vendredi 2 août 2024

Comprendre la question du Sahara occidental



En reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, le président Macron a déchainé la colère d’une Algérie qui, perdant tout sens de la mesure, menace désormais la France de représailles…
Quelles représailles d’ailleurs ?
1) Le gaz algérien représente en moyenne 8% de la consommation française.
2) Le pétrole algérien représente en moyenne 9% de la consommation française.
3) Le commerce  de la France avec l’Algérie, est en moyenne de 12 milliards d’euros pour un commerce extérieur français global de 770 milliards d’euros, toujours en moyenne…
Pour la France,  économiquement parlant, l’Algérie n’existe donc pas et, si « représailles » il devait y avoir, ce serait dans l’autre sens qu’elles pourraient s’exercer.
Notamment en ce qui concerne :

1) Les exorbitantes facilités de circulation offertes aux Algériens désirant venir en France, souvent pour s’y faire soigner.
2) Les colossaux libres transferts de fonds des Algériens vivant en France vers leur pays d’origine, soit par les canaux officiels, soit à travers les canaux « informels ».
3) Les IDE (Investissements directs étrangers) français en Algérie qui s’élèvent en moyenne à 2,4 milliards d’euros sur un total de 6 milliards d’euros, plaçant ainsi la France au troisième rang derrière les Etats-Unis et l’Italie, mais au premier rang hors hydrocarbures.
 
Plusieurs questions doivent donc être posées :
- Pourquoi la réaction épidermique et quasi hystérique d’une Algérie qui, depuis 1975 affirme pourtant contre l’évidence qu’elle n’est pas partie prenante dans la question du Sahara occidental, alors qu’elle fait tout pour empêcher le Maroc de récupérer une région immémorialement marocaine détachée par la colonisation ?
- Pourquoi la question du Sahara occidental est-elle « l’Alsace-Lorraine des Marocains » ?
- Pourquoi, après les Etats-Unis, l’Espagne et l’Allemagne, la France, comme une centaine d’autres pays, vient-elle de reconnaître la marocanité du Sahara occidental ?

Pour comprendre cette question, on lira mon livre Le Sahara occidental en 10 questions
 
Prix du livre :
- France métropolitaine :  32 euros port colissimo compris
- UE  : 36 euros port compris
- Reste du monde : 50 euros port compris

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jeudi 1 août 2024

L'Afrique Réelle N°176 - Août 2024

Sommaire

Actualité
Le gaz algérien
Dossier : Russie et Afrique, l’heure des choix  
- Le grand retour de la Russie
- Entre l’Algérie et le Mali, la Russie va devoir choisir
- Soudan : la Russie contrainte de changer de camp 
Histoire
La prise d’Alger en juillet 1830 : Quand une créance privée devient une affaire d’Etat


Editorial de Bernard Lugan
 
La Russie dans le piège malien

En plus d’indisposer son partenaire algérien en appuyant la junte de Bamako dans sa tentative de mise au pas des Touareg maliens, la Russie vient de découvrir tragiquement la « complexité » de la question sahélienne. 
Une découverte qui s’est faite dans le sang, entre le jeudi 25 et le samedi 27 juillet, dans la région de Tinzawaten, à proximité de la frontière algéro-malienne, où une colonne de l’armée malienne encadrée de mercenaires russes a été anéantie par les combattants touareg. Encerclés, les russo-maliens n’ont pas pu être secourus, ce qui en dit long sur leur niveau opérationnel.

Il était clair qu’après l’humiliation de la chute de leur bastion de Kidal en novembre dernier, les combattants du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), le nouveau nom de la coalition armée touareg et maure, allaient contre-attaquer.

Si un bilan définitif est difficile à annoncer, les vidéos qui circulent largement permettent d’estimer les morts à peut-être une douzaine de Russes parmi lesquels le commandant du secteur nord, ainsi que plusieurs dizaines de soldats maliens. Toujours grâce aux vidéos, il est possible d’affirmer qu’au moins deux Russes ont été faits prisonniers.

Après une arrivée triomphale uniquement permise par l’addition des erreurs politiques de la France, les Russes ont choisi la pire des options, à savoir aider le Mali du sud à conquérir le Mali du nord, donc, en revenir à la situation antérieure à 2011, c’est-à-dire au début de la guerre. Or, une intervention qui ne serait pas précédée du règlement politique de la question touareg ne ferait que reporter le problème tout en l’amplifiant. 
La Russie vient donc de découvrir qu’au Sahel, tout règlement en profondeur passe par la prise en compte des réalités locales… ce que la France a refusé de faire et qui explique son échec. 

Le fond du problème dont j’explique la genèse dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours est en effet que s’obstiner à vouloir faire vivre dans un même Etat les agriculteurs noirs sédentaires du Sud et les nomades berbères ou arabes du Nord est une utopie crisogène puisque l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence les Noirs sudistes, ce que les nordistes ne peuvent accepter.

Nouvelle venue dans la région, la Russie n’a pas compris que la seule option de sortie de crise est celle de la reconnaissance d’une réalité qui explique tout, à savoir que le Mali « unitaire » n’a jamais existé -, et qu’il est donc urgent de penser à une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale. Toute autre approche est vouée à l’échec et aboutira finalement à une coagulation ethnique à travers un califat islamique régional… comme à la fin du XIXe siècle… jusqu’à ce que la colonisation vienne en libérer les populations…