lundi 1 novembre 2021

L'Afrique Réelle n°143 - Novembre 2021



Sommaire

Algérie :
- Emmanuel Macron a-t-il eu raison de s’interroger sur l’existence de la nation algérienne avant 1830?
- A la recherche du fantôme de la « Nation » algérienne

Dossier : Par refus de voir la réalité ethnique, la France a été poussée hors du Mali
- L’islamisme n’est pas la cause profonde de la guerre
- La guerre du Mali a débuté en 1963
- Les 8 principales erreurs politiques françaises


Editorial de Bernard Lugan

Parenthèse au milieu d’une longue et insupportable litanie de repentance, Emmanuel Macron a jeté un gros pavé dans la mare des relations entre Paris et Alger. En s’interrogeant sur l’existence de la « nation algérienne » avant la conquête française de 1830, il a en effet frappé au cœur la fausse histoire de l’Algérie. Cette histoire reconstruite sur laquelle repose la « légitimité » des profiteurs de l’indépendance (voir à ce sujet mon livre Algérie, l’Histoire à l’endroit) qui, depuis 1962, mettent le pays en coupe réglée après avoir dilapidé l’incomparable héritage laissé par la France. 
Le président Macron n’est d’ailleurs pas le premier à poser la question de la réalité historique de l’Algérie. Ainsi Fehrat Abbas, le futur premier chef d’Etat algérien en 1962 qui avait déclaré au mois de février 1936 dans l’Entente franco-musulmane :
« L’Algérie en tant que Patrie est un mythe. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’Histoire ; j’ai interrogé les morts et les vivants ; j’ai visité les cimetières : personne ne m’en a parlé. » 
Dans sa conférence de presse du 16 septembre 1959, le général De Gaulle disait la même chose :
« Depuis que le monde est le monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays, sans qu’il y ait eu, à aucun moment, sous aucune forme, un Etat algérien ».

Au Mali, pourquoi, dix ans après avoir été applaudie, lors du déclenchement de l’Opération Serval, la France y est-elle désormais détestée ? Pourquoi une aide salvatrice dans laquelle elle a laissé 52 de ses meilleurs enfants et des dizaines de mutilés, s’est-elle transformée en entreprise « néo-coloniale » aux yeux des Maliens ? Pourquoi les dizaines de milliers de déserteurs maliens installés dans la région parisienne et qui laissent les militaires français se battre à leur place osent-ils critiquer la France ? Pourquoi un tel retournement de situation ? Pourquoi un tel échec politique ? 

La réponse est pourtant claire : par refus idéologique et dogmatique de prise en compte du réel ethnique au profit des éternelles nuées démocratiques. Si les dirigeants français avaient eu un minimum de culture, ils auraient pu méditer cette phrase écrite dans le rapport de 1953 du Gouverneur général de l’AOF, précisément au sujet des pays du Sahel :

« Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».

Tout est dit dans cette phrase qui explique en quelques mots l’échec actuel de la France dont les dirigeants n’ont pas vu que nous n’étions pas face à une guerre religieuse, mais face à une guerre ethno-raciale millénaire dans laquelle les islamistes se sont insérés. Comme je ne cesse de le dire depuis le début de la guerre, dans toute la BSS, l’islamisme n’est en réalité que la surinfection d’une plaie ethnique historique. Mais encore faut-il ne pas refuser de le voir. Et là encore je dois renvoyer à mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours dans lequel cette problématique millénaire est longuement expliquée.

2 commentaires:

  1. Il y avait cependant la Numidie, et les Numides sont/étaient berbères et berbèrophone, du nom de la tribu des Bavares du massif des Babors ainsi nommée par les romains qu'ils combattaient. Une imposture post-1962 comme l'a très bien expliqué Bernard Lugan, et aussi dénoncée par les kabyles, a imposé une nation arabe et musulmane sur le socle d'une population alors majoritairement berbère, mais devenue aujourd'hui minoritairement berbèrophone. La vraie question est en fait : l'Algerie telqu'ils ont voulu la façonner et l'ont imposée aux vrais descendants des numides, est-elle légitime et pérenne ?

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  2. Avant l'Algérie qui est une pure invention de la France coloniale telqu'on la connaît aujourd'hui dans ses frontières actuelles, il y avait essentiellement la Numidie berbère et surtout berbèrophone et non pas arabe et musulmane ce qui est une véritable supercherie et une imposture post-coloniale, et le désert du Sahara n'en faisait pas partie. Personne ne pourra dire le contraire, puisque c'est la vérité. Les premières victimes collatérales de cette abominable création post-coloniale établie pour des raisons géostratégiques et politiques en pleine guerre froide, sont les berbères eux-mêmes, comme les kabyles.

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