donc vite réapparu. Tout le bénéfice de l’Opération Serval est-il donc perdu ?

Militairement, Serval fut pourtant une réussite, mais, comme il fallait hélas le craindre -et comme je l’avais annoncé-, la « relève » des militaires par le Quai d’Orsay a abouti à une catastrophe pour deux grandes raisons :

1) Mentalement englués  dans leur impératif démocratique, les diplomates français en charge du dossier ont appliqué la recette qui, de la Libye à la  Côte d’Ivoire a partout échoué dans les situations de crise, à savoir organiser des élections.

2) Les mêmes ne voulurent pas peser sur les Maliens afin de régler une fois pour toutes le problème de fond qui est celui de la question ethno-régionale.

Dans ces conditions, comme aux yeux de toutes les parties maliennes, le principal résultat de l’Opération Serval  est d’avoir permis aux Sudistes de réoccuper le nord Mali d’où les Nordistes les avaient chassés, les évènements négatifs vont donc s’additionner.
Comment éteindre ce foyer récurrent de troubles qui ne cesse de se rallumer depuis 1960 ?

Pour recevoir par courriel la suite de cette analyse, vous devez être abonné à l’Afrique Réelle.

4 commentaires:

  1. Bravo monsieur Lugan, vous avez en vu juste. Une analyse éclairante de la situation du Sahel et du sahara fournit ainsi. La France s'embourbe en Afrique dans des conflits multi séculaires sans en retirer aucun avantage. Quand nos hommes politiques vont - ils se désengager de se continent aux problèmes insolubles.

    RépondreSupprimer
  2. Tout d'abord le gouvernement malien n'a pas la volonté de tenir tête au touareg et à son armée aussi. Parce cette guerre a été gagné par les français pendant l'armée malienne reculée alors c'est au président de mettre de l'ordre dans ses troupes pour pouvoir combattre les touaregs.

    RépondreSupprimer
  3. M. Lugan et comme à l'accoutumé vous aviez hélas bien vu dès le début, le problème de fond et surtout le risque de sa non solution une fois les Islamiste vaincus. Ainsi que vous l'évoquiez dans votre débat avec Alain Soral, et pas que pour le Mali, tant que ce dernier ne passera pas d'une structure jacobine à une de style confédérale, rien ne sera solutionner durablement...... Mais là encore notre gouvernement et ministère des affaires étrangères, ils n'ont pas voulu imposer aux politiques Maliens la solution pérenne.

    RépondreSupprimer
  4. Le problème de la démocratie est qu'elle nécessite d'avoir un ciment qui regroupe les individus qui soit au-dessus de l'appartenance ethnique. Ce sentiment patriotique est en disparition chez nous ce qui entraîne déjà de nombreux problèmes... Les américains ont résolus cela chez eux avec une sorte de religion de la liberté datant de leur création et savamment entretenus jusqu'à nos jours, qui transcende les ethnies et leur a permis d'absorber des vagues massives d'immigrés jusqu'à nos jours. En l'absence de tels "ciments", seul un pouvoir autoritaire est à même d'unir un pays ethniquement divisé. Ce qui oppose les individus est une force centrifuge puissante qui a donc besoin d'une force centripète encore plus puissante pour les réunir au sein d'une nation. Nous mettons actuellement la charrue avant les bœufs. On veut mettre en place des démocraties partout à charge pour elle de trouver et de créer le ciment d'une nation. Cela ne marche pas comme cela dans la réalité et n'aboutit qu'à des désastres. Il faudrait d'abord mettre en place un ciment commun avant de créer une nation autour de celui-ci. En l'absence de création d'une nouvelle cohésion le plus simple est de créer des nations cohérentes autour du dénominateur commun que sont les ethnies existantes. Mais il faut faire attention à la pérennité des nations résultantes. En effet, les ethnies sont souvent mixés géographiquement et de plus les flux migrationnels peuvent brisé des homogénéité pré-existantes ... Il persiste donc un travail de "nation-building" même pour un pays homogène à sa création.

    RépondreSupprimer