Le 8 novembre dernier, après cinq années de coûteuses procédures, la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi formé par l’association SOS racisme qui poursuivait Pierre Péan, auteur d’un livre intitulé « Noires fureurs, Blancs menteurs » et dans lequel il prend le contre-pied de l’histoire officielle concernant le génocide du Rwanda[1]. Pierre Péan ayant gagné ses procès en première instance et en appel, SOS Racisme subit donc une troisième grave défaite, ce qui devrait faire réfléchir ses généreux donateurs.
A travers ce procès emblématique, SOS Racisme a montré son vrai visage, celui d’une organisation militante dont l’acharnement contre Pierre Péan avait pour but de décourager ceux qui oseraient à l’avenir mettre en doute la thèse de Kigali concernant le génocide du Rwanda.
Or, l’histoire « officielle » de ce génocide a été totalement bouleversée à travers quatre jugements rendus par le TPIR (Tribunal pénal international sur le Rwanda)[2]. Expert assermenté dans trois de ces quatre procès, je suis bien placé pour décrypter la portée des jugements rendus et cela, au-delà du véritable « enfumage » auquel se sont livrés les média ayant une fois de plus agi en simples porte-voix du régime de Kigali et de la vision de l’histoire qu’il prétend imposer.
1) Le 28 novembre 2007, la Chambre d’Appel du TPIR a acquitté Ferdinand Nahimana, un des fondateurs de la Radio Télévision des Mille Collines (RTLM) de l’accusation « de commettre le génocide, d’incitation directe et publique à commettre le génocide, de persécution et d’extermination », considérant que la création de RTLM n’entrait en rien dans le plan génocidaire. Or, jusque là, la thèse officielle était que le génocide avait été programmé puisque les « extrémistes hutu » avaient fondé la RTLM pour le préparer.
2) Le 18 décembre 2008 le TPIR a déclaré le colonel Bagosora non coupable « d’entente en vue de commettre un génocide », faisant ainsi voler en éclats les bases mêmes de l’histoire officielle du génocide du Rwanda car le colonel Bagosora fut constamment présenté comme le « cerveau » de ce génocide.
3) Selon le régime de Kigali, le génocide fut planifié par l’Akazu (ou petite maison, ou petite hutte), cercle nébuleux et criminel constitué autour de la belle famille du Président Habyarimana et dont Protais Zigiranyirazo, frère d’Agathe Habyarimana, épouse du président, était le chef. Ce petit groupe aurait comploté et planifié l’extermination des Tutsi dans le but de préserver son pouvoir et son influence. Le procès de M. Zigiranyirazo était donc lui aussi emblématique puisqu’il était censé mettre en évidence le cœur même de la préparation du génocide.
Or, le 18 décembre 2008 en première instance le TPIR a écarté la thèse du complot ourdi par M. Zigiranyirazo et sa belle famille et l’a acquitté du principal chef d’accusation, à savoir d’avoir prémédité le génocide et d’avoir comploté en ce sens avec le colonel Bagosora et Agathe Kanziga épouse du président Habyarimana pour exterminer les Tutsi du Rwanda. Le mythe de l’Akazu s’envolait donc. Le 16 novembre 2009, en appel, M. Zigiranyirazo a été acquitté des dernières accusations pendantes et immédiatement libéré.
4) Dans l’affaire dite Militaires I étaient notamment jugés les anciens chefs d’état-major de l’armée et de la gendarmerie, les généraux Augustin Bizimungu et Augustin Ndindiliyimana. Le 19 mai 2011, ils ont été acquittés du chef principal qui était celui de l’entente en vue de commettre le génocide. Ainsi donc, pour le TPIR, la hiérarchie militaire n’a ni prémédité, ni programmé le génocide.
A travers ces quatre jugements[3], c’est donc l’histoire « officielle » du génocide du Rwanda qui est réduite à néant. En effet, si ce génocide ne fut ni prémédité, ni programmé, c’est donc qu’il fut « spontané ».
Or, l’évènement majeur et déclencheur qui provoqua la folie meurtrière fut l’assassinat du président Habyarimana dans la soirée du 6 avril 1994, puisque les massacres commencèrent dès la nouvelle de l’attentat connue, quand les partisans du président assassiné attribuèrent ce crime au FPR, donc à leurs yeux aux Tutsi et à leurs alliés hutu, les « Hutu modérés » des journalistes.
Ceux qui ont abattu l’avion du président Juvenal Habyarimana portent donc l’immense responsabilité d’avoir directement ou indirectement provoqué le drame du Rwanda. Or encore, selon le juge français Bruguière et le juge espagnol Merelles, le président Kagamé aurait ordonné cet attentat et ils donnent même les noms de ceux qui auraient tiré les deux missiles ayant abattu l’avion présidentiel.
Voilà ce qui dérange les « amis » de Kigali, dont SOS Racisme. D’autant plus que Théogène Rudasindwa, ancien directeur de cabinet de Paul Kagamé, exige d’être entendu par le TPIR et par un juge français afin, selon ses propres termes, de pouvoir « divulguer tous les détails sur l’attentat du 6 avril 1994 » dont il impute la responsabilité à l’actuel chef de l’Etat rwandais. L’heure de vérité approche donc, et inexorablement…
Bernard Lugan
11/11/11
[1] Pour la déconstruction de cette histoire officielle, on se reportera à mon livre Rwanda : contre-enquête sur le génocide. Privat, 2007.
[2] Pour les détails, explications et développements concernant ces procès, l’on se reportera à l’Afrique Réelle n°4
[3] Les prévenus ont été condamnés pour d’autres motifs que celui de préméditation du génocide. Voir à ce sujet les commentaires de ces jugements dans l’Afrique Réelle.
Cher monsieur,
RépondreSupprimerVous trouverez dans le livre d'Olivier Le Gendre, "Confession d'un Cardinal", une description saisissante des massacres, relatée par les canaux de l'Eglise (ainsi qu'une réflexion de fond sur le sens d'un génocide en pays chrétien).
J'ai le sentiment que vous ne serez pas déçu ...
Quand on va voir sur wiki, avec les réserves d'usage, on a l'impression que votre article ressemble à du Faurisson. Plus négationniste, tu meurs!
RépondreSupprimer"Le Manifeste des Bahutu2 rédigé en 1957 par Grégoire Kayibanda, secrétaire particulier de Monseigneur Perraudin, est considéré comme le texte fondateur de la politique ethniste qui marquera les premières décennies du Rwanda indépendant. Les Hutus créent leur propre parti politique en 1959 : le Parmehutu, pour la promotion du peuple hutu. Les Tutsis sont poursuivis, des assassinats et des massacres sporadiques ont lieu, des maisons sont incendiées et les Tutsis fuient par milliers en Ouganda, au Burundi et au Congo-Kinshasa.
Au cours des années soixante plusieurs tentatives peu organisées de retour armé des exilés sont repoussées par le Rwanda et toujours ponctuées par des massacres de Tutsis restés au pays. Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en décembre 1963. Entre 8 000 et 12 000 hommes, femmes et enfants sont massacrés. Le journal Le Monde évoque un génocide (édition du 4 février 1964) et Radio Vatican parle à ce moment-là du plus « terrible génocide jamais perpétré depuis celui des Juifs ». En 1972 au Burundi voisin, un très important massacre de masse des Hutus burundais par l'armée burundaise à majorité tutsie fait, selon les Hutus, environ 200 000 morts. Ce massacre impressionna vivement les Hutus rwandais. Le pouvoir du président Grégoire Kayibanda s'affaiblissait et en 1973, il tente de réactiver l'unité politique du Rwanda contre la menace tutsie. Les élèves et professeurs tutsis sont exclus des collèges rwandais. Des massacres ont lieu dans des établissements scolaires. Une nouvelle vague d'exil des Tutsis s'ensuit et Juvénal Habyarimana prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État en juillet 1973."
Donc ce serait la mort du putschiste 20 ans après, qui déclenche "spontanément" et ex nihilo un massacre parfaitement organisé, et encadré par la coopération de qui vous savez! En quelques minutes. . . Puis l'exfiltration tout aussi spontanée des assassins à machettes par la France vers Goma.
Effectivement, l'heure de la Vérité approche: les chambres à gaz ni les machettes n'ont jamais existé!
merci de nous avoir éclairés.
Deux remarques : pourquoi ne pas rappeler en quoi consistait le pourvoi formé par SOS Racisme puisque le point de départ de votre article en est son rejet ? Si vous insistez sur sa défaite, pourquoi ne pas rappeler loyalement ce qui avait motivé son engagement ? La seconde remarque porte sur ce à quoi vous fait conclure le rejet : la découverte du vrai visage de SOS racisme, à savoir, son militantisme. Qu'apprenons-nous là ?
RépondreSupprimerBonjour Monsieur,
RépondreSupprimerUn rapport d'expertise présenté mardi 10 janvier par le juge Marc Trévidic accuse les extrémistes hutus.
Les grands médias présentent cette hypothèse comme un tournant dans l’affaire mais j’ai l’impression que ce n’est pas si nouveau que ça…
Qu’en pensez-vous ?
Merci.
belle façon de péréniser l'idée bienfaitrice de la France en afrique via un habile jeu de lumières au Rwanda .
RépondreSupprimerla France ne fait que du bien aux africains c'est connu ....
Le livre "Crime organisé en Afrique" d'Honoré Ngbanda parle très bien de ce sujet. Pierre Péan parle de la version officielle de ce génocide qui est devenue la version négationiste pour les média officielle.
RépondreSupprimer