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vendredi 30 octobre 2015

L'Afrique Réelle n°71 - Novembre 2015


























Sommaire
  
Actualité :
Algérie : Saïd Bouteflika se prépare-t-il à succéder à son frère ?

Economie :
Afrique : l'impasse économique

Dossier : Islam et islamisme en Afrique sud saharienne
- L'islam africain traditionnel
- Le wahhabisme à la conquête de l'Afrique
- L’islam radical, nouvel horizon révolutionnaire africain
- Pourquoi les Européens sont-ils désarmés face à l’islam révolutionnaire africain ?


Editorial de Bernard Lugan : Fin de règne à Alger

En Algérie, c'est une course pour la survie qui vient d'être engagée par la famille du président Bouteflika. Afin de neutraliser par avance toute contestation du président qu'elle voudrait se choisir, l'armée et les forces de sécurité sont actuellement épurées des cadres qui ne lui ont pas fait allégeance. La longue liste des suspects (voir la page 3 de la revue), vient encore de s'allonger avec la mise à la retraite de 12 généraux et de 2 colonels du DRS (les services spéciaux), ainsi que de 14 colonels de la justice militaire.
Deux hommes exécutent la manoeuvre décidée par Saïd Bouteflika, le frère du président moribond. Le général Gaïd Salah, chef d'état-major et vice-ministre de la Défense est chargé d'épurer l'armée. Le général Tartag a, quant à lui, reçu pour mission de « nettoyer » le DRS de tous ceux qui pourraient avoir conservé des liens avec le général Mediene, leur ancien chef évincé le 13 septembre.

De 1999, date de l'arrivée au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika à 2013, veille de l'actuelle crise pétrolière, l'Algérie a engrangé entre 800 et 1000 milliards de dollars de revenus tirés des hydrocarbures. Où est passée cette somme colossale ? Aucune industrie n'a été créée, aucun véritable développement agricole n'a été entrepris. La rue va donc demander des comptes.
Or, ceux qui ont pillé le pays ont fait un pari : la nomenklatura élargie qui a profité de la manne des hydrocarbures n'a pas intérêt à pousser à la déstabilisation politique dont elle serait la première victime. Elle jouera donc la sécurité en se ralliant à celui que le clan Bouteflika aura désigné. Comme la situation régionale est hautement explosive et que l'Algérie est un maillon essentiel dans la lutte contre le terrorisme, les pays européens n'ont pas davantage intérêt à une explosion de l'Algérie, et c'est pourquoi ils entérineront ce choix.

Il n'est cependant pas certain que cela suffise à empêcher de graves évènements car, en raison de l'effondrement des cours du pétrole, l'Etat n'est plus en mesure d'acheter la paix sociale. 
Pour calmer la rue, le gouvernement a assuré qu'il ne toucherait pas aux subventions et il a construit un projet de budget 2016 basé sur un baril à 45 dollars[1]. Certes, mais selon la Banque mondiale et le FMI, pour éviter la faillite, l'Algérie a besoin d'un baril à plus de 100 dollars...

Les autorités ne cessent de faire remarquer que l'Algérie a déjà connu ce genre de situation, notamment en 1986, mais qu'elle a toujours réussi à se redresser. La comparaison est abusive car, entre 1986 et 2015, la population algérienne ayant doublé il y a  aujourd'hui deux fois plus d'hommes, de femmes et d'enfants à nourrir, à soigner et à vêtir ; or l'Algérie qui ne produit rien, achète tout à l'extérieur... Comment le fera-t-elle dans 18 mois quand ses 150 milliards de réserves de change auront disparu ? En 1986, les importations annuelles n'étaient en effet que de 6 milliards de dollars contre, officiellement, 60 milliards - et peut-être 80 ou 90 milliards - aujourd'hui. Quant aux subventions, elles atteignaient alors 10% du PIB contre plus de 30% aujourd'hui.

[1] Celui de 2015 l'était sur un baril à 60 dollars.

13 commentaires:

  1. Peut etre qu'un jour bernard lugan integrera le fait que les pays européen et de l'otan participe activement et passivement au terrorisme. Et la, sa vision sur l'algerie evoluera. Je rappelle simplement que l'occident a placer sous embargo la republique democratique et populaire algerienne pendant que le terrorisme ravageait le pays, et que l'occident a toujours eu de tres bonne relation avec les petromonarchies promoteur du wahabisme. Je peu aussi citer l'irak et la syrie sans avoir besoin de developper sur les veritables sympathie qu'ont les pays occidentaux envers les republiques arabes. S'il vous plait monsieur lugan, arretez d'acheter vos lunettes chez afflelou maroc.

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    1. Du vrai dans ce que vous dites, mais le DRS a lui-même été terroriste, c'est connu...

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    2. oui et khadafi etait un terroriste, ainsi que saddam hussein, et bachar aussi c'est certains. un peu de serieu.

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    3. Vous n'avez pas totalement tort, les gouvernements occidentaux sont intervenus à tort et à travers partout sous la domination des US.
      L'algérie a été aidée par la France pendant sa lutte contre les islamistes, mais pas de manière officielle, pendant que les US aidaient le FIS....

      Totalement d'accord avec vous sur "nos bonnes relations" avec les dictatures wahhabites car nos gouvernants sont achetés par l'argent du pétrole.

      Le propos de B Lugan est cependant non pas de faire le procès du peuple algérien mais de dénoncer son système de gouvernement qui a détourné et dilapidé les ressources du pétrole.

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    4. Ce qui me parait critiquable dans cette vision (même si je suis d'accord sur le reste) c'est que le FIS a tout de même été démocratiquement élu en 1991. Je suis persuadé (pour m'être beaucoup renseigné sur le sujet) que si on l'avait laissé au pouvoir l'Algérie n'aurait jamais connu de "décennie noire".

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    5. C'est dommage que le FIS n'ait pas pu prendre le pouvoir à ce moment là,
      puisque la Kabylie et les Aurès en auraient ainsi profité pour se désannexer de cette "algérie pré-fabriquée", avec la bénédiction de l'ONU.

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    6. Cessez de vous fixer sur le Maroc et dites nous en quoi Mr Bernard Lugan a tord. Il fait une analyse de la situation politique et sociale que même les médias algériens partagent avec frénésie dans leurs publications. Le Maroc n'est pas à l'origine de tous les malheurs algériens. En quoi il est responsable de la chute des prix des hydrocarbures? en quoi il est mêlé à la lutte fratricide pour la prise du pouvoir en Algérie.

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  2. A force d'être utilisé à tord et à travers, le mot "terroriste" ne signifie plus rien...

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  3. l'Algérie a engrangé entre 800 et 1000 milliards de dollars de revenus tirés des hydrocarbures. Où est passée cette somme colossale ?
    monsieur :moi je te pose une question Ou est passée votre arguments pour cette somme colossale ? soit logique monsieur Barnard.

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    1. Cela vous dérange que l'on cite le gaspillage Algérien ?

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  4. Une des conséquences possibles (probable ?) de l'effondrement économique quelques mois ou années après l'épuisement des réserves de changes (donc de la capacité à importer des biens de consommation et donc de la crise économique et sociale qui arrivera) est le départ massif de jeunes algériens de leur pays. Destination l'Europe, éventuellement par bateaux depuis la Tunisie ou la Libye. Après le million (en attendant les autres) de Syriens en Allemagne, le million d'Algériens additionnel en Italie et en France ?

    Un "Camp des Saints" 45 ans après le roman éponyme, en 2018 ? Une hypothèse qui pourrait conduire à une quasi-guerre civile en France et à des tensions internationales extrêmes.

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    1. Hypothèse envisageable.
      La guerre civile sera inévitable, elle est déjà en cours dans de nombreux quartier ou l'état préfère fermer les yeux ...

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    2. "La guerre civile sera inévitable..." : elle va finir par être souhaitable
      C. Monge

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