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lundi 1 mai 2023

L'Afrique Réelle N°161 - Mai 2023

Sommaire

Actualité
La situation au Mali après le départ des forces françaises
Dossier : Afrique : politique d’abord
- Le quadruple problème politique de l’Afrique
- Les raisons de l’échec de sept décennies de « développement »
Dossier : La dénonciation de l’homosexualité, nouvelle arme de mise en accusation du « monde blanc »
- En Afrique, l’homosexualité n’a pas été importée par les Blancs
- La criminalisation de l’homosexualité en Afrique


Editorial de Bernard Lugan

A travers les mesures juridiques « anti-gay » prises par la grande majorité des pays, africains, c’est en réalité à un rejet des « valeurs » occidentales jugées contraires à « l’ordre naturel » que nous assistons.
Ceci étant, l’homosexualité, tant masculine que féminine, était une réalité attestée et parfois même institutionnalisée dans nombre de sociétés traditionnelles africaines. Comme il est démontré dans ce numéro de l’Afrique Réelle, l’Afrique n’a en effet pas attendu l’arrivée des « Blancs » pour en explorer les multiples « facettes ».
Le second dossier de ce numéro est consacré à la question politique qui se pose en Afrique où la transposition de la démocratie individualiste a provoqué le chaos. 
A cet égard, méditons la superbe adresse à l’Occident faite le 18 septembre 1977 devant les Nations Unies par Hassan Gouled, président de la République de Djibouti :
« Notre vérité, à nous peuples du lait et du mouton, vous l’avez trop longtemps ignorée, peuples du blé et de la vigne ; vos concepts ne sont pas les nôtres. Le champ carré de vos idées forme pour nous un même paysage qui s’accorde mal à l’errance de nos troupeaux… » 
Dans les pays de l'hémisphère nord où les sociétés sont individualistes; la vie politique repose sur des convictions communes et sur des programmes politiques transcendant les différences culturelles ou sociales. L'addition des suffrages individuels y fonde la légitimité politique. 
Dans les Afriques, les sociétés étant communautaires, hiérarchisées et solidaires, l'idée de Nation y est donc différente et le principe démocratique du « one man, one vote » y est une impasse.
Le problème politique africain peut être résumé en une grande question : comment éviter que les peuples les plus prolifiques soient, en raison de l’ethno-mathématique électorale, automatiquement détenteurs d’un pouvoir issu de l’addition des suffrages ? 
Tant qu’une réponse n’aura pas été donnée à cette interrogation, les Etats africains seront perçus comme des corps étrangers prédateurs par une large partie de leurs propres « citoyens ». 
En Afrique, trois décennies après le « discours de La Baule » prononcé par François Mitterrand le 20 juin 1990, nous assistons aujourd’hui à un changement de paradigme car la démocratie postulée être le remède aux maux du continent n’y a apporté ni développement économique, ni stabilité politique et encore moins sécurité. Voilà donc pourquoi l’Afrique se tourne peu-à-peu vers des pouvoirs autoritaires, tout en cherchant des modèles et des soutiens ailleurs que parmi les démocraties occidentales.
D’où l’entrée en scène de pays comme la Chine, la Turquie et la Russie.

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