D’abord, comment expliquer l’insolite
relégation des représentants de la Serbie à l’extérieur de la principale
tribune officielle alors que leur pays fut un des artisans majeurs de la
victoire après avoir perdu 450.000 combattants tués et 134.000 autres blessés
sur une population de 4,5 millions d’habitants ? Sans compter des pertes
civiles s’élevant à 800.000 morts…
Ensuite, comment qualifier l’insulte
personnelle faite au président Trump, obligé de subir la prestation-provocation
de sa compatriote d’origine béninoise, la chanteuse Angélique Kidjo, l’une de
ses plus farouches adversaires ? Il est en effet utile de rappeler que
cette militante activiste avait manifesté contre son élection au sein de la Women’s March, et qu’elle le
qualifie d’homme qui n’a « ni morale, ni valeurs humaines »... Un tel
affront diplomatique restera dans les annales...
Enfin, point d’orgue de la grande entreprise
de réécriture de l’histoire de France, l’amplification du rôle de l’Afrique
durant la Première Guerre mondiale, à travers un message plus que
subliminal : les Africains ayant permis la victoire française, leurs
descendants ont des droits sur nous et voilà donc pourquoi ils sont chez eux
chez nous…
Je répondrai à ce troisième point en
reprenant mon communiqué en date du 13 mai 2016 dont le titre était « La
France n’a pas gagné la Première guerre mondiale grâce à l’Afrique et aux
Africains ».
Laissons en effet parler les chiffres[1] :
1) Effectifs de Français de
« souche » (Métropolitains et Français d’outre-mer et des colonies)
dans l’armée française
- Durant
le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20%
de la population française totale.
- Parmi
ces 7,8 millions de Français, figuraient 73.000 Français d’Algérie, soit 20% de
toute la population « pied-noir ».
- Les
pertes parmi les Français métropolitains furent de 1.300 000 morts, soit 16,67%
des effectifs.
- Les
pertes des Français d’Algérie furent de 12.000 morts, soit 16,44% des
effectifs.
- L’Afrique
fournit dans son ensemble 407.000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de
l’armée française.
- Sur
ces 407.000 hommes, 218.000 étaient originaires du Maghreb (Maroc, Algérie et
Tunisie).
- Sur
ces 218.000 hommes, on comptait 178.000 Algériens, soit 2,28 % de tous les
effectifs de l’armée française.
- Les
colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189.000
hommes, soit 2,42% de tous les effectifs de l’armée française.
- Les
pertes des Maghrébins combattant dans l’armée française furent de 35.900
hommes, soit 16,47% des effectifs, dont 23.000 Algériens. Les pertes
algériennes atteignirent donc 17.98% des effectifs mobilisés ou engagés.
- Les
chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont
imprécis. L’estimation haute est de 35.000 morts, soit 18,51% des
effectifs ; l’estimation basse est de 30.000 morts, soit 15.87%.
Pour importants qu’ils soient, les chiffres
des pertes contredisent l’idée-reçue de « chair à canon » africaine.
D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments
coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.
Des Africains ont donc courageusement et même
régulièrement héroïquement participé aux combats de la
« Grande Guerre ». Gloire à eux !
Cependant, compte tenu des effectifs engagés,
il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la
victoire. Un seul exemple : l’héroïque 2° Corps colonial engagé à
Verdun en 1916 était composé de 16 régiments, or, les 2/3 d’entre eux étaient
formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très
majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie
coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.
Autre idée-reçue utilisée par les partisans
de la culpabilisation et de son corollaire « le grand
remplacement » : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la
France fut capable de soutenir l’effort de guerre.
Cette affirmation est également fausse car,
durant tout le conflit, la France importa 6 millions de tonnes de marchandises
diverses de son Empire et 170 millions du reste du monde.
Conclusion : durant la guerre de
1914-1918, l’Afrique fournit à la France 5,22% de ses soldats et 3,5% de ses
importations.
Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de
les oublier ou de les tenir pour secondaires. Prétendre qu’ils furent
déterminants est en revanche un mensonge doublé d’une manipulation idéologique.Bernard Lugan
[1] Les références de ces chiffres sont données dans mon livre Histoire de l’Afrique du Nord des origines à nos jours. Le Rocher, 2016.
Bravo !
RépondreSupprimerMerci pour cette mise au point.
Auriez-vous les chiffres des indigènes musulmans d'Algérie et des Européens d'Algérie ?
M. Logan,
RépondreSupprimerMaintenant, j'ai regardé votre blog en lisant votre livre sur la Louisiane. Permettez-moi de vous écrire pour souligner la grande contribution des combattants noirs africains à la défaite de la Bulgarie lors de la Première Guerre mondiale. Ce sont les 11ème et 17ème divisions coloniales, composées de Sénégalais, qui permettent une avancée à Dobro pole. Notamment, cette bataille permet à l'armée de l'Orient et à la cavalerie de Jouinot-Gambetta, également des Africains, de prendre Skopje-Uskub et d'atteindre le Danube. C’est l’ultime coup stratégique qui a conduit à la fin de la guerre et à tant de malheurs, hélas, pour le pays dans lequel je suis né, la Bulgarie.
Cordialement
Danail Glishev
merci pour votre retour sur l'histoire
RépondreSupprimerVous faites bien de souligner le fait que le système électoral ou même sociétal occidental ne fera jamais décoller ce continent.
RépondreSupprimerIci même en Europe c'est ce même système datant de 1789, république universelle qui donna ensuite empire européen intégré dans un nouvel ordre mondial occidental, qui nous à fait revenir en arrière de 1500 ans en pleine empire Romain, sénat et réseaux d'influence sectaire.
Passer à la case révolutionnaire en Afrique d'un seul coup est le meilleur moyen pour qu'il n'y est jamais de puissance autonome et historique là bas.
L'Afrique va traîner le boulet de la division partisane pour des siècles, et si par malheur certains arrivaient à créer un système plus humain de gouvernance et viable, on pourra parier qu'une quelconque multinationale ou service secret occidental éliminera très vite cette réussite.
Faudrait pas que ça donne des idées aux peuples occidentaux pas vrai.
Je découvre votre blog si intéressant et à mon sens pertinent. Merci infiniment pour vos analyses factuelles.
RépondreSupprimerBien
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