Sommaire
Actualité :
- Quand l’ambassadeur turc rappelle que l’actuelle Algérie fut une colonie ottomane
- La Russie et la Chine enferment l’Afrique dans la dépendance
- C’est au Rwanda et au Zaïre (RDC) que la France a perdu l’Afrique
Dossier : Afrocentrisme et décolonialisme ou l’histoire revanche
- Afrocentrisme ou négro-centrisme ?
- La découverte de l’Amérique par des Noirs ou la magie du syllogisme
- Pour les décoloniaux et les afrocentristes, l’homme blanc est coupable
Conseil de lecture :
Reportages de guerre de Jean-Louis Tremblais
Editorial de Bernard Lugan
Si les nombreux conflits africains d’aujourd’hui sont souvent la résurgence de ceux d’avant la colonisation, leur aggravation découle quant à elle du tracé des frontières coloniales acceptées durant la période post-coloniale par les Etats indépendants. Le principe de leur intangibilité date en effet du 21 juillet 1964, donc après les indépendances, date à partir de laquelle il constitua un des fondements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’Union africaine (UA).
Ce fut en effet ce jour-là, lors de la deuxième Conférence des Chefs d’États et de Gouvernements de l’OUA, réunie au Caire, en Égypte, que fut acté ce principe crisogène, les États membres s’engageant à respecter les frontières existant au moment où ils accédèrent à l’indépendance.
Alors qu’en 1961, donc avant l’indépendance, le GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), avait adhéré au « Groupe dit de Casablanca » qui était pour, au cas par cas, la refonte frontalière des nouveaux États, l’Algérie d’après 1962 se rangea tout au contraire à l’option du statu quo colonial. La position de l’Algérie s’expliquait car, ayant outrancièrement bénéficié des « largesses » territoriales faites par son ancien colonisateur, à savoir tout le Maroc oriental (Tindouf, Béchar, le Gourara, le Tndikelt, la Saoura, Tabelbala), ainsi qu’une partie de la Tunisie et de la Libye, et sans parler du nord de l’ancienne AOF, le «_phare » de l’anticolonialisme que fut l’Algérie a donc défendu « bec et ongles » l’héritage territorial colonial qui l’avait fait naître…
Or, le principe de l’intangibilité des frontières a quatre défauts principaux :
1) Il entérine les amputations-charcutages opérés par les colonisateurs.
2) Il sépare des peuples parents.
3) Il force à vivre dans les mêmes Etats, des peuples historiquement en conflit.
4) Grâce à l’ethno-mathématique électorale du « one man, one vote », il donne automatiquement le pouvoir à ceux des peuples dont les femmes sont les plus fécondes.
Après 1960, la parenthèse coloniale ayant été refermée et cela, sans affrontements majeurs, sans ces combats de grande intensité qui ravagèrent l’Indochine, l’Afrique fut ravagée par de multiples confits ethniques nés pour la plupart de la question des frontières et qui firent des millions de morts et des dizaines de millions de déplacés.
La « guerre froide » terminée, l’Afrique s’embrasa ensuite autour de la question avouée ou non des délimitations frontalières. Durant la décennie 2000-2010, 70% des décisions de l’ONU et 45% des séances du Conseil de Sécurité furent ainsi consacrées aux conflits africains.
Aujourd’hui, plus de 50 conflits armés sont actifs en Afrique. Et si nous en faisons l’analyse objective, force est de constater qu’ils sont le plus souvent, directement ou indirectement la conséquence de l’un ou l’autre des quatre points négatifs mis en évidence plus haut.