Au moment où, en Algérie, Emmanuel Macron
« godille » entre repentance et honneur national, il est plus que
jamais nécessaire de lui rappeler que c’est sa famille politique qui a lancé la
France dans la désastreuse politique coloniale dont nous subissons aujourd’hui
les mortelles conséquences. Dans les années 1880-1890, alors que la
droite monarchiste et nationaliste y était farouchement opposée, ce fut en
effet la gauche, à l’exception de Clémenceau, qui, par pure idéologie,
précipita la France dans l’aventure coloniale. Œuvre « émancipatrice »,
la colonisation rêvée par la gauche républicaine était destinée à faire
connaître au monde l’universalisme « libérateur » dont elle était
porteuse.
La dimension économique ne fut alors qu’un
alibi destiné à rallier à cette politique la « droite » orléaniste. En
effet, à l’époque, l’on ignorait que l’Afrique, encore quasiment inexplorée,
eut pu receler des richesses et encore moins constituer un marché. Quand Jules
Ferry parlait du futur Empire comme d’une « bonne affaire », ce
n’était donc qu’un postulat doublé d’un souhait.
D’ailleurs, au moment où la gauche la lança
dans la course impériale, la France n’avait pas besoin de colonies.
Qu’auraient-elles d’ailleurs pu lui fournir ces dernières ? - Des esclaves ? Mais l’Abolition avait
été décidée. - Du sucre ? Mais la France avait remplacé
la canne à sucre par la betterave sucrière. - Des épices ? Mais ils abondaient sur
le marché mondial, et les acheter aux Hollandais revenait moins cher qu’envisager de les produire dans
des colonies à conquérir, à pacifier, à administrer, à organiser, à mettre en
valeur, à peupler, à équiper, à défendre, et dans lesquelles il allait falloir
soigner, éduquer et nourrir les populations. - Des matières premières ? Mais on
ignorait leur existence. - Un débouché pour l’industrie
française ? Mais les débouchés européens lui étant largement suffisants.
De plus, à l’époque, le marché africain n’existait pas. - Un déversoir pour sa population ? Mais
la France n’était pas un pays
d’émigration et, en raison de sa démographie stagnante, elle n’avait pas besoin
de se créer des colonies de peuplement. Certes, diront ceux dont le fonds de
commerce est la stigmatisation de la France, mais ensuite, plus tard, une fois
l’Empire constitué, la France y trouva son compte. Or, il s’agit là d’un postulat idéologique
qui ne correspond pas à la réalité. Quelques chiffres permettent en effet de le
démontrer. Ainsi : - Pour la période 1900-1958, les seuls
investissements publics faits dans l’Empire totalisèrent en moyenne le chiffre effarant
de 22% du total de toutes les dépenses françaises sur fonds publics. Une telle
ponction faite sur le capital investissement national interdisait toute
modernisation, toute mutation de
l’économie française au moment où ses principaux concurrents prenaient sur elle
une avance déterminante. Loin d’enrichir la France, l’Empire africain la « plombait »
tout au contraire et menaçait de conduire le pays à l’asphyxie. - Au début des années 1950, alors que,
sortant du second conflit mondial, elle avait
tout à reconstruire, la totalité des dépenses faites par la France dans ses
colonies (guerre d’Indochine comprise) représentait un cinquième du budget
national. Un gouffre suicidaire… - Comme, en raison de leur coût, les
productions coloniales françaises n’étaient pas concurrentielles sur le marché
international, après avoir dépensé des sommes colossales pour les créer, il
fallut que la France les soutienne. Pour la seule décennie 1950, cela coûta en
moyenne 60 milliards par an aux contribuables français, après que l’Etat
eut dépensé des fortunes pour construire les routes, les ports et les voies de
chemin de fer destinés à leur exportation. - A l'exception des phosphates du Maroc, l’Empire
ne fournissait rien de rare à la France. C'est ainsi qu'en 1958, 22% de toutes
les importations coloniales françaises étaient constituées par le vin algérien
payé 35 francs le litre alors qu'à qualité égale le vin espagnol ou portugais
valait 19 francs. Aujourd’hui, les culpabilisateurs soutiennent que : 1) La France s’enrichit « sur le dos » de l’Afrique. 2) Grâce à la « vache à lait » qu’est la zone CFA, elle est en
situation de monopole et dispose d’un marché réservé. Laissons donc une fois de plus parler les faits et les chiffres : 1) En 2019, avant le covid, le total mondial des exportations françaises
était de 460 milliards d’euros. Sur ce chiffre, l’Afrique sud saharienne
totalisa 12,2 milliards d’euros de biens et marchandises, soit à peine 2,68%
de toutes les exportations françaises. Pour ce qui est des importations, pétrole
et matières premières comprises, les chiffres sont quasiment identiques. 2) Toujours en 2019, sur les 12,2 milliards d’euros représentant le
total des exportations françaises, la zone CFA en totalisa à peine 6 milliards,
soit le chiffre anecdotique de 1,32% de toutes les exportations françaises.
Pour ce qui est des importations, les chiffres sont là encore quasiment
identiques. De plus, toujours en 2019, la part de la France dans le marché de
la zone CFA n’était que de 11,4%, ce qui
revient à dire que près de 89% du commerce de la zone CFA était fait avec
d’autres pays qu’elle. La zone CFA n’était donc ni une « bonne
affaire », ni un marché réservé pour la France. En résumé : 1) Ce fut par idéologie que, dans les années 1880-1890, la gauche lança l’entreprise coloniale dont la France
sortit épuisée, ruinée, divisée et aujourd’hui humainement submergée. 2) Après
1945, encore par idéologie, cette même gauche coloniale se rallia à un nouveau
credo universaliste, l’anticolonialisme.
3) Puis, toujours
par idéologie, à partir de la décennie 1960, au nom de l’antiracisme, la gauche
ne cessa plus de soutenir l’immigration en provenance de l’ancien empire,
oubliant qu’elle en avait été la génitrice... Ses intellectuels sapèrent alors
méthodiquement, les-uns après les autres, les principes sur lesquels reposaient
jusque-là la cohésion et la cohérence de la société française. Quant à la
« droite », en raison de son
incommensurable indigence doctrinale, elle laissa faire… de peur de passer pour
« raciste ».
La gauche par idéologie, la « droite » par lâcheté, ont donc
pavé la route des « décoloniaux », des « woke » et autres
révolutionnaires qui constituent la 5° colonne de cette mortelle entreprise de
« grand remplacement » que nous subissons aujourd’hui. Et voilà donc
comment et pourquoi la France est, comme le craignait Edouard Herriot en 1946,
devenue « la colonie de ses colonies »…
J’ai consacré deux livres à ces questions : |
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