En
Algérie, les récents limogeages opérés à la tête de l'armée et des services
spéciaux ont une explication: le pays n'est plus gouverné par le président Abdelaziz
Bouteflika, mais par Saïd, son frère.
Enseveli
sous de très graves affaires de corruption, ce dernier sait qu'il ira dormir en
prison au lendemain de la mort clinique de son aîné s'il ne s'est pas auparavant
taillé un pouvoir à sa main. Or le temps presse puisque, depuis sa réélection
le 17 avril 2015, Abdelaziz Bouteflika n'a assisté à aucune cérémonie officielle en raison de son état de
santé...
Voilà
pourquoi le général "Toufik" Mediene qui avait osé dénoncer les
trafics de "Monsieur frère" vient d'être remplacé à la tête de la DRS
(le contre-espionnage) par le général Bachir Tartag. Quand des nominations
officielles à des postes importants sont décidées, elles sont normalement
annoncées par l'APS (Algérie Presse Service), l'agence de presse officielle;
dans le cas présent, ce fut par d'obscurs canaux... remontant directement à Saïd
Bouteflika.
Ce
remplacement intervient après plusieurs autres, dont ceux du général M'Henna
Djebbar, chef de la direction de la sécurité de l'Armée, du général Rachid
Laalali, chef de la DSE (Direction de la sécurité extérieure), du général
Ahmed Bousteila, chef de la gendarmerie etc. Tous au profit du général Ahmed
Gaïd Salah, chef d'Etat-major et vice-ministre de la Défense, né en 1940.
L'alliance
avec l'Etat-major a donc permis à Saïd Bouteflika d'écarter le très puissant général
Mediene. Est-elle pour autant un gage de survie? Il est permis d'en douter.
Si
parmi les hauts cadres de l'Odjak, ceux qui ont des comptes à rendre à la
Justice devraient lui rester fidèles, la loyauté des autres est incertaine. Lesquels
parmi les généraux, notamment chez les nouvellement promus, voudront en effet apparaître
liés aux profiteurs du régime quand la rue grondera dans un dramatique contexte
économique et social aggravé par l'effondrement du prix des hydrocarbures[2] ?
Dans
la course contre la montre engagée par Saïd Bouteflika, trois grandes hypothèses
se dégagent:
1) Saïd
Bouteflika et l'Etat-major s'entendent pour installer un homme de paille au
pouvoir.
2) L'Odjak se refait une "vertu" à bon compte en donnant la tête de Saïd
Bouteflika au peuple avant de placer l'un des siens aux commandes.
3) Prenant tout le monde de vitesse, "Monsieur frère" s'empare
directement du pouvoir...
Une
situation à suivre, mais qui interdit de fonder une politique sécuritaire
régionale sur l'Algérie.
Bernard Lugan
19/09/2015
[1] Commandement des Janissaires. Lire ici l'Etat-major de l'armée.
19/09/2015
[1] Commandement des Janissaires. Lire ici l'Etat-major de l'armée.
[2] Voir à ce sujet les dossiers consacrés à cette question dans les numéros de
mai, de juillet et d'août 2015 de
l'Afrique Réelle. Le numéro du mois d'octobre y reviendra en l'actualisant.
Pour avoir vécu pendant cinq ans dans ce magnifique pays, j'en connais toute la subtilité des rouages de l'État que les Européens, même bien informés sont loin de comprendre. Votre analyse est bonne...
RépondreSupprimerBonsoir, je suis un lycéen qui s'interesse à l'Algérie, sur tous les plans: sociétal, culturel, économique et historique.
SupprimerAuriez-vous des ouvrages à me conseiller ? Merci bien !
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SupprimerLecteuroccaz bonjour. Je te conseille de lire les revues Africaines. Ces revues peuvent t'envoyer vers d'autres ouvrages. Tu les trouveras dans le site https://www.algerie-ancienne.com/livres/Revue/revue.htm
SupprimerTu peux lire aussi les livres d'Albert Camus qui parlent de l'Algérie tels que L'envers et l'endroit, Noces, l'été, chroniques Algériennes, misères de la Kabylie.
Amicalement, Mounir
monsieur votre analyse est loin d’être bonne;car si vous déposer des arguments tangible ,envoi que les algériennes sont souder plus a jamais a son ETAT .MERCI .
RépondreSupprimerque des babillages pour agoniser de plus le pays et le mettre en feu.En amarre de l'ingerence de la France.
RépondreSupprimerComme on dit:Le linge sale se lave en famille.