jeudi 2 décembre 2010

Réflexions après la victoire d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, c’est une large victoire qui vient d’être remportée par la coalition entre Baoulé et Nordistes, Alassane Ouattara l’ayant emporté avec près de 55% des voix. Abidjan, pourtant réputé fief de Laurent Gbagbo, a même quasi également réparti ses suffrages entre les deux candidats, illustrant la nette coupure ethnique de la ville. Les électeurs baoulé qui, avec les 25% de voix obtenues au premier tour par Henri Konan Bédié, détenaient la clé de ce scrutin, se sont donc largement reportés sur le Nordiste Alassane Ouattara pour en finir avec la parenthèse Gbagbo.
Cette victoire au second tour a donc été permise par la reconstitution de l’alliance ethnique qui avait permis au président Houphouët-Boigny de gouverner le pays durant plusieurs décennies. C’est avec une grande maladresse qu’elle avait été rompue par son successeur, Henri Konan Bédié, lequel avait pensé écarter son rival d’alors, Alassane Ouattara, en contestant sa nationalité, oubliant par là que la Côte d’Ivoire est composée de trois grands ensembles ethniques et que l’alchimie ethno-démocratique du pays repose sur la règle de deux contre un. Ce fut en effet uniquement parce que le leader baoulé Henri Konan Bédié et le leader nordiste Alassane Ouattara avaient négligé cette loi non écrite que Laurent Gbabo, le représentant des ethnies kru et lagunaires l’avait jadis emporté. Ce président légal mais illégitime élu pour cinq ans s’est maintenu au pouvoir  durant une décennie par la magouille, la démagogie et la terreur. Couverts de sang et gavés de leurs rapines, ses partisans ne sont pas disposés à accepter le verdict des urnes et à devoir rendre des comptes. Ils viennent donc de déclencher un coup d’Etat en demandant au conseil constitutionnel, une de leurs courroies de transmission, d’invalider les résultats du scrutin. Plus que jamais, la Côte d’Ivoire est donc au bord de l’explosion.

Bernard Lugan
02/12/2010

2 commentaires:

  1. Rappel historique:

    _ En 1993, Allassane Ouattara, 1er ministre de la côte d'ivoire, tente un coup d'état à la mort d'Houphouet Boigny. Celui-ci est déjoué par Laurent Dona Fologo (PDCI) et Bédié, président de l'assemblée nationale devenant président ivoirien par intérim selon la constitution ivoirienne.

    _ 1995: Bédié remanie la constitution pour introduire une loi sur l'ivoirité et amène un débat sur la xénophobie, qui était pourtant née sous le régime colonial, lorsque l'administration coloniale mettait en concurrence les ivoiriens et les africains de l'AOC pour le travail en Côte d'Ivoire. Dans les années 60, Houphouet avait d'ailleurs largement été traité de dictateur, en expulsant des ivoiriens d'origines dioulas vers le Burkina (voir Petit traité de remise à niveau au président Sarkozy).

    Il ne s'agit donc nullement d'une négligence de Bédié ou Ouattara, mais bien d'une manipulation xénophobe orchestrée par Bédié lui-même en 1995. Manipulation dans laquelle lui-même et Ouattara sont allégrement tombés.


    "Ce président légal mais illégitime élu pour cinq ans s’est maintenu au pouvoir durant une décennie par la magouille, la démagogie et la terreur.
    Couverts de sang et gavés de leurs rapines, ses partisans ne sont pas disposés à accepter le verdict des urnes et à devoir rendre des comptes."

    Intéressent de taxer Gbagbo de terroriste là où le pouvoir armé de Ouattara se fonde sur des mercenaires et criminels de haut vol, baignant dans l'illégalité, la corruption, les trafics de matières premières et le crime organisé dans le Nord et l'Ouest de la Côte d'Ivoire depuis 10 ans.

    Des milliers de victimes des rebelles de la Force Nouvelle, des millions d'ivoiriens déplacés: des executions sommaires, des viols innombrables, la torture, les enfants soldats. De nombreux rapport d'Amnesty Internationale existent.

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  2. Quant aux élections, pourquoi ne nous racontez-vous que la CEI est majoritairement pro Ouattara? Pourquoi ne nous expliquez-vous pas que les accords de Ouaga exigeaient le désarmement total des rebelles avant l'élection, condition qui n'a pas été rempli? Pourquoi ne nous racontez-vous pas comment dans le Nord et l'Ouest, des milliers d'ivoiriens ont votés sous les armes de Rebelles? Mieux, expliquez-nous pourquoi ce cher Ouattara refuse le recomptage des voix? Ou peut être comment les certificateurs et observateurs internationaux n'ont pas rempli leurs rôles pour attester d'une élection transparente?

    Enfin, vous ditent que des 'partisans' auraient déclenché un coup d'état... C'est bien vite oublier les coups d'état loupés des rebelles en 2002 puis 2004, avec des dizaines de morts ivoiriens sous les balles de l'armée française devant l'hotel ivoire le 9 Novembre 2004, armée soutenant Ouattara!

    Eh bien, que de raccourcis fallacieux dans votre papier, raccourcis méprisant allégrement la loi et institutions ivoiriennes, ses représentants, le processus électoral et les évenements hitoriques.

    Vous savez, il ne suffit pas d'énumérer le noms d'éthnies exotiques africaines pour prétendre à une connaissance quelconque de l'Afrique, encore moins de sa réalité politique étroitement mélée à la colonisation impériale française récente.

    Autant d'amalgames, de mauvaise foi et de généralités grotesques dans l'analyse de la crise ivoirienne ne rendent pas justice à votre matière grise, si tant est que vous l'utilisiez à bon escient.
    Avouer que vous servez fièrement dans les rangs des révisionnistes néocolons semi-intellectuels qui s'amusent à réecrire l'histoire africaine avec la même supériorité autoproclamée dont ils se sont parés, il y a des siècles, pour tracer selon leur bon vouloir, les frontières des Etats africains!

    La seconde hypothèse vous serait plus flatteuse.

    Grand bien vous fasse!

    Mais sachez que l'africain est certes noir mais il a appris à lire.

    Nous sommes 'ivoiriens' mais nous y comprennons beaucoup plus de choses que vos déblatérations de francoafricain 'j'ai vécu sous les tropiques et consacré toute ma vie à l'Afrique'.

    Votre vision de l'Afrique n'est pas l'Afrique.

    Et votre analyse ne reflète en rien la complexité de la crise ivoirienne.

    Pathétique...

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