Emmanuel Macron s’obstine à refuser de voir que la France, l’Algérie et le Rwanda ne parlent pas de la même chose quand est évoquée la question mémorielle. Pour Paris, l’histoire est une science permettant de connaître et comprendre le passé. Pour Alger et pour Kigali, il s’agit d’un moyen servant à légitimer les régimes en place à travers une histoire « arrangée ». L’incommunicabilité étant totale, les dés sont donc pipés dès le départ. D'où le naufrage du « Rapport Stora » et du « Rapport Duclert ».
L’Algérie et le Rwanda ne veulent en effet pas d’une « pacification des mémoires » au sens où l’entend la France puisque toute normalisation passerait obligatoirement par des concessions mémorielles qui feraient exploser les fausses histoires sur lesquelles reposent les « légitimités » des deux régimes. Le président algérien Tebboune l’a d’ailleurs plus que clairement reconnu quand il a déclaré que « la mémoire nationale ne saurait faire l’objet de renonciation, ni de marchandage ».
En définitive, la France recherche une paix mémorielle fondée sur une connaissance scientifique des évènements du passé quand l’Algérie et le Rwanda exigent son alignement sur leurs propres histoires fabriquées.
L’Algérie et le Rwanda ne veulent en effet pas d’une « pacification des mémoires » au sens où l’entend la France puisque toute normalisation passerait obligatoirement par des concessions mémorielles qui feraient exploser les fausses histoires sur lesquelles reposent les « légitimités » des deux régimes. Le président algérien Tebboune l’a d’ailleurs plus que clairement reconnu quand il a déclaré que « la mémoire nationale ne saurait faire l’objet de renonciation, ni de marchandage ».
En définitive, la France recherche une paix mémorielle fondée sur une connaissance scientifique des évènements du passé quand l’Algérie et le Rwanda exigent son alignement sur leurs propres histoires fabriquées.
Avant de se lancer d’une
manière évaporée dans le processus de mise à plat des mémoires, Emmanuel Macron
aurait peut-être pu entrevoir la considérable différence d’approche des pays
concernés, ce qui lui aurait alors permis de comprendre que sa démarche était
vouée à l’échec. Mais, pour cela, il lui aurait fallu demander conseil aux
véritables spécialistes de l’histoire de l’Algérie et du Rwanda, aux
connaisseurs des mentalités leurs dirigeants. Or, et tout au contraire, pour le
dossier algérien le président français a choisi de s’adresser à un historien
militant signataire d’une pétition de soutien aux dérives islamo-gauchistes de
l'UNEF, et, pour le dossier rwandais, à un historien totalement incompétent en
la matière. Benjamin Stora s’inscrit dans la ligne de l’histoire officielle algérienne
écrite par le FLN quand la thèse de Vincent Duclert portant sur « L’engagement des savants
dans l’affaire Dreyfus », ne fait pas de lui un connaisseur de la
complexe alchimie ethno-historique du Rwanda… et ne l’autorise pas à oser
parler, contre toute la culture régionale, d' « absence
d’antagonismes ethniques dans la société traditionnelle rwandaise »
(!!!).
Comment Emmanuel Macron
pouvait-il d’ailleurs attendre une « avancée » de la part du
« Système » vampirique pompant la substance de l’Algérie depuis 1962
quand celui-ci veille avec un soin plus que
jaloux à ce que l’histoire légitimant sa domination sur le pays ne soit pas
remise en question ? Il en va en effet de sa
survie. L’homologue algérien de Benjamin Stora n’a
ainsi fait aucune proposition de révision historique, laissant au chef d’état-major
de l’armée, le général Saïd Chengriha, le
soin de faire monter les enchères avec la France en évoquant, contre l’état des
connaissances, des « millions de martyrs de la guerre d’indépendance »… D'une
phrase, la pauvre tentative élyséenne de rapprocher les points de vue entre la
France et l’Algérie était ainsi pulvérisée. De plus, tout en dynamitant la relation
de confiance établie entre les présidents Macron et Tebboune, le général Chengriha montrait clairement que le président
algérien n’est qu’une marionnette et que c’est l’institution militaire qui gouverne
et impose sa loi.
Maîtres du temps, les généraux
algériens vont maintenant faire pression sur Emmanuel Macron, exigeant de lui
qu’il livre ou qu’il expulse quelques grandes figures de l’opposition
actuellement réfugiées en France… L’éthérée et idéologique recherche d’un
consensus historique aura donc abouti à une déroute française.
Dans le cas du Rwanda la
situation est carrément caricaturale car le « Rapport Duclert » va
encore plus loin que le « Rapport Stora » dans la mesure où il s’aligne quasi
intégralement sur les positions de Kigali, légitimant ainsi la fausse histoire sur
laquelle repose la
« légitimité » du régime du général Kagamé. Une histoire ancrée sur
trois principaux postulats :
- La France a aveuglement soutenu le régime du président Habyarimana.
- Ce furent des Hutu qui, le 6 avril 1994, abattirent en vol l’avion du président Habyrarimana afin de faire un coup d’Etat permettant de déclencher le génocide.
- Le génocide des Tutsi était programmé.
- La France a aveuglement soutenu le régime du président Habyarimana.
- Ce furent des Hutu qui, le 6 avril 1994, abattirent en vol l’avion du président Habyrarimana afin de faire un coup d’Etat permettant de déclencher le génocide.
- Le génocide des Tutsi était programmé.
Or,
tout au contraire :
- Alors que la tragédie du
Rwanda fut provoquée par l’attaque lancée depuis l’Ouganda au mois d’octobre
1990 par des Tutsi réfugiés ou déserteurs de l’armée ougandaise, le
« Rapport Duclert » affirme, comme le fait Kigali, qu’entre 1990 et
1993, la France a aveuglement soutenu le régime
du Rwanda. Or, chaque intervention militaire française fut subordonnée à
une avancée obtenue du président Habyarimana dans le partage du pouvoir avec
ceux qui lui avaient déclaré la guerre au mois d’octobre 1990… La différence est de taille.
-
Tournant le dos à l’état des connaissances
et s’alignant là encore sur
la thèse officielle de Kigali, le « Rapport Duclert » laisse entendre que ce seraient
ses propres partisans qui, le 6 avril 1994, auraient abattu l’avion du
président Habyarimana. Une hypothèse que même les juges Jean-Marc Herbaut et
Nathalie Poux, en charge de l’affaire de l’attentat, ont estimé n’être étayée par aucun des éléments du dossier. De
plus, s’ils avaient pris la peine de s’intéresser véritablement aux travaux du
TPIR (Tribunal pénal international pour
le Rwanda), et non d’en parler à travers des lectures de seconde ou de
troisième main, les auteurs du « Rapport Duclert » auraient appris
que ce tribunal qui a travaillé plus de vingt ans sur la question, a clairement
écarté toute responsabilité des Hutu dans l’attentat déclencheur du génocide.
- Pour
les rédacteurs du « Rapport Duclert », tout cela n’a d’ailleurs pas
d’importance car, selon eux, et toujours ainsi que le soutient Kigali, comme le
génocide était programmé, il aurait eu lieu de toutes les façons, même sans l’attentat… Or, et une fois encore, il a été plus que clairement établi devant le TPIR que
le génocide était la conséquence de l’assassinat du président Habyarimana…
Grâce
au « Rapport Duclert», voilà donc désormais Kigali en position de
force pour exiger de la France des
excuses officielles qui devront être soutenues par le versement d’espèces « sonnantes et
trébuchantes »… Et si Paris se montrait indocile, comme le « Rapport
Duclert » a, contre toute vérité historique, reconnu une part de
responsabilité française dans la genèse du génocide, conseillé par l’un ou
l’autre cabinet juridique d’Outre-Atlantique, le Rwanda pourrait alors décider
de poursuivre la France devant un tribunal international… Un nouveau chantage pourrait
donc s’annoncer. Résultat de la faiblesse française et de la volonté du
président Macron de mettre à plat le contentieux avec le Rwanda, c’est
désormais la France qui est à plat ventre…
Bibliographie
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle de l’Algérie popularisée en France par Benjamin Stora, on se reportera à mon livre Algérie, l’Histoire à l’endroit.
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle du génocide du Rwanda reprise dans le « Rapport Duclert », on se reportera à mon livre Rwanda, un génocide en questions et à mes rapports d’expertise devant le TPIR intitulés Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR)
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle de l’Algérie popularisée en France par Benjamin Stora, on se reportera à mon livre Algérie, l’Histoire à l’endroit.
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle du génocide du Rwanda reprise dans le « Rapport Duclert », on se reportera à mon livre Rwanda, un génocide en questions et à mes rapports d’expertise devant le TPIR intitulés Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR)
- Pour tout ce qui concerne la repentance en général, on se reportera à mon livre Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance.
Merci pour ce travail de vérité. Vous êtes légitimes pour parler de ces questions.
RépondreSupprimerDe toute façon, la France est l'"ennemi traditionnel et éternel" de l'Algérie, selon le ministre du Travail Hachemi Djaâboub. CQFD
RépondreSupprimerhttps://www.lefigaro.fr/international/la-france-est-un-ennemi-traditionnel-et-eternel-declare-un-ministre-algerien-20210409