Philippe Meunier, député du Rhône, Secrétaire de la
commission Défense rentre d'une mission parlementaire en RCA effectuée le 17
février dernier. L'Afrique Réelle lui a demandé un point de situation au
moment où les organisations humanitaires parlent d'une "épuration"
des musulmans par les chrétiens.
Quelle est aujourd'hui la situation sécuritaire
à Bangui ?
Philippe Meunier : Une sécurité précaire est revenue à Bangui grâce et
uniquement à la présence de nos militaires français, même si certains groupes sous
couvert d'anti balakas commettent des délits. La tension reste néanmoins
palpable et des incidents peuvent éclater à tout moment.
A lire les médias, ce sont les chrétiens qui
massacrent les musulmans alors que pendant un an, ces derniers les
martyrisèrent. Avez-vous pu mesurer le degré de haine entre les communautés?
Pourquoi les chrétiens en veulent-ils à ce point aux musulmans ?
Philippe Meunier : Les islamistes du Seleka, avec la complicité de leurs
collaborateurs, ont procédé à Bangui et dans l'ensemble du pays à des massacres
sans nom des mois durant à l'encontre des chrétiens. Conséquence de ces viols
et massacres de masse, les chrétiens ne veulent et ne peuvent plus aujourd'hui
vivre avec et aux côtés des musulmans.
La présence de l'armée française qui procède au
désarmement des anti balaka ne risque
t'elle pas d'entraîner une incompréhension de la part des chrétiens qui se sont
rebellés contre les crimes des islamistes du Seleka ?
Philippe Meunier : Le risque est grand en effet, si ceux qui ont collaboré
sous l'occupation du Seleka ne sont pas jugés et condamnées sévèrement.
Les condamnations de ceux qui ont collaboré avec les islamistes du Seleka doivent donc être
effectives sinon l'amalgame se fera avec la communauté musulmane, des innocents
périront et nos soldats se retrouveront au milieu de ces règlements de compte.
Quand l'armée française pourra-t-elle se déployer
dans l'intérieur du pays où le Seleka continue à massacrer les chrétiens ?
Philippe Meunier : Quand la communauté internationale aura envoyé des
forces de police pour assurer la sécurité à Bangui en lieu et place de nos
soldats.
Nos soldats ont-ils le matériel adéquat ? La
diminution des effectifs de l'armée française ne freine t-elle pas la mission
sur place en RCA ?
Philippe Meunier : Notre armée a ressorti ses vieux P4 et camions
militaires. Heureusement que les miliciens du Seleka ne visent pas juste avec
leurs RPG 7 ... La diminution des effectifs de nos armées a évidemment des
conséquences sur le nombre de soldats présents sur zone. C'est la raison pour
laquelle d'ailleurs le Seleka continue ses exactions dans le reste du pays.
Quant au renforcement de nos forces par des unités provenant de l'Europe, je ne
souhaite même pas en parler...
Si nos troupes quittaient la RCA, que se
passerait-il ?
Philippe Meunier : Si nos troupes quittent la RCA c'est un génocide assuré
à l'encontre de l'ensemble des communautés présentes sur ce territoire.
Plus généralement, faut-il repenser nos
implantations militaires en Afrique et pourquoi, au moment où l'on nous annonce
encore d'autres coupes budgétaires ?
Philippe Meunier : Il faut renforcer nos bases en Afrique équatoriale.
L'islamisme progresse en direction du Sud et menace directement l'ensemble de
la francophonie. La France et les Etats francophones doivent se préparer
militairement à de futurs combats pour s'opposer à cette progression.
Malheureusement, F.Hollande fait le contraire en diminuant plus encore le
budget de nos armées et les effectifs de nos bases prépositionnées. Il est vrai
que l'on ne peut pas accorder la CMU, l'aide médicale d'Etat et un milliard par
an aux intermittents du spectacle et en même temps assurer pour nos Armées un
budget décent...
Bonjour,
RépondreSupprimerTravaillant sur cette crise depuis des mois et m'y trouvant pour une plus longue durée que celle de sa visite éclair, je trouve les réponses de M. Meunier à la fois caricaturales et biaisées. Elles relèvent plus de la désinformation que du compte-rendu honnête que l'on est en droit d'espérer de la part d'un responsable de ce niveau. Je relève entre autres les points suivants:
- "grâce uniquement aux militaires français": il y a beaucoup à dire sur les déficiences de la MISCA mais, à tout le moins, elle apporte quelques milliers d'hommes qui évitent à Sangaris d'être fixée à Bangui et lui permettent d'étendre peu à peu les zones sécurisées. De plus, la qualité du travail des bataillons burundais et rwandais, pour ne citer qu'eux, est unanimement reconnue par TOUS.
- "islamistes du Seleka": factuellement et totalement faux, amalgame grossier qui, au lieu d'être repris dans la question suivante, n'aurait pas dû rester sans correction de la part d'un spécialiste de l'Afrique tel que M. Lugan. Par contre, il est correct de dire que la zone d'action des groupes islamistes armés s'étend aussi vers le sud, de même que celle des imans radicaux.
- "Seleka continue ses exactions dans le reste du pays": intéressant résumé de situation à l'heure où le général Soriano, commandant la force Sangaris, a dénoncé les anti-balaka comme étant actuellement la plus dangereuse menace sur la sécurité des populations. Mêler le vrai et le mensonge par omission, bel exemple de désinformation.
- le meilleur pour la fin: "un génocide assuré à l'encontre de l'ensemble des communautés présentes sur ce territoire": le premier génocide mutuel auquel toutes les communautés locales auront participé. A part peut-être la 1ère guerre mondiale en Europe ... Une fois encore, factuellement et juridiquement faux en ce sens qu'il n'y a pas de plan concerté par aucun groupe pour exterminer complètement l'autre. Par contre, il est juste de dire qu'il y a un phénomène de nettoyage ethnico-religieux en cours, sachant que les clivages religieux se superposent en général (mais pas systématiquement) à des appartenances ethniques différentes. Et il est tout aussi juste de dire que certaines localités, certes trop rares, ont su rester unies et refuser de s'entretuer sur base religieuse.
Enfin, l'interview ne fait aucune référence au contexte global de la crise actuelle, trouvant ses racines dans des décennies d'instabilité et d'absence de gouvernance de la part des soi-disant élites centrafricaines, pendant lesquelles les groupes ethniques se sont succédés et successivement exclus du pouvoir à Bangui, où le pays a été exploité et non développé, et où ce dernier aspect a surtout été la règle pour le nord-est pauvre, peu peuplé par d'autres ethnies que le sud et, en plus, musulman.
Un dernier point. Il se trouve qu'en plus la majorité des activités commerciales étaient assurées par des musulmans. Il est toujours plus "acceptable" de tuer son créditeur pour des raisons religieuses que pour des raisons financières.
D. LIGOT
Si la France n'avait pas fermé ses deux bases en Centrafrique dans les années 1990, nous n'en serions pas là.
RépondreSupprimerNotre armée tombé en ruine avec les coupes Sarkozy et Hollande mais il faut bien de l'argent pour faire venir toute l'Afrique chez nous.
Supprimer"c'est un génocide assuré à l'encontre de l'ensemble des communautés présentes sur ce territoire" ???
RépondreSupprimerCela ne veut absolument rien dire...
je suis admiratif de voir un homme capable de nous faire une synthèse aussi approximative de la situation en RCA après 24 heures de visite. Mais ceci explique probablement cela.
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