dimanche 4 avril 2010

L'Afrique Réelle N°4 - Avril 2010


























Numéro spécial : Génocide de Rwanda, nouveaux éclairages

SOMMAIRE :

Actualité :
- Kagamé : le temps des dissidences

Historiographie :
- Des connaissances en mouvement
- Le jugement du colonel Bagosora ou l'acte de décès de l'histoire officielle du génocide du Rwanda
- Le jugement Zigiranyirazo ou la fin du mythe de l'Akazu

Les montages de Kigali :
- Le rapport Mucyo
- Le rapport Mutsinzi
- Le rapport des experts britanniques

Le fonctionnement du TPIR :
- Les curieuses méthodes du procureur
- Chroniques d'audience
 

EDITORIAL :

Les relations diplomatiques ont été rétablies entre Paris et Kigali alors que le général Kagame n'a pas retiré ses graves accusations diffamatoires portées contre la France : « Quant aux Français, leur rôle dans ce qui s’est passé au Rwanda est l’évidence même. Ils ont sciemment entraîné et armé les troupes gouvernementales et les milices qui allaient commettre le génocide. Et ils savaient qu’ils allaient commettre un génocide. »
Parlant des soldats français qui participèrent à l’opération Turquoise il ajouta, sans grande nuance : « Ils ont ouvert des routes pour permettre aux auteurs du génocide de fuir (…) Ils ont sauvé ceux qui tuaient, pas ceux qui étaient tués ».

En France même, certains ont adopté sans la moindre distanciation la thèse officielle de Kigali qui est que la France est complice du génocide du Rwanda. Les raisons avancées par le régime de Kigali sont au nombre de trois :
- La France aurait formé les tueurs.
- Elle savait que le génocide allait avoir lieu.
- Elle aurait laissé faire.

Ces accusations sont scandaleuses et il est pour le moins regrettable que l’Etat français, pourtant parfaitement renseigné sur le dossier, n’ait pas répondu dans des termes qu'elles méritaient. En effet :

- Primo, les tueurs furent des paysans armés de machettes et de gourdins. Dans ces conditions on voit mal en quoi la coopération militaire française qui a d’abord porté sur l’artillerie et le pilotage des hélicoptères aurait pu les former…
- Secundo, parce que le génocide n’ayant pas été programmé, comme cela a été clairement établi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (Jugement du 18 décembre 2008 dans l’affaire Bagosora et consorts, TPIR-98-41-T), la France ne pouvait donc savoir qu’il allait avoir lieu.
- Tertio parce que les forces françaises avaient quitté le Rwanda en décembre 1993, soit six mois avant le 6 avril 1994, date du déclenchement du génocide, et à la demande expresse des actuels maîtres de Kigali. Ces derniers savent d’ailleurs bien que si l’armée française était demeurée sur place, jamais le génocide n’aurait eu lieu car, à la différence des hommes de l’ONU qui les avaient remplacés, les Français s'y seraient opposés.

En réalité, ces attaques constituent une manœuvre servant à masquer les véritables responsabilités dans le génocide. N’oublions pas en effet que c’est l’attentat du 6 avril 1994, qui coûta la vie à deux présidents en exercice, celui du Rwanda et celui du Burundi, qui en fut l’élément déclencheur. Le régime de Kigali est inquiet ; le moment approche en effet qui verra éclater la vérité qui est que c’est en utilisant l’apocalypse du génocide qu’il a pris le pouvoir et qu’il a été accepté par la « communauté internationale ». Sa légitimité étant fondée sur le mensonge, il veille donc avec un soin jaloux à ce que l’histoire « officielle » qu’il a réussi à imposer aux médias ne soit pas contestée. Le juge Bruguière l’ayant fait voler en éclats, il exerce donc un chantage sur la France afin que l’exécution des mandats d’arrêt internationaux lancés contre ceux que la justice française considère comme les auteurs ou les commanditaires de l’attentat du 6 avril 1994 soit enterrée.

Le plus insolite est que, dans cette entreprise, il bénéficie de l’aide d’alliés influents au sein de l'Etat français et notamment de la plus haute hiérarchie du ministère des Affaires étrangères…

Bernard Lugan

3 commentaires:

  1. Ci joint la copie de mon courrier à la présidente de l'UEJF, qui vient de publier un texte accusant la France, avec SOS Racisme :

    elise elisseievna à arielle.schwab

    Bonjour Arielle,

    je suis juive (maintenant en France il faut parfois commencer par dire cela ..) et je suis atterrée par votre accusation de génocide contre la France à propos du Rwanda,
    la France est intervenue, c'était deja généreux de sa part, dans une vieille guerre tribale entre tribus africaines sur un continent tribal ( et quand je dis tribal, ce n'est pas péjoratif du tout de ma part, c'est simplement la description d'une situation historique africaine, avec ses bonnes raisons), elle a fait ce qu'elle a pu contre les massacres ( les massacres ...) elle n'est en rien coupable,
    je vous conseille de lire et ecouter l'africaniste (qui me semble etre un des seuls connaisseur de toute l'histoire de l'Afrique en France) Bernard Lugan, malgré les accusations portées contre lui et là encore non établies: http://www.bernardlugan.blogspot.com/ :
    vous rendez vous compte de votre responsabilité dans l'accusation que vous portez ici au nom des juifs ?!
    vous rendez vous compte que vous êtes récupérée et manipulée, contre l'interet des juifs ?!
    le judaisme c'est la justice, "tu ne porteras pas de faux témoignage", or là vous portez un faux témoignage contre la France (!),

    cordialement

    elisseievna
    www.elisseievna.blogspot.com

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  2. "les véritables responsabilités dans le génocide" cette phrase monsieur Lugan est à vomir!

    Votre argumentaire sert les thèses de l'extrême droite militaire française, nostalgique de l'époque françafricaine.

    Le sang de ce génocide tache tellement que vous et vos amis déployez toute votre énergie à nous (à vous?) convaincre que le FPR a fabriqué et instrumentalisé le génocide et que ce sont eux les vrais monstres. C'est ce que l'on a enseigné -asséné- aux soldats français dans les 15 années "de coopération" précédent le génocide, et rares sont ceux qui parviennent à admettre que la France (de Mitterrand) a "merdé".

    C'est cette "forme d'aveuglement" dont parlait Sarkozy à Kigali.

    Peu importe qui a descendu l'avion.

    Certes la France n'a pas entraîné les tueurs, ni co-planifié le génocide. Mais elle était l'allié et le principal financeur du régime génocidaire, ou du moins trop faible et opaque pour l'empêcher.

    La France et ses coopérants ont formé, éduqué et lié des amitiés, avec des gens qui, en Avril 94, ont foncé tête baissée dans la participation a cette inimaginable orgie de violence.

    Donner une place centrale à l'épisode de l'avion, diaboliser le FPR, colporter les thèses du hutu power que le génocide n'était pas planifié et éructa de la "colère des hutus suite à l'attentat", taire le cas des génocidaires vivant tranquilles en France, glorifier le passé rwandais de l'armée, c'est défendre l'indéfendable, c'est se rendre complices de l'inavouable.

    C'est à vomir.

    David Nadaud

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  3. Curieuse réaction ...

    Certes les erreurs françaises furent réelles, au fil des ans. Et elles ne relevèrent pas d'un seul Gouvernement, la faute n'appartient pas au seul régime de M. Mitterrand, dire ceci est la preuve d'une totale ignorance de ce que fût notre diplomatie vis à vis du Rwanda pendant des décennies !!!!!

    Certes ce génocide, comme tout génocide, relève de l'immonde.

    Mais cet éditorial réagit en fait aux choix politiques de gestion d'une crise, et à la réponse étonnante faite par les plus hautes autorités de l'Etat français à des attaques extrèmes contre notre pays.

    En quoi est-ce choquant ? Des accusations terribles ont été portées par le régime de Kigali sans AUCUNE preuve, alors que des enquêtes judiciaires (tant au TPIR à Arusha qu'en France et en Espagne) qui s'en tiennent AUX FAITS ETABLIS ET VERIFIES permettent, à condition de bien vouloir les lire en faisant abstraction de son idéologie personnelle, de mieux appréhender les mécanismes qui ont conduit à un génocide qui a fait un peu plus d'un million de morts DANS LES DEUX ETHNIES présentes au Rwanda.

    Un observateur neutre aurait d'ailleurs relevé que les accusations portées par le Président Kagamé le furent ... après qu'il eut connaissance des conclusions de l'enquête, remarquablement étayée, du juge français ... en jargon on appelle ça "tenter de noyer le poisson". Et c'est bien ce qu'explique cet éditorial.

    Il est un peu facile d'affirmer que "peu importe qui a descendu l'avion". Il s'agit de l'un des déclencheurs. Dans une enquête criminelle, ne pas tenir compte des déclencheurs, des mobiles, des tenants et des aboutissants, c'est manquer totalement de professionnalisme. On cherche nécessairement à TOUT analyser pour aboutir à la vériter, en jargon on appelle ça "fermer les portes".

    Le débat autour de ces évènements est pollué par les idéologies des uns et des autres, souvent d'ailleurs totalement ignorants des tenants et aboutissants de l'affaire et du coup facilement manipulables. La seule attitude à avoir est de laisser avancer la Justice, en espérant qu'elle ne se trompe pas (ça peut lui arriver hélas), et qu'un jour les coupables, TOUS les coupables, soient punis.

    Un anonyme qui fut à son corps défendant bien au fait de cette immonde page de l'histoire.

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