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mardi 7 août 2012

L'Afrique Réelle N°32 - Août 2012


























Sommaire :

Acutalité :
Mayotte : une nouvelle Région Ultrapériphérique de l'Europe

Dossier : La région interlacustre
- Une région à la forte personnalité
- La géopolitique de la région interlacustre
- La nouvelle guerre du Kivu

Conférence : 
Les conflits de la zone saharo-sahélienne

Histoire :
Algérie : Comment l'Armée des frontières a pris le pouvoir en 1962

Editorial de Bernard Lugan :

Le continent africain connaît actuellement une situation particulièrement agitée avec trois principaux points chauds : Libye, Mali et RDC. Le président tchadien Idriss Déby Itno avait mis en garde Nicolas Sarkozy, ce dernier s’apprêtant à déclencher une intervention militaire contre le régime du colonel Kadhafi. Il ne fut hélas pas écouté. Aujourd’hui, son analyse de la situation libyenne tombe comme un couperet : « Quand je regarde l’état actuel de la Libye, où chaque localité est gouvernée sur une base tribale par des milices surarmées ou par ce qu’il reste des forces fidèles à Kadhafi, notamment aux frontières sud et ouest, ma crainte a un nom : la somalisation ». Entretien à Jeune Afrique, 15 juillet 2012.
Au sujet du Mali, j’écrivais dans mon éditorial du mois de juillet dernier : « II n’existe pas d’autre solution que locale et passant par un appui direct donné aux Touaregs, seuls capables de lutter contre les bandes islamistes en zone désertique. En échange d’une telle aide, il leur serait demandé de renoncer à leur idée d’indépendance au profit d’une très large autonomie ».
Le président Déby qui partage la même analyse fait des recommandations pleines de bon sens : « Il faut sauver les Touaregs du MNLA avec qui on peut discuter et qui sont en train de se faire engloutir par les islamistes, et négocier avec eux une sortie de crise qui ne soit pas une partition du Mali. Et il faut combattre les terroristes avec une force suffisamment dissuasive ». Entretien à Jeune Afrique, 15 juillet 2012.
En RDC, le coeur du problème est que le président Kabila semble s’être décidé à reprendre le contrôle de la partie est de son immense pays devenue un quasi protectorat rwandais depuis 1996. C’est pour l’en empêcher que le Rwanda a instrumentalisé le M23, milice tutsi locale dirigée par le « général » Bosco Ntaganda, un criminel selon la Cour pénale internationale (CPI), et par le colonel Sultani Makenga.
Longtemps paralysé par Kigali qui jouait avec habileté la « carte génocidaire », le président congolais est aujourd’hui plus libre de ses mouvements, les inconditionnels alliés américains du président Kagamé semblant en effet moins bien disposés à son égard en raison de sa politique au Kivu. Washington vient même de supprimer des crédits destinés à la création d’une école d’officiers.
Le problème pour le Rwanda est qu’il ne peut pas renoncer à l’est de la RDC car sa prospérité est bâtie sur le pillage de ses richesses. Les options sont au nombre de trois :

1) Le Rwanda continue à piller la RDC. Il se met alors à dos son protecteur américain et se retrouve isolé.
2) Il tente de neutraliser d’une manière ou d’une autre le président Kabila.
3) Il propose de partager les richesses de l’est de la RDC avec Kinshasa en échange du rétablissement théorique de la souveraineté congolaise sur la région. Cette option pourrait être acceptée par le président Kabila mais l’opinion congolaise et l’opposition qui détestent les Tutsi la refusent.

Les crises ne sont pas limitées à la Libye, au Mali et à la RDC puisque des incidents ethniques continuels se produisent dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, notamment dans la région de Duékoué entre indigènes Guéré et immigrés malinké. De graves évènements se produisent aussi plus au sud, près de la frontière avec le Liberia où la situation ne cesse de se dégrader.
Les tensions sont également incessantes dans le nord du Nigeria où les chrétiens sont les victimes d’attentats de plus en plus nombreux, entre les deux Soudan (voir le dossier de l’Afrique Réelle de mai 2012) et au Darfour.

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