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mercredi 22 mars 2023

mercredi 15 mars 2023

Nouveau livre de Bernard Lugan : On savait vivre aux colonies



Présentation :

Certains noms ont une puissante charge d’évocation. Celui d’Henri Nérac est à ranger parmi les eaux-de-vie et ses aventures sont à déguster comme elles, accompagnées de quelques bons cigares. C’est le standing auquel nous a accoutumés notre gentleman-aventurier dans ce second volume de nouvelles africaines délicieusement incorrectes. Un périple haut en couleur qui conduit le lecteur du Ngorongoro aux rives du Limpopo et de la steppe masaï au pays des mille collines. Dans l’amical des colonies perdues, l’on coudoie tour à tour des empaleurs pygmées, des boys en perruque poudrée, des réprouvés au cuir tanné, des chasseresses de maris blancs et de naïfs coopérants… À travers les romanesques souvenirs de son alter ego, Bernard Lugan nous offre ces pages d’un temps (révolu ou lointain ou oublié, au choix) où les Afriques étaient le « terrain de jeu » de l’homme blanc…

Editions La Nouvelle Librairie

Pour le commander via L'Afrique Réelle :

Livraison

lundi 6 mars 2023

RDC : à travers l’humiliation d’Emmanuel Macron c’est la France qui se fait publiquement humilier

Mais qui sont donc les « cerveaux à nœuds » qui conseillent Emmanuel Macron sur les questions africaines ? La question se pose en effet après l’incroyable incident diplomatique de Kinshasa et l’humiliation subie lors de la pantalonnade de la « marmite » ….

Contrairement à la doxa médiatique, je ne ferai pas au président de la République le reproche de ses déplacements au Gabon et au Congo Brazzaville. Il était en effet urgent de faire un geste en direction de deux pays amis dont les liens traditionnels avec la France se distendent au fur et à mesure du harcèlement judiciaire que certaines ONG mènent contre leurs dirigeants et leurs familles. Au nom du principe des poursuites contre les « Biens mal acquis », c’est en effet à une véritable entreprise de trahison des intérêts politiques français que se livrent ces ONG dont les financements mériteraient d’être scrutés de plus près…
 
C’est au sujet du déplacement en RDC que se pose la question de savoir si les conseillers de l’Elysée ont une connaissance de la situation locale. En effet, pourquoi ont-ils organisé cette rencontre avec la « jeunesse » qui s’est transformée en humiliation pour la France avec l’épisode de la « marmite » ? C’est bien leur incompétence qui a provoqué l’incident diplomatique lié à la ferme mais bien peu diplomatique réponse que le président Macron a été contraint de faire au président Félix Tshisekedi qui venait d’accuser la France.
Or, si ce voyage avait été préparé par des « professionnels », et non par des incapables totalement ignorants du contexte régional et local, ces incidents ne se seraient pas produits. En effet :
 
1) Depuis 1996, directement ou à travers des groupes armés comme le M23, le Rwanda de Paul Kagamé occupe une partie de la RDC, y pille ses richesses et y provoque d’atroces massacres.
 
2) Au nom du génocide de 1994, le Rwanda s’estime au-dessus des lois internationales.
 
3) Or, l’opinion africaine, et notamment celle de la RDC, sait que ce génocide a été provoqué par l’assassinat du président hutu Habyarimana le 6 avril 1994.

4) Cette même opinion africaine considère que le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), ainsi que la justice française, ont établi que ce n’étaient pas les Hutu qui avaient commis cet attentat (voir mon livre Rwanda, un génocide enquestions).

5) L’opinion publique congolaise est donc à vif contre le Rwanda.
 
6) Or, depuis Nicolas Sarkozy, la France a commencé par se coucher sans réagir sous les insultes et les accusations proférées contre elle par le régime de Kigali. Quant à la justice française enquêtant sur l’attentat du 6 avril 1994, elle a rendu des conclusions « insolites » (voir mon livre Rwanda un génocide en questions, ainsi que mon communiqué en date du 15 février 2019 intitulé « Un non-lieu valant accusation).
 
7) Plus encore, toute honte bue, la France n’a cessé de courtiser le régime de Kigali qui n’avait pourtant cessé de la vilipender et qui, provocation ultime  a effacé le français au profit de l’anglais. Or, cela n’a pas empêché le président Macron de faire nommer à la tête de l’Organisation de la Francophonie, une des plus proches du président Kagamé…. A telle enseigne que pour les Congolais, de reniement en reniement et de lâcheté en lâcheté, la France est quasiment considérée comme l’alliée du Rwanda…
 
Et c’est donc dans un pays dont l’opinion est à cran contre le Rwanda et contre tous ceux qui sont, à tort ou à raison, accusés de soutenir ou de fermer les yeux sur ses agissements, que le président Macron pensait naïvement pouvoir exercer la magie du verbe et effectuer un voyage apaisé…
 
Conclusion :
 
Nous le savions déjà, mais la preuve en est une fois de plus donnée, la France n’a plus de politique africaine. Et dans le cas de la RDC, il est inutile de chercher la main cachée de la Russie…

Après le naufrage du voyage présidentiel en RDC, après les gifles reçues en RCA, au Mali et au Burkina Faso, après les graves erreurs politiques faites au Maroc et en Algérie, il est temps que les « petits marquis » qui font la « politique » africaine de la France aillent enfin découvrir le terrain…

mercredi 1 mars 2023

L'Afrique Réelle n°159 - Mars 2023

Sommaire

Numéro spécial :
Comprendre la question du Sahel

Dossier
L’exode des médecins africains

- Comment l’Afrique est vidée de ses médecins
- La paupérisation sanitaire de l’Afrique


Editorial de Bernard Lugan

Après la Centrafrique et le Mali, la France a été « priée » de « quitter » le Burkina Faso. Le cœur même de son « pré-carré » africain se disloquant inexorablement - le Niger sera la prochaine étape -, le temps de désigner les responsables de ce naufrage est venu.

D’autant plus qu’au Sahel, et cela à la différence du Rwanda, les responsables français ne peuvent pas invoquer la méconnaissance du terrain ou le « complot anglo-saxon ». Mais comme il leur faut trouver des causes extérieures à leurs échecs, ici, c’est la présence russe qui leur permet de tenter de s’exonérer de leurs colossales erreurs politiques et sociétales. La Russie n’a eu qu’à compter les coups…

1) Politiquement, la France s’est constamment montrée incapable de s’élever au-dessus de ses a-priori démocratico-philosophiques, s’auto-embourbant dans des postulats philosophiques se voulant universels. Au nom des « nuées » du « vivre ensemble » et de la « bonne gouvernance », elle s’est obstinée à proposer le dialogue et le partage du pouvoir à des populations en rivalité depuis la nuit des temps.

2) Les comportements sociétaux de ses « élites » ont définitivement fait perdre à la France tout prestige et toute considération. En Afrique, les familles sont encore formées de l’union d’hommes et de femmes, le sexe ne s’y choisit pas à la carte selon les pulsions hormonales du moment, les LGBT y sont considérés comme des « étrangetés », et le mariage pour tous y est vu comme une monstruosité. 

Dans ce numéro spécial consacré à la question du Sahel, il est montré que l’échec de la France est politique. En dépit de multiples victoires tactiques remportées par les militaires, à aucun moment, les décideurs politiques français n’ont en effet eu une vision stratégique cohérente. Ignorant superbement l’histoire et les réalités ethniques, ils ont oublié les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ». 

Tout au contraire, ces mêmes responsables français n’ont pas cessé de vouloir imposer des élections, refusant de voir qu’à l'intérieur des artificielles frontières nées de la colonisation, puis de la décolonisation, l’ethno-mathématique électorale donne automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sudistes, ce qui provoque le soulèvement périodique des nordistes... Ils n’ont pas davantage compris que le Sahel est le domaine du temps long où l’affirmation d’une constante islamique radicale est d’abord la surinfection d’une plaie ethno-raciale millénaire.