Les évènements du Niger étant la suite logique
de la catastrophique politique africaine de la France - de Nicolas Sarkozy à
Emmanuel Macron sans oublier naturellement François Hollande-, il faudra bien
que ceux qui l’ont décidée rendent enfin des comptes. Comment est-il en effet
possible qu’un conflit ethnique ayant éclaté en 2011 au nord-est du Mali et qui
était à l’origine limité à une seule fraction touareg, ait pu, de fil en
aiguille, se transformer en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle
et dont la conséquence la plus visible est l’éviction de la France de la région
sahélienne ?
En raison de l’avalanche d’erreurs politiques
et sociétales, et comme je n’ai cessé de l’annoncer depuis 2011, l’échec de la
France au Sahel était hélas une certitude (voir à ce sujet mon livre Histoire du Sahel). Un échec
politique un temps masqué par les réussites de nos Armées au prix du sacrifice
de plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France tombés à la place de
déserteurs africains ayant préféré venir bénéficier en France des largesses de
l’ « odieuse » ancienne puissance coloniale que de défendre leurs
pays respectifs.
Corsetés par leur idéologie, les responsables
français ont voulu qu’en Afrique, le droit
des Peuples s’efface devant les « droits de l’Homme », les
chimères de la « bonne gouvernance » ou le surréaliste « vivre ensemble ». Sans parler des
provocations LGBT et de ses variantes vues en Afrique comme autant
d’abominations et qui ont achevé de faire perdre à la France l’estime et le
respect des Africains.
Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».
Incultes historiquement, les
« petits marquis » sortis de Sciences-Po ou de l’ENA qui prétendent
parler de l’Afrique, n’ont pas vu qu’à la fin du XIX° siècle, la colonisation
qui libérait les sudistes de la prédation nordiste, rassemblait en même temps
dominés et dominants dans de communes limites administratives. Avec les
indépendances, ces délimitations internes de l’ancienne AOF devenues frontières
d'Etats, les lois de l’ethno-mathématique électorale y donnèrent automatiquement
le pouvoir aux sudistes puisque leurs femmes avaient été plus fécondes que
celles des nordistes. D’où, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965,
les nordistes qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes
se soulevèrent. La guerre qui a éclaté en 2011 - donc avant toute présence
russe-, et qui se déroule sous nos yeux, en est la résurgence.
Face à ce réel qu’ils
ne comprenaient pas, ou qu’ils refusaient de voir, confondant causes et
conséquences, les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France
ont naturellement fait une erreur de diagnostic. Ils ont ainsi parlé de danger
islamiste alors que nous étions clairement en présence d’une plaie
ethno-raciale millénaire surinfectée par l’islamisme contemporain.
En conséquence de quoi, la stratégie française
reposa sur « l’essentialisation » de la question religieuse, tout
bandit armé, tout porteur d’arme et tout trafiquant étant péremptoirement qualifié
de « jihadiste ». L’erreur était grande car, dans la plupart des cas,
nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du jihadisme afin de
brouiller les pistes, et parce qu’il est plus valorisant de prétendre
combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de
cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. D’où la jonction entre trafic et
religion, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme.
Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.
Au Niger où plusieurs
conflits se déroulent, tant à l’ouest qu’au sud-est, la situation fut encore
compliquée par le fait que le président Mohamed Bazoum est Arabe. Il est en
effet membre de la tribu libyenne des Ouled Slimane (Awlad Sulayman) qui a des
diverticules au Tchad et dans le nord-est du Niger.
Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye).
La Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective.
Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en 1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle.
Alors qu’il eut fallu confier la politique
africaine de la France à des hommes de terrain héritiers de la « méthode
Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes
« Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par les insignifiants
et prétentieux butors qui portent la terrible responsabilité de l’échec
français en Afrique.
Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…
En plus de tout cela, au lieu de s’interroger
sur leurs erreurs, ajoutant la naïveté à l’incompétence, les dirigeants français
tentent maintenant de s’exonérer de leurs responsabilités en montrant la
« main russe »…. Comme si, étant en guerre contre l’OTAN, la Russie
allait laisser passer l’occasion qui lui était offerte de s’engouffrer dans
l’abîme béant de la nullité française pour ouvrir un front africain sur les
arrières de ceux qui la combattent sur le front européen… Le discours du
président Poutine lors du dernier sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg
fut d’ailleurs très clair à ce sujet.
La déficience des dirigeants français s’exprime
jusque dans leur absence de réaction face au mensonge du prétendu « pillage »
des ressources du Niger. L’on attendrait en effet des « chapons » qui
parlent au nom de la France, une claire déclaration indiquant que cette
dernière n’a pas d’intérêts dans ce pays désertique -le Mali ne l’est en
revanche qu’en partie-, condamné à succomber sous sa suicidaire démographie
polygamique. Un Niger dont, n’en déplaise à l’ineffable Sandrine Rousseau qui a
osé affirmer que la France en dépendait pour son uranium, alors que le pays ne
représente aujourd’hui, et au mieux, à peine 10% des besoins français… et qu’il
est, et de beaucoup, plus facile et moins onéreux de se fournir ailleurs de par
le monde.
Sans parler des gisements français dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…
Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ».
Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.
Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye).
La Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective.
Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en 1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle.
Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…
Sans parler des gisements français dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…
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