En 1991, le IVème sommet de la Francophonie initialement prévu à Kinshasa fut
finalement déplacé à Paris en raison des
problèmes que connaissait alors le Zaïre. Depuis, redevenu la RDC, ce pays n’a
cessé de s’enfoncer dans le néant. C’est pourquoi il est insolite que s’y
tienne le XIVème sommet des Etats francophones ; d’autant plus que le climat
s’y est considérablement tendu ces derniers jours, tant en raison des appels à
manifester lancés par l’opposition, que par la détérioration des relations avec
la France. Au cœur du contentieux se trouve la réélection du président Kabila en
2011, scrutin contesté en raison de nombreuses fraudes constatées par les
observateurs de l’Union européenne.
Ce sommet est important pour le président congolais, personnage effacé
et même falot qui compte sur lui pour s’imposer sur la scène régionale face aux
trois « géants » que sont les présidents Dos Santos d’Angola,
Museveni d’Ouganda et Kagamé du Rwanda. Or, à quelques heures de l’ouverture, et
semblant ignorer les règles les plus élémentaires du savoir-vivre africain, François
Hollande a humilié son hôte en dénonçant publiquement les violations des droits
de l’homme commises dans son pays. Le président Kabila s’attendait certes à
devoir essuyer des reproches de la part du président français, mais il pensait
que ce dernier attendrait pour les exprimer la réunion à huis clos qui réunira
la vingtaine chefs d’Etat annoncés et lors de laquelle seront abordées la
question du Mali et la situation dans l’est de la RDC. Les partisans du
président Kabila feront certes bonne figure au chef de l’Etat français, mais
ils ne lui pardonneront pas cet affront.
D’autant plus que l’Union pour la
démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de l’opposant Etienne
Tshisekedi, aujourd’hui âgé de 80 ans, veut profiter de l’occasion pour
dénoncer la « mascarade électorale » de 2011 et que, dans l’entourage
de François Hollande, certains s’activent depuis des semaines pour organiser
une rencontre entre les deux hommes. Ainsi encouragés, les opposants vont
immanquablement descendre dans la rue. Aussi, pour ne pas voir « son »
sommet gâché par des manifestations, le président Kabila va donc donner des
consignes de fermeté aux forces de l’ordre, ce qui risque de déboucher sur de
véritables émeutes.
Au-delà de ce sommet dont le faste est égal à
l’inutilité, quelle est encore la place de la France dans l’Afrique sud
saharienne ?
Le mythe de la « françafrique » qui
a la vie dure continue à être entretenu par des groupuscules ou des ONG dont il
constitue le fonds de commerce. Or, les relations entre la France et l’Afrique ont considérablement
changé depuis que la première n’est plus qu’une entité au sein de l’Union
européenne, ce qui, par la force des choses, a enterré le bilatéralisme. La
présence française en Afrique sud saharienne a évolué dans tous les domaines :
- De moins en moins d’expatriés y vivent, les évènements du Congo
Brazzaville d’abord, ceux de Centrafrique et du Tchad ensuite et enfin ceux de
Côte d’Ivoire, ayant eu pour conséquence le départ de la plupart d’entre eux.
Aujourd’hui, 50% des ressortissants français vivant en Afrique sont des binationaux.
- Contrairement à ce qui est affirmé par les héritiers du
tiers-mondisme, l’Afrique sud saharienne
ne représente plus qu’entre 2 et 3% du commerce extérieur de la France. A eux
seuls, les trois pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) ont un poids égal
au reste du continent.
- Les implantations françaises ne sont plus les mêmes qu’il y a une
décennie. C’est ainsi que les parts de marché de la France dans la zone CFA
sont tombées à moins de 20%. Cette fameuse zone présentée par certains comme étant
une rente pour la France, commerce donc pour près de 80% avec d’autres pays
qu’elle. Pour la France, le Maroc est à lui seul un partenaire commercial plus
important que toute la zone franc.
- La France n’a plus de « chasses gardées » en Afrique. Ainsi, le
Gabon, sur lequel tant d’inepties ne cessent d’être colportées, n’était-il en
2010 que son 74° partenaire commercial. Avec moins d’un milliard d’euros
d’échanges cumulés, il ne fournissait que 0,1% de toutes les importations
françaises et 0,5% de ses besoins pétroliers.
- Les trois premiers partenaires commerciaux de la France en Afrique sud
saharienne n’ont jamais fait partie de son empire colonial puisqu’il s’agit de
la République sud-Africaine, du Nigeria et de l’Angola avec lesquels Paris a un
volume d’échanges plus important qu’avec toute la zone franc.
- Militairement, la France n’est plus le gendarme de l’Afrique. Ses
effectifs au sud du Sahara qui étaient de 30 000 hommes en 1960, de
11 000 en 2006, n’étaient plus que de l’ordre de 5000 en 2009, stationnés
sur ses trois dernières bases, à savoir 2900 hommes à Djibouti, 1150 à Dakar et
800 au Gabon. Depuis, plusieurs implantations ont été fermées, notamment en
Côte d’Ivoire. La France est cependant toujours présente dans le cadre de
missions ponctuelles d’assistance ou d’intervention.
Bernard Lugan
11/10/12
Intéressant comme toujours !! merci monsieur Lugan
RépondreSupprimerCher Monsieur Lugan,
RépondreSupprimerJ'apprecie la veracite de vos propos et surtout la pertinence de cette analyse comme toutes les autres d'ailleurs. Je suis un de vos fideles lecteurs car j'ai lu presque tous vos livres et je suis abonne a l'Afrique Reelle. Cependant permettez-moi de remettre en cause votre analyse.
Nonobstant le fait que scientifiquement, il eut ete plus correct de citer vos sources notamment ceux relatifs aux echanges commerciaux de la zone franc et des bases militaires.
Vous dites, dans le point 3, que la zone franc n'est pas la rente de la France. A ce niveau je ne suis pas du tout d'accord car si tel etait le cas pourquoi la France s'est precipitee a detruire l'homme qui eut l'ingenieuse idee de creer une monnaie unique pour tout le continent africain? Si vous lisez cet article sur les vrais raisons de la guerre en Libye (http://www.pougala.org/10330_Les_Mensonges_de_la_Guerre_de_l_Occident_contre_la_Libye.doc) vous vous rendrez compte que la France avait tout interet a intervenir en Libye.
Aussi, vous avez aussi oublie de mentionner que grace a la monnaie CFA (Colonies Francaises d'Afrique), la France controlle le budget de tous les pays qui l'utilisent a savoir 17 pays africains sur environ 55! Pouvez-vous me citer uune ancienne puissance coloniale qui excerce un tel cynisme financier? Si la zone CFA ne representait donc rien du tout, pourquoi ne pas la decoloniser donc? Le franc CFA est une monnaie savamment pensee par le general de Gaule depuis 1945 pour controler tous les pays francophones d'Afrique.
Enfin, vous dites que les 3 premiers partenaires commerciaux de la France en Afrique sub-saherienne sont la République sud-Africaine, le Nigeria et l’Angola. Vous avez oublie aussi oublie de mentionner que ces pays, a la difference des pays de la zone franc, controllent leurs propres monnaies et donc leur propre avenir. Comment pouvez-vous donc vous developper si vous ne controllez pas votre monnaie? C'est tout simplement impossible!
Exact la France contrôle toute la Zone cfa,elle détient au minimun 50% des recettesde ces pays,voir plus de 90% à ceraines périodes pour le CongoBrazzaville qui sont directement transférées à la banque de France avec la bénédiction de ses Francs Maçons de dirigeants.Sans compter les matières première qu'elle vole,biensûr celà n'apparaît pas dans les comptes officiels lisibles par tous.
RépondreSupprimerEt puis la Françophonie là,faut arrêter avec ça,ça ne sert tristement à rien franchement faut arrêter,faut que les pays africains francophones cessent avec ce néocolonialisme,la France est francophone quand ça l'arrange.
Que la France dégage du continent,qu'on abolise ce Franc coloniale dont la France selon De Gaulle est la vraie bénificiaire franchement,tous les pays francophones sont à la traine par rapport aux anglophones ça peut plus durer.
L'aide au développement hypocrite là je ne sais quoi y'a pas besoin,que la banque de France rende l'argent de ces pays qu'elle fructifie sur les marchés
Les solutions ont les connaît,mais l'occident dirigante,ainsi que ces oligarques francs maconnes n'ont pas interêt qu,on les applique
Faut stopper cette colonisation mentale,qui passe assez habilement par la francophonie là,qui ne sert qu'à la France qu'à mésurer son influence,faut reléguer cette langue au second plan