Au Mali, au
Niger et au Burkina Faso, l’on est
désormais loin de l’enthousiasme des manifestations « spontanées » durant
lesquelles, dans l’oubli de ce que l’armée française avait fait pour ces pays, le
drapeau français était brûlé et le drapeau russe brandi. Certains reconnaissent
même, et de plus en plus ouvertement, qu’à l’époque de Barkhane, les GAT
(Groupes armés terroristes) ne faisaient pas la loi. Aujourd’hui, ce n’est plus
le cas. Depuis le départ des
forces françaises consécutif aux putschs militaires au Mali (2020 et 2021), au
Burkina Faso (deux en 2022) et au Niger (2023), en
dépit de l’intervention russe, les attaques et les embuscades contre les forces
de sécurité sont désormais quotidiennes. Au Burkina Faso et au Mali, les armées
locales étant en perdition, la situation
est même hors contrôle.
Au Mali, les paramilitaires russes de
l’Africa Corps - anciennement Groupe Wagner -, accueillis hier en libérateurs, n’ont
jusqu’à présent fait la preuve que de leur piètre valeur militaire. Ils ont même
subi une humiliante et sanglante défaite les 25-27 juillet 2024 à Tinzaouaten, près de la
frontière algérienne où, face aux Touareg, ils ont en effet laissé sur le
terrain au moins 50 morts, deux prisonniers, ainsi que tout leur équipement
(véhicules, armes, moyens de transmission etc.). Quant à l’armée malienne, les
FAMA, ses pertes se comptèrent en plusieurs dizaines de morts. De
plus, les mercenaires russes qui ne sont donc pas,
pour le moment du moins, le joker de la junte malienne, sont régulièrement accusés
de massacrer les populations, comme à Moura, au mois de mars 2022, où 500 civils furent tués.
Le plus inquiétant pour l’Alliance des États du Sahel regroupant les juntes militaires du Mali, du Niger et
du Burkina Faso, est que l’armée malienne et ses encadreurs russes se voient
peu à peu quasiment encerclés dans Bamako. Se profile en effet le scénario catastrophe d’une conquête de la capitale
par le chef touareg ifora Iyad Ag Ghali.
L’homme avec lequel, et comme je n’ai cessé de le dire depuis 2013, il était
nécessaire de discuter puisque, et qu’on le veuille ou non, il est à la fois la
cause et la solution du problème du nord du Mali. La question de la région des
Trois frontières est différente car ce ne sont pas les Touareg qui y sont à la
manœuvre, mais les Peul. Toujours cette question ethnique engerbant toutes les
autres, mais que les décideurs français ont obstinément refusé de prendre en
compte car, selon les « africanistes » du CNRS et de Science Po qui
les ont « formatés », les ethnies africaines sont des fantasmes « coloniaux » !!!
Le Mali va-t-il donc sombrer ?
Les évènements récents pourraient le laisser penser. En effet, le 17 septembre
2024, la capitale Bamako a subi une double attaque coordonnée qui a permis au Gsim
(Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), une coalition dirigée par Iyad
Ag Ghali, de prendre d’assaut deux sites éloignés l’un de l’autre d’une dizaine
de kilomètres, à savoir l’école de gendarmerie et l’aéroport. Si aucun bilan
officiel n’a été donné par les autorités maliennes, le nombre des victimes dépasse
probablement la centaine. Plusieurs mercenaires russes ont également perdu la
vie, eux dont la mission primordiale était pourtant de sécuriser Bamako et son
aéroport…
En réalité, le Gsim et ses alliés
sont en train d’encercler peu à peu la capitale malienne, dans un double
mouvement d’étranglement. Au nord, ils étendent leur tache d’huile en
repoussant peu-à-peu les FAMA, détruisant systématiquement leurs positions
militaires et effaçant ainsi la très fragile « légitimité » de la
junte au pouvoir. Quant à l’assaut sur Bamako, il pourrait se faire à partir de
la Guinée, l’armée malienne ayant récemment perdu
plusieurs positions stratégiques sur la route y menant après avoir retraité en
panique, abandonnant tout son armement aux assaillants.
Le numéro du mois de novembre de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er novembre, sera consacré à la
situation actuelle au Sahel. Pour approfondir la question, on se reportera à
mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours
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