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jeudi 24 mars 2022

Comment la France est devenue la « colonie de ses colonies »

Migration, immigration, « grand remplacement », « remigration », assimilation et intégration, autant de thèmes et de notions au cœur de l’actuel débat présidentiel qui vont conditionner la vie politique française dans les décennies à venir. Ils illustrent ce basculement ethno-démographique qui fait que, peu à peu,  comme le dit Jean-Luc Mélenchon, la France devient une nation  « créole ».

Or, cet actuel changement de peuple est la conséquence directe de notre aventure coloniale d’hier. Plus de 90% des néo-Français étant des « sujets » ou des descendants de « sujets » de notre ancien empire colonial, la France est donc bien devenue « la colonie de ses colonies » comme le prophétisait Edouard Herriot en 1946.

Il est donc nécessaire et urgent de comprendre pourquoi cette révolution s’est produite. Faute de quoi, à travers les « solutions » que les candidats proposent, et qui se ramènent toutes à l’ « assimilation-intégration », à l’adhésion aux « valeurs de la République » et à la « laïcité », les échecs coloniaux d’hier vont automatiquement et tragiquement se répéter en France. Et comme il ne sera pas possible d’y procéder par amputation territoriale comme l’avait  si dramatiquement fait le général de Gaulle avec l’Algérie, l’avenir s’annonce donc pour le moins  « problématique »…

Mon livre « Colonisation, l’histoire à l’endroit. Comment la France est devenue la colonie de ses colonies » est l’outil permettant d’aborder et de mettre en perspective ces questions devenues existentielles.

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mardi 15 mars 2022

19 mars 1962 : en « célébrant » les « Accords d’Evian » et le « cessez-le-feu », la France va « célébrer » l’épuration ethnique des Européens d’Algérie et le massacre des Harkis

Les 18 et 19 mars 2022, la France va « célébrer » le soixantième anniversaire des « accords d’Evian » et du « cessez-le-feu » en Algérie. La double « célébration » d’un abandon et  d’une tragédie.
Le 18 mars 1962, à 17h 40, le général de Gaulle offrit l’Algérie au FLN alors que l'armée française l’avait emporté sur le terrain. A cette date, 250 000 Algériens servaient sous le drapeau tricolore, soit cinq fois plus que les maquisards de l’intérieur et les membres de l’ALN stationnés en Tunisie ou au Maroc.
Sans la moindre garantie sérieuse, les évènements qui suivirent le démontrèrent tragiquement, plus d’un million d’Européens et plusieurs centaines de milliers de musulmans attachés à la France furent ainsi abandonnés au bon vouloir de l’ennemi d’hier (voir à ce sujet mon livre « Algérie l’Histoire à l’endroit »).
 
Puis, le 8 avril 1962, par un référendum ségrégationniste puisque le pouvoir gaulliste l’avait ouvert aux seuls Français de métropole, les Français d’Algérie, pourtant les premiers concernés, en ayant été écartés (!!!), « les accords d’Evian » furent ratifiés par 90,81% de « oui ».
 
Aujourd’hui, les enfants de ces 90,81% paient à travers le « grand remplacement », l’indifférence, le soulagement, la lâcheté et pour certains, la trahison de leurs parents...

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samedi 12 mars 2022

Mali, les Touareg seuls face à l’Etat islamique

Première conséquence du départ des forces française du Mali, l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) a lancé une puissante entreprise d’élimination des Touareg, notamment les Daoussak, à travers des attaques meurtrières et massives dans la région de Ménaka, notamment à Tamalat, Ichinanane, Anderazmboukane et Ekarfane, des noms qui parleront aux anciens de Barkhane... 

Plusieurs de ces localités ont été prises et des dizaines de civils touareg y ont été purement et simplement « liquidés ». Dans les violents combats, les Touareg ont essuyé de nombreuses pertes, dont plusieurs de leurs chefs militaires.

A travers ces attaques contre les Touareg, l’EIGS cible directement les divers mouvements signataires des Accords d’Alger de 2015, dont le CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et le MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad. En réalité, c’est une guerre contre les Touareg qui vient d’être déclenchée.

La stratégie de l’EIGS est claire : depuis son bastion de la « région des trois frontières », remonter vers le nord pour s’attaquer au cœur de la seule résistance régionale potentielle, à savoir les Touareg. Une fois ces derniers vaincus, plus rien ne s’opposera à une conquête rapide de tout le Mali en raison de l’ « évanescence » de son armée. Et ce ne seront pas les mercenaires russes de « Wagner » qui seront en mesure de s’y opposer, leur principale mission étant de sécuriser la junte au pouvoir.

Désormais, nous allons donc assister à une coagulation défensive ethnique des Touareg avec la concrétisation du rapprochement entre le CMA-MSA et la composante touareg d’Aqmi dirigée par Iyad ag Ghali. Mais également à l’entrée en action de l’Algérie qui ne peut en aucun cas laisser l’EIGS se rapprocher de ses frontières et qui, d’une manière ou d’une autre va être contrainte de s’impliquer militairement.

Une évolution que je n’ai cessé d’annoncer et dont j’explique la genèse dans mon livre « Les Guerres du Sahel des origines à nos jours ».

vendredi 4 mars 2022

Contrairement à ce que prétendent ses dirigeants, l’Algérie n’est pas en mesure de remplacer partiellement la Russie dans la fourniture de gaz à l’UE.

Profitant du lourd contexte géopolitique, l’Algérie prétend pouvoir compenser une partie des volumes de gaz russe en augmentant ses exportations en direction de l’UE via le gazoduc Transmed qui la relie à l’Italie. Un simple effet d’annonce construit car les réserves algériennes s’épuisent et sa production est aux trois-quarts consommée localement.

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mardi 1 mars 2022

L'Afrique Réelle n°147 - Mars 2021

Sommaire

Actualité :
Tunisie : rétablir l’ordre et la confiance avant les voluptueux éthers de la démocratie

Dossier : Libye
- Un pays désertique coupé en trois ensembles
- Une société d’abord tribale
- La guerre contre le colonel Kadhafi (2011) 
- Le chaos (2011-2019)
- Entre guerre et hypothétique recomposition (2019-2022)

Histoire :
Qui était Abd el Kader ?


Editorial de Bernard Lugan

En Tunisie comme en Libye, la transplantation des «principes » démocratiques et des valeurs abstraites postulées universelles de l’Occident, l'ignorance ou même parfois le mépris de l’histoire, ont provoqué le chaos. 

En conséquence de quoi, la Tunisie est aujourd’hui placée devant un choix très clair :
- L’anarchie politique avec l’effondrement socio-économique suivi de la prise de pouvoir par les islamistes.
- Un régime fort capable de rétablir ordre et confiance. 

Avec courage, le président Kaïs Saied a choisi la seconde option. Or,  ceux qui, en 2011, ont provoqué le chaos avec la « révolution du jasmin », mènent actuellement campagne contre lui. Avec naturellement le soutien des médias français et des éternels cocus  de la « bonne gouvernance ».  

En Libye, en dehors d’une nouvelle guerre de tous contre tous, deux options sont possibles :

1) La reconstitution d’un Etat fort, ce qui semble difficile dans un pays historiquement caractérisé par une définition de non-Etat (voir mon livre Histoire de la Libye). Une option qui impliquerait un retour à la situation antérieure avec l’émergence d’un nouveau « colonel Kadhafi ». Dans l’immédiat, aucune personnalité ne semble en mesure de jouer ce rôle. Sauf peut-être Saïf al-Islam, le fils du colonel. Lui seul serait en effet en mesure de reconstituer les anciennes alliances tribales au sein des grandes confédérations de Cyrénaïque, de Tripolitaine et du Fezzan.  

2) La constitution de deux pôles confédérés, donc la reconnaissance officielle de l’éclatement de la Libye. Une telle orientation aurait l’avantage de circonscrire les luttes de pouvoir au sein de deux régions et donc de limiter l’effet domino régional. 

Cependant, le plus important est de voir que  l’avenir de la Libye passe par la recomposition des solidarités tribales détruites par la guerre que Nicolas Sarkozy, bien mal inspiré par BHL, déclencha contre le colonel Kadhafi.

Plus généralement, dans toute l’Afrique, tant au nord qu’au sud du Sahara, la priorité n’est pas économique, même si le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont pour but l’intégration dans l’économie planétaire. Les vrais problèmes du continent sont politiques, institutionnels et sociologiques. Nous sommes en effet devant une  évidence de politique d’abord. Or, nos impératifs universalistes nous empêchent et même nous interdisent de voir l’évidence de la différence car le corps social africain n’est pas celui de l’Europe ou celui de l’Asie. L’approche économique ressemble à celle d’un jardinier qui s’obstinerait à vouloir greffer un prunier sur un palmier et qui s’étonnerait qu’en dépit des montagnes d’engrais déversées, sa greffe ne prenne pas. Sans parler naturellement du postulat démocratique dont le résultat est l’ethno-mathématique électorale, le pouvoir revenant automatiquement aux  ethnies les plus nombreuses.