Parlons clair : le drame humain qui ne peut laisser insensible ne doit pas faire oublier que Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont morts en raison de leur imprudence. Comme Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier qui, en Afghanistan, n’avaient pas tenu compte des mises en garde de l’armée française (infosdefense.com), ils furent pareillement prévenus des risques. Ils avaient demandé à la force Serval de les conduire à Kidal et ils avaient essuyé un refus doublement justifié :
1) Parce que les groupes touareg s’y combattaient et
que la situation y était totalement anarchique.
2) Parce qu’il n’y avait qu’un effectif français insuffisant
pour y garantir la sécurité. En raison de la saignée que subit l’armée
française depuis plusieurs années, il avait en effet fallu dégarnir la zone
pour pouvoir mener plus au sud l’opération
Hydre. Or, la « pacification » du Mali exige d’occuper le
terrain, ce que, faute de moyens en hommes et en matériel, nos troupes ont de
plus en plus de mal à faire.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon ne sont cependant pas partis pour
Kidal de leur propre initiative. Ils furent
envoyés dans le nord du Mali par la direction de RFI. Comme le Code du travail fixe les obligations du
chef d’entreprise à l’égard de ses collaborateurs, ils furent donc nécessairement
informés des risques ; d’autant plus que le ministère des Affaires
étrangères lui-même avait mis en garde contre un tel voyage.
Au-delà de la tragédie humaine, l’assassinat des deux malheureux
journalistes est le révélateur de l’échec malien où la parfaite réussite
militaire de l’Opération Serval fut gâchée
par le pouvoir politique français. Paris permit en effet à Bamako de « réoccuper » le nord
Mali d’où son armée avait été chassée, sans exiger auparavant la mise en oeuvre
d’une politique fédérale seule susceptible de pacifier le pays. Grands perdants
du retour à la situation antérieure, tôt ou tard, en masse ou en petits
groupes, seuls ou alliés à Aqmi, les Touareg reprendront donc les hostilités.
Les responsables de ce naufrage sont ces idéologues qui gouvernent la
France et qui, prisonniers de leur religion universaliste, refusent de voir qu’il
est impossible de faire vivre dans un même Etat artificiel les agriculteurs
noirs sédentaires du sud et les nomades berbères ou arabes du nord. D’autant
plus que le contentieux les opposant s’inscrit dans la nuit des temps et
que la variante africaine de la démocratie qu’ils proposent comme seule
solution n’est qu’une ethno-mathématique donnant automatiquement le pouvoir aux
plus nombreux, en l’occurrence les sudistes…
Bernard Lugan
04/11/2013
Bernard Lugan
04/11/2013
Les conflits ethniques se sont surtout calmés en Europe depuis la seconde guerre mondiale où les allemands ont été déportés en masse pour aboutir à des pays ethniquement homogènes ... Les seuls endroits où cela n'a pas été fait comme en Yougoslavie pose encore des soucis ... Je suis bien d'accord avec vous que cette réalité est totalement occulté et caché derrière les mirages d'une démocratie imaginé plus parfaite qu'elle n'est.
RépondreSupprimerMais dès que dans une démocratie, les partis commencent à s'organiser autour des ethnies, c'est le début de la fin. J'ajoute que l'arrivé d'un vote ethnique en France comme on a vu lors des primaires socialistes à Marseille, n'augure rien de bon pour nous dans les prochaines années...
Concernant l'assassinat de ces deux journalistes, il y a deux versions qui s'affrontent.
RépondreSupprimerD'un côté le colonel Didier Dacko de l'armée malienne indique que les deux journalistes ont été égorgé.
Alors que de l'autre le colonel Gilles Jaron de l'armée française affirme que les deux journalistes ont été tués par balles.
A cette insécurité au nord-du mali s'ajoute désormais la confusion.
Force est de constater que le "Sahélistan" est bel et bien devenu une réalité palpable.
La guerre et la situation actuelles du Mali ont été voulues unilatéralement par la France. La vie des deux journalistes français dépassent-elle les milliers de victimes maliennes de cette situation créée sciemment par la France qui en connait seule les vraies motivations. L'analyse tribaliste ou disons, le regard du point de vue ethniciste dont parlent tant de spécialistes occidentaux de l'Afrique n'est qu'un alibi pour disculper le colonialisme occidental et surtout français en Afrique occidentale, cherchant à tout prix à voir dans les sociétés africaines des oppositions ethniques que eux-mèmes ont inventées. Est-ce la colonisation et la démocratie a l'occidentale qui ont appris la coexistence aux peuples en Afrique? Je crois bien que c'est le contraire. Relisez bien l'histoire du Rwanda et son génocide et cherchez-en les vrais commenditaires et motifs et vous comprendrez que l'heure est venue de DECOLONISEZ L'AFRIQUE.
RépondreSupprimerQuoi ajouter à tant de clarté?
RépondreSupprimerSeulement délaisser les médias officiels pour ce qu'ils sont depuis des lustres: de la m... en bâton, et encore, le plus souvent glaireuse.
Bravo et merci, M. Lugan.
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