L’échec de la France au Sahel
était prévisible. Les lecteurs de ce blog et les abonnés à l’Afrique Réelle savent que depuis
2011, je n’ai cessé d’en expliquer les raisons largement développées dans mon
livre Les guerres du Sahel desorigines à nos jours.
Ce naufrage politique et non
militaire est dû à six principales causes :
1) Corsetés par leur idéologie,
les responsables français considèrent que l’enraciné et légitime droit des Peuples doit s’effacer devant les
nuées des « droits de l’Homme », les chimères de la
« bonne gouvernance » ou l’éthéré postulat du « vivre
ensemble », idéologies inadaptées au Sahel où elles amplifient les
problèmes.
2) Ces mêmes décideurs français ont privilégié les analyses économiques et
sociales en s’accrochant au mirage du « développement ». Selon leur
présupposé universaliste, les Africains étant des Européens pauvres à la peau
noire, les recettes qui avaient marché en Europe ne pouvaient, selon eux,
qu’être transposables aux Afriques. Funeste illusion et coupable aveuglement…
3) Ils ont superbement ignoré l’histoire et les réalités ethniques,
oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF :
« Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son
compte ».
4) Sans mémoire et sans culture historique régionale, les
décideurs français n’ont pas vu qu’à la fin du XIXe siècle, la colonisation eut
deux conséquences contradictoires. Elle libéra les sudistes de la prédation
nordiste, mais, en même temps, elle rassembla victimes et bourreaux dans les mêmes
limites administratives.
5) Ces mêmes responsables français n’ont pas davantage vu que dans la
décennie 1960, avec les indépendances, les délimitations administratives de
l’ancienne AOF devenues frontières d'Etats, s’étaient transformées en autant de
prisons de peuples. Or, à l'intérieur de ces artificielles frontières, comme
ils sont les plus nombreux, les lois de l’ethno-mathématique électorale donnent
automatiquement le pouvoir aux sudistes. Résultat, au Mali, au Niger et au
Tchad, dès les années 1960-1965, les Touareg et les Toubou qui refusaient
d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent.
6) Les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France
n’ont pas davantage compris que le Sahel est le domaine du temps long où
l’affirmation d’une constante islamique radicale est d’abord la surinfection
d’une plaie ethno-raciale millénaire que nous ne sommes, et par définition, pas
en mesure de refermer.
Alors que la politique africaine
de la France aurait dû être confiée à des hommes de terrain héritiers de la
« méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des
anciennes « Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par des « petits
marquis » issus des Sciences Po. Insignifiants et prétentieux, ces sectaires
enkystés au Ministère de la Défense et aux Affaires Etrangères portent, avec
les ministres qui en théorie les dirigent, la terrible responsabilité de
l’échec français au Sahel.
Merci pour cette analyse. ... et maintenant, on se fait même virer par les Maliens... la France est en train de descendre aux enfers géopolitiquement et historiquement. La petite caste de "crétins diplômés" qui nous dirige va nous faire sortir de l'Histoire : c'est chaque jour plus criant.
RépondreSupprimerUn peu de Lugan le matin pour y voir clair, ça fait du bien, merci !
RépondreSupprimerEt n oublions pas le sale jeu du régime algérien contre la France
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