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mercredi 30 septembre 2020

L'Afrique Réelle N° 130 - Octobre 2020
















Sommaire

Actualité

Barkhane : bilan et perspectives

Dossier : L’Afrique et la mer

- La géopolitique historique de la mer
- Le Périple de la mer Erythrée
- Le monde arabo-swahili

Dossier : Le mensonge de la « colonisation pillage »

- Un Empire ruineux
- Les colonies : un boulet économique


Editorial de Bernard Lugan

Le mensonge de la « colonisation pillage »

Le mensonge de la « colonisation-pillage » repose sur l’idée que ce serait grâce aux colonies que l’Europe se serait enrichie. 
Si ce postulat était vérifié, la richesse se mesurerait alors à l’aune des immensités impériales de jadis. Le Portugal qui n’a décolonisé qu’en 1975, devrait donc être une grande puissance industrielle mondiale et l’Allemagne qui a perdu ses colonies en 1918, une sorte de pays du tiers-monde...
Or, jusqu’à ces dernières années, les pays les plus riches et les plus développés étaient au contraire ceux qui n’avaient jamais eu d’empire colonial, comme les Etats-Unis, la Suède et la Suisse, ou ceux qui avaient eu la « chance » de le perdre « tôt » comme l’Allemagne en 1914-1918 ou la Hollande au lendemain de la seconde guerre mondiale. 
En revanche, la Grande-Bretagne et la France, qui étaient les deux principales puissances coloniales étaient à la traîne. Elles l’étaient car des sommes colossales avaient été dilapidées outre-mer, ce qui avait  freiné la modernisation et la mutation des industries et des équipements métropolitains.

Contrairement à ce que postulait Jules Ferry, les colonies furent, en  effet, loin d’être « une bonne affaire », sauf pour quelques secteurs, le plus souvent moribonds, de l’économie française. 
En France, ce fut un journaliste, Raymond Cartier, qui osa le premier, en 1956, enfreindre le tabou de l'unanimisme colonial en écrivant dans l'hebdomadaire Paris Match :

« La Hollande a perdu ses Indes orientales dans les pires conditions et il a suffi de quelques années pour qu’elle connaisse plus d'activité et de bien-être qu'autrefois. Elle ne serait peut-être pas dans la même situation si, au lieu d'assécher son Zuiderzee et de moderniser ses usines, elle avait dû construire des chemins de fer à Java, couvrir Sumatra de barrages, subventionner les clous de girofle des Moluques et payer des allocations familiales aux polygames de Bornéo. »

Après le second conflit mondial, les colonies étaient devenues à la fois un poids économique insupportable pour les métropoles et un frein à leur redéploiement politique. Voilà pourquoi la décolonisation se fit. 

Dans ses Mémoires d’espoir, le général De Gaulle a posé le problème quand, dans son style si particulier, il parlait à la fois du tonneau des Danaïdes colonial et de l’incompatibilité des cultures :

« En reprenant la direction de la France, j’étais résolu à la dégager des astreintes désormais sans contrepartie que lui imposait son Empire (…) des charges que nous coûtaient nos colonies (…) et de ce qu’il nous fallait dépenser pour entretenir et encadrer (la) vie lente et reléguée (de ses populations) (…) gageure où, pour ne rien gagner nous avions tout à perdre ». (De Gaulle, Mémoires d’espoir, T.I, 1970, p.41). La manière avec laquelle le général de Gaulle donna l'indépendance à l'Algérie est une autre question.

jeudi 10 septembre 2020

jeudi 3 septembre 2020

mercredi 2 septembre 2020

L'Afrique Réelle n°129 - Septembre 2020



























Sommaire
  
Numéro spécial :  
Esclavage, l'histoire à l'endroit

- La véritable histoire de la Traite

Dossier : La Traite arabo-musulmane
- Les esclaves européens
- Les rachats des esclaves européens par les ordres missionnaires
- Le « vivier » sahélien
- La traite arabo-musulmane en Afrique orientale

Dossier : La Traite atlantique
- Les négriers africains partenaires des négriers européens
- La traite atlantique est-elle à l’origine de la richesse de l’Europe ?


Editorial de Bernard Lugan

Ce numéro spécial consacré aux Traites esclavagistes était une nécessité. Le terrorisme pratiqué par ceux qui se sont baptisés « décoloniaux » ou « indigénistes », cache en effet, derrière une volonté de revanche historique relevant peut-être de la psychanalyse, une tentative de prise de pouvoir culturel et idéologique. A travers un prétendu « anti-racisme » reposant sur un puissant racisme anti-Blanc. 

Toute société non frappée de « sida mental » aurait répondu à ce qu’il est difficile de qualifier autrement que de « foutaises », par le sarcasme avantageusement associé au pédagogique rosse-coquin qui, traditionnellement, permettait de remettre de l’ordre chez certains esprits égarés.

Tout au contraire, à deux ou trois exceptions près, journalistes et hommes politiques - RN compris -, rassemblés dans un immense troupeau de couards, se sont couchés devant deux ou trois braillards au casier judiciaire plus que chargé. Tels des lemmings apeurés, ils se sont ainsi faits les suivistes d’une subversion qui les emportera. 
Le monde économique n’est pas en reste. Un des plus clairs symboles de l’aplatissement ayant été donné par la firme l’Oréal dont les actuels dirigeants sont entrés avec fracas dans le club des « baise-cul du fait accompli » en retirant « blanc » et « blanchiment » de la description de leurs produits de beauté. Pensent-ils, les naïfs, que cela suffira à faire oublier le « NOIR » passé d’une maison jadis fondée par l’ « infréquentable » Eugène Schueller, financier, entre autres, de la Cagoule et de Marcel Déat ?

L’actuel terrorisme intellectuel se fait au nom de la dénonciation de la traite négrière. Or, si tous les peuples ont pratiqué l’esclavage, seuls les Blancs l’ont aboli. Une mesure unilatérale imposée ensuite par la colonisation vue comme libératrice par les peuples mis en servitude par leurs « frères » africains et par les esclavagistes arabo-musulmans. L’histoire des Bambara, des Dogon, de tous les peuples de la bande sahélienne et de ceux la cuvette du Congo est éloquente à cet égard. 
Comme selon la formule de Braudel la Traite « n’a pas été une invention diabolique de l’Europe », et comme elle a été abolie il y a deux siècles, elle devrait donc relever de l’histoire. Or, les « décoloniaux » en ont fait une arme politique en la re-écrivant sur la base d’impératifs moraux d’aujourd’hui. Un anachronisme contre lequel tout étudiant en histoire était jadis mis en garde dès la première semaine de sa première année universitaire.
La réalité est que, comme je le démontre dans mon livre Esclavage, l’histoire à l’endroit :
1) La Traite ne fut pas que l’affaire des Européens. Existèrent en effet en la précédant et en lui survivant, et les traites inter-africaines et les traites arabo-musulmanes. 
2) Drame affreux pour les victimes, la Traite fut une source de bénéfice et de puissance pour ceux des Africains qui étaient les fournisseurs des négriers européens, une partie de l’Afrique s’étant enrichie en en vendant l’autre partie. 
3) La traite des esclaves par les Européens eut été impossible sans le concours d’États esclavagistes africains.
4) La richesse de l’Europe ne repose pas sur les profits de l’odieux commerce car l’apport du capital négrier dans la formation du revenu national des nations esclavagistes dépassa rarement la barre de 1%. En moyenne la contribution de la Traite à la formation du capital anglais se situa ainsi annuellement, autour de 0,11%.