jeudi 1 décembre 2022

L'Afrique Réelle n°156 - Décembre 2022

Sommaire

Actualité :
- Le Kivu, le Rwanda, et la rébellion du M23
- L’Armée, vrai pouvoir de l’Algérie
- Quel avenir pour le Tchad ?

Dossier : Le gaz africain
- L’eldorado gazier africain
- Les incertitudes gazières algériennes
- Un gazoduc transsaharien ou littoral ?


Editorial de Bernard Lugan

Dans ce dernier numéro de l’année 2022, quatre sujets sont traités :

1) La guerre du Kivu menée par le M23 est en réalité une guerre d’annexion que le Rwanda poursuit depuis 1996 à travers des milices locales pour trois grandes raisons :
- Surpeuplé, le Rwanda va droit au collapsus si, d’une manière ou d’une autre, il ne déborde pas vers les régions vides d’habitants du Kivu congolais.
- Sans une ouverture vers le Kivu, le Rwanda n’est que le cul de sac de l’Afrique de l’Est, la forêt de la cuvette congolaise formant une barrière naturelle, politique, ethnique, culturelle et linguistique (kiswahili oriental et lingala occidental).
- La réussite économique actuelle du Rwanda repose largement sur le pillage des ressources de la RDC. Selon l’ONU, le Rwanda constitue ainsi la plaque tournante du commerce illicite des métaux rares, de l’or et des diamants congolais à travers des sociétés écran et des coopératives minières qui donnent le label « Rwanda » aux productions congolaises. 

2) L’Algérie est dirigée par une centaine de généraux constituant le niveau supérieur d’une nomenklatura contrôlant le pays à travers une clientèle d’obligés ou d’associés civils. Après une décennie de purges liées à des querelles de clans, nous assistons aujourd’hui au retour des « professionnels » de l’« Etat-DRS » qui apportent réseaux et « savoir-faire » à l’Etat algérien, venant ainsi en renfort d’un « Système » que certains, peu au fait des lignes de forces souterraines de l’armée algérienne, avaient un peu trop rapidement considéré comme défunt… 

3) Au Tchad, après les dizaines de morts ayant suivi la répression de la manifestation=insurrection d’octobre 2022 à N'Djamena, plus que jamais, se pose la question de l’avenir de ce pays, verrou de l’Afrique centrale et pivot de la lutte contre les groupes terroristes.
Ici, comme partout ailleurs en Afrique, tout va dépendre de la manière dont vont s’exprimer les puissants déterminismes ethno-claniques inscrits dans le continuum ethno-racial sahélien. De l’océan atlantique à la mer Rouge, ce dernier trace une faille le long de laquelle, depuis des millénaires les nordistes nomades poussent vers les zones humides du sud peuplées par des agriculteurs sédentaires[1]. Des résurgences historiques surinfectées par les manœuvres de la Turquie depuis la Libye, et par celles de la Russie depuis la Centrafrique. 

4) La question du gaz. Les acheteurs européens ayant décidé de se passer du gaz russe, il leur est donc nécessaire de réorienter quasiment 50% de leurs achats. D’où un regain d’intérêt pour le gaz africain devenu de ce fait un enjeu majeur. 
D’autant plus que le continent contient de très importantes réserves et que de nouvelles découvertes ne cessent de se faire, tant en Afrique du Nord qu’au sud du Sahara. Désormais, la grande question qui se pose est celle de l’exportation des productions de ces immenses réserves, donc du tracé des gazoducs par lesquels elles se feront.

[1] Voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours.

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